Œuvres complètes de Buffon, éd. Lanessan/Histoire naturelle des oiseaux/Le tangara diable-enrhumé

Texte établi par J.-L. de LanessanA. Le Vasseur (Tome VI, Histoire naturelle des oiseauxp. 248-249).

LE TANGARA DIABLE-ENRHUMÉ[1]

Première espèce moyenne.

C’est le nom que les créoles de Cayenne donnent à cet oiseau[NdÉ 1], dont le plumage est mélangé de bleu, de jaune et de noir, et dont le dessus et les côtés de la tête, la gorge, le cou et le croupion, la partie antérieure du dos, sont noirs, sans aucune teinte de bleu ; les petites couvertures des ailes sont cependant d’une belle couleur d’aigue-marine, et prennent au sommet de l’aile une teinte violette ; le dernier rang de ces petites couvertures est noir terminé de bleu-violet, les pennes des ailes sont noires, les grandes (la première exceptée) sont bordées extérieurement de vert jusqu’à environ la moitié de leur longueur ; les grandes couvertures sont noires, bordées extérieurement de bleu-violet ; les pennes de la queue sont noires, bordées légèrement à l’extérieur de bleu-violet jusque auprès de l’extrémité ; la première penne de chaque côté n’a pas cette bordure : elles sont toutes grises en dessous ; une légère couleur jaune couvre la poitrine et le ventre, dont les côtés, ainsi que les couvertures des jambes, sont semés de plumes noires terminées de bleu-violet et de quelques plumes jaunâtres tachetées de noir.

Nous avons cru devoir donner la description exacte des couleurs prises sur l’oiseau vivant, parce qu’elles sont différentes de celles de la planche enluminée, no 290, fig. 2, qui n’a été peinte que d’après un oiseau mort ; on lui a donné dans cette place la dénomination de tangara tacheté de Cayenne.

Sa longueur totale est de cinq pouces et demi ; le bec a six lignes de long ; la queue, un pouce dix lignes : elle dépasse les ailes pliées d’un pouce.

On le trouve à la Guyane, où il n’est pas commun, et nous ne savons rien du tout de ses habitudes naturelles.

M. Brisson a pensé que cet oiseau était le même que le teoauhtototl de Fernandez ; mais Fernandez dit seulement que cet oiseau est environ de la grandeur d’un moineau, qu’il a le bec court, le dessus du corps bleu, et le dessous d’un blanc jaunâtre avec les ailes noires. Il n’est guère possible, d’après une description aussi incomplète, de décider si le teoauhtototl est le même oiseau que le diable-enrhumé. Au reste, Fernandez ajoute que le teoauhtototl vit dans les campagnes et sur les montagnes de Tetzocan au Mexique, qu’il est bon à manger, qu’il n’a pas un chant agréable, et qu’on ne le nourrit pas dans les maisons[2].


Notes de l’auteur
  1. « Tangara supernè splendidè nigra, infernè albo-flavicans, lateralibus nigro et cæruleo maculatis ; capite, collo inferiore, pectore et uropygio cæruleis ; rectricibus splendidè nigris… Tangara Cayanensis cærulea. » Brisson, Ornithol., t. III, p. 6. — Black and blue titmouse, etc. Mésange noire et bleue. Edw., Glan., p. 292, avec une bonne figure coloriée, planche 350.
  2. Fernandez, Hist. nov. Hisp., p. 52, cap. 198.
Notes de l’éditeur
  1. Tanagra mexicana L. [Note de Wikisource : actuellement Tangara mexicana Linnæus, vulgairement calliste diable-enrhumé].