Œuvres complètes de Buffon, éd. Lanessan/Histoire naturelle des oiseaux/Le jacarini

LE JACARINI[1]

Quatrième petite espèce.

Cet oiseau[NdÉ 1] a été nommé jacarini par les Brésiliens : Marcgrave, qui en fait mention, ne nous a rien transmis sur ses habitudes naturelles ; mais M. Sonnini de Manoncour, qui l’a observé à la Guyane, où il est très commun nous apprend que ces oiseaux fréquentent de préférence les terrains défrichés, et jamais les grands bois ; ils se tiennent sur les petits arbres, et particulièrement sur ceux de café, et ils se font remarquer par une habitude très singulière : c’est de s’élever à un pied ou un pied et demi de hauteur verticalement au-dessus de la branche sur laquelle ils sont perchés, de se laisser tomber au même endroit pour sauter de même, toujours verticalement, plusieurs fois de suite ; ils ne paraissent interrompre cette suite de sauts que pour aller se percher sur un autre arbrisseau et recommencer à sauter sur leur branche : chacun de ces sauts est accompagné d’un petit cri de plaisir, et leur queue s’épanouit en même temps ; il semble que ce soit pour plaire à leur femelle, car il n’y a que le mâle qui se donne ce mouvement dont sa compagne est témoin, parce qu’ils vont toujours par paires ; elle est au contraire assez tranquille, et se contente de sautiller comme les autres oiseaux. Leur nid est composé d’herbes sèches de couleur grise : il est hémisphérique sur deux pouces de diamètre ; la femelle y dépose deux œufs elliptiques longs de sept à huit lignes, et d’un blanc verdâtre semé de petites taches rouges qui sont en grand nombre, et plus foncées vers le gros bout, qui en est presque entièrement couvert.

Le jacarini est aisé à reconnaître par sa couleur noire et luisante comme de l’acier poli ; elle est uniforme sur tout son corps, et il n’y a que les couvertures inférieures des ailes qui soient blanches dans le mâle, car la femelle est entièrement grise, et diffère si fort du mâle par la couleur, qu’on pourrait la prendre pour un oiseau d’une autre espèce : néanmoins, le mâle devient aussi tout gris dans le temps de la mue, en sorte qu’on trouve de ces oiseaux mêlés de gris et de noir, ou de noir et de gris plus ou moins, selon qu’ils approchent ou qu’ils s’éloignent du temps de leur mue. Les planches enluminées les représentent dans leur grandeur naturelle.


Notes de l’auteur
  1. « Jacarini Brasiliensibus. » Marcgrave, Hist. nat. Bras., p. 210. — « Jacarini Brasiliensibus. » Jonston, Avi., p. 144. — « Carduelis Brasiliana jacarini Marcgravio. » Willughby, Ornithol., p. 190. — « Jacarini. » Edwards, Glan., p. 202, avec une figure peu exacte, pl. 306. — « Tangara nigra, chalybis politi colore resplendens ; rectricibus alarum inferioribus albicantibus ; rectricibus nigris, chalybis politi colore resplendentibus… Tangara Brasiliensis nigra. » Brisson, Ornithol., t. III, p. 28.
Notes de l’éditeur
  1. Tanagra jacarina L. [Note de Wikisource : actuellement Volatinia jacarina Linnæus, vulgairement jacarini noir].