Œuvres complètes de Buffon, éd. Lanessan/Histoire naturelle des oiseaux/Le rolle de la Chine

Texte établi par J.-L. de LanessanA. Le Vasseur (Tome V, Histoire naturelle des oiseauxp. 603-604).

LE ROLLE DE LA CHINE[NdÉ 1]

Il est vrai que cet oiseau a les narines découvertes comme les rolliers, et le bec fait à peu près comme eux ; mais ces traits de ressemblance sont-ils assez décisifs pour qu’on ait dû le ranger parmi les rolliers ? et ne sont-ils pas contre-balancés par des différences plus considérables et plus multipliées, soit dans les dimensions des pieds, que le rolle de la Chine a plus longs, soit dans les dimensions des ailes, qu’il a plus courtes, et composées d’ailleurs d’un moindre nombre de pennes, et de pennes autrement proportionnées[1], soit dans la forme de la queue, qu’il a étagée, soit enfin dans la forme de la huppe, qui est une véritable huppe de geai, et tout à fait semblable à celle du geai bleu de Canada ? C’est d’après ces différences, et surtout celle de la longueur des ailes, dont l’influence ne doit pas être médiocre sur les habitudes d’un oiseau, que je me suis cru en droit de séparer des rolliers le rolle de la Chine, et de le placer entre cette espèce et celle du geai, d’autant que presque toutes les disparités qui l’éloignent des rolliers semblent le rapprocher des geais ; car, indépendamment de la huppe dont j’ai parlé, on sait que les geais ont aussi les pieds plus longs que les rolliers, les ailes plus courtes, les pennes de l’aile proportionnées comme dans le rolle de la Chine, et que plusieurs enfin ont la queue étagée, tels que le geai bleu de Canada, le geai brun du même pays, et le geai de la Chine.


Notes de Buffon
  1. Dans le rolle de la Chine, l’aile est composée de dix-huit pennes, dont la première est très courte, et dont la cinquième est la plus longue de toutes, comme dans le geai ; tandis que dans le rollier l’aile est composée de vingt-trois pennes, dont la seconde est la plus longue de toutes.
Notes de l’éditeur
  1. Coracias sinensis L. [Note de Wikisource : actuellement Cissa chinensis Boddaert, vulgairement pirolle verte ou pirolle de Chine]. — « Le Coracias sinensis ou Rolle de la Chine se rapproche, par son bec échancré, soit des Merles, soit des Pies grièches. » (Cuv.)