Œuvres complètes de Buffon, éd. Lanessan/Histoire naturelle des oiseaux/Le japacani

LE JAPACANI[1]

Je sais que M. Sloane a cru que son petit gobe-mouche jaune et brun[2] était le même que le japacani de Marcgrave ; cependant, indépendamment des différences de plumage, le japacani[NdÉ 1] est huit fois plus gros, masse pour masse, toutes ses dimensions étant doubles de celles de l’oiseau de M. Sloane ; car celui-ci n’a que quatre pouces de longueur et sept pouces de vol, tandis que, selon Marcgrave, le japacani est de la grosseur du bemtère, et le bemtère de celle de l’étourneau[3] ; or l’étourneau a plus de huit pouces de longueur et plus de quatorze pouces de vol. Il est difficile de rapporter à la même espèce deux oiseaux, et surtout deux oiseaux sauvages, de tailles si différentes.

Le japacani a le bec noir, long, pointu, un peu courbé, la tête noirâtre, l’iris couleur d’or, la partie postérieure du cou, le dos, les ailes et le croupion, variés de noir et de brun clair ; la queue noirâtre par-dessus, marquée de blanc par-dessous, la poitrine, le ventre, les jambes, variés de jaune et de blanc avec des lignes transversales de couleur noirâtre, les pieds bruns, les ongles noirs et pointus[4].

Le petit oiseau de M. Sloane a le bec rond, presque droit, long d’un demipouce ; la tête et le dos d’un brun clair avec quelques taches noires ; la queue longue de dix-huit lignes et de couleur brune, ainsi que les ailes, qui ont un peu de blanc à leur extrémité ; le tour des yeux, la gorge, les côtés du cou et les couvertures de la queue jaunes ; la poitrine de même couleur, mais avec des marques brunes ; le ventre blanc ; les pieds bruns, longs de quinze lignes, et du jaune dans les doigts.

Cet oiseau est commun aux environs de San-Iago, capitale de la Jamaïque : il se tient ordinairement dans les buissons. Son estomac est très musculeux, et doublé, comme sont tous les gésiers, d’une membrane mince, insensible et sans adhérence. M. Sloane n’a rien trouvé dans le gésier de l’individu qu’il a disséqué, mais il a observé que ses intestins faisaient un grand nombre de circonvolutions.

Le même auteur fait mention d’une variété d’espèce qui ne diffère de son petit oiseau qu’en ce qu’elle a moins de jaune dans son plumage.

Cet oiseau sera, si l’on veut, un troupiale à cause de la forme de son bec, mais ce sera certainement un troupiale autre que le japacani.


Notes de Buffon
  1. C’est le nom brésilien de cet oiseau. Marcgrave, Hist. Brasil., p. 212. Je n’y change rien parce qu’il peut être prononcé par un gosier européen. M. Klein lui a donné le nom de rossignol jaune et brun. Ordo Avium, p. 75, no 13. En allemand, gell-braun-grasmuke.
  2. Natural History of Jamaica, p. 309, no 43.
  3. Hist. Brasiliæ, p. 216.
  4. Voyez Marcgrave, loco citato.
Notes de l’éditeur
  1. Oriolus Japacani Gmel. [Note de Wikisource : actuellement Donacobius atricapilla Linnæus, vulgairement donacobe à miroir].