Œuvres complètes de Buffon, éd. Lanessan/Histoire naturelle des oiseaux/Le passe-vert

Texte établi par J.-L. de LanessanA. Le Vasseur (Tome VI, Histoire naturelle des oiseauxp. 250-251).

LE PASSE-VERT[1]

Troisième espèce moyenne.

Nous avons déjà donné cet oiseau[NdÉ 1], sous ce même nom de passe-vert, dans ce volume, page 118 ; et on l’a représenté dans la planche enluminée, no 291, fig. 2, sous la dénomination de moineau à tête rousse de Cayenne ; c’est cette dénomination qui nous a induits en erreur, et qui nous a fait joindre mal à propos cet oiseau au genre des moineaux, tandis qu’il appartient à celui des tangaras : c’est le mâle de l’espèce ; la femelle est représentée dans la planche enluminée, no 290, fig. 1, sous la dénomination de tangara à tête rousse ; ainsi je ne m’étais trompé que pour le mâle, dont voici la description plus détaillée pour les couleurs, quoique la planche les représente assez fidèlement ; mais c’est pour faire connaître ici la différence de couleurs entre le mâle et la femelle.

La partie supérieure de la tête est rousse ; le dessus du cou, le bas du dos et le croupion sont d’un jaune pâle doré, brillant comme de la soie crue, et dans lequel on aperçoit, selon certains jours, une légère teinte de vert ; les côtés de la tête sont noirs ; la partie supérieure du dos, les plumes scapulaires, les petites couvertures supérieures des ailes et celles de la queue sont vertes.

La gorge est d’un gris bleu ; le reste du dessous du corps brille d’un mélange confus de jaune pâle doré, de roux et de gris bleu, et chacune de ces couleurs devient la dominante, selon les différents jours auxquels l’oiseau est exposé ; les pennes des ailes et de la queue sont brunes, avec une bordure plus ou moins large d’un vert doré[2].

La femelle diffère du mâle en ce qu’elle a le dessus du corps vert, et le dessous d’un jaune obscur avec quelques reflets verdâtres.

Ces oiseaux sont très communs à Cayenne, où les créoles leur ont donné le nom de dauphinois, que nous eussions adopté si nous n’avions employé précédemment celui de passe-vert, croyant que cet oiseau était un moineau ou passereau vert ; il n’habite que les lieux découverts et s’approche même des habitations ; il se nourrit de fruits et pique les bananes et les goyaves, qu’il détruit en grande quantité ; il dévaste aussi les champs de riz dans le temps de la maturité ; le mâle et la femelle se suivent ordinairement, mais ils ne volent pas par troupes, seulement on les trouve quelquefois en nombre dans les rizières. Ils n’ont ni chant ni ramage, mais un cri bref et aigu.


Notes de l’auteur
  1. Acanthis amethystina leucocephalos. Serin ou sauteur. Barrère, Franc. équinox., p. 121. — « Tangara supernè viridis, infernè rufo, grisco-cæruleo et pallidè luteo-aureo confuse mixta ; vertice rufo ; genis nigris ; collo superiore et uropygio pallidè luteo aureis, rectricibus lateralibus interiùs supernè nigricantibus… Tangara Cayenensis viridis. » Brisson, Ornithol., t. III, p. 21.
  2. Dans quelques individus, le roux du sommet de la tête descend beaucoup plus bas sur le cou ; dans d’autres, cette couleur s’étend d’une part sur la poitrine et le ventre, et de l’autre, sur le cou et tout le dessus du corps, et le vert des plumes des ailes est changeant en bleu.
Notes de l’éditeur
  1. Tanagra cayana L. [Note de Wikisource : actuellement Stilpnia cayana Linnæus, vulgairement calliste passevert].