Œuvres complètes de Buffon, éd. Lanessan/Histoire naturelle des oiseaux/La veuve au collier d’or

Texte établi par J.-L. de LanessanA. Le Vasseur (Tome VI, Histoire naturelle des oiseauxp. 197-198).

LA VEUVE AU COLLIER D’OR

Le cou de cette veuve[NdÉ 1] est ceint par derrière d’un demi-collier fort large, d’un beau jaune doré : elle a la poitrine orangée, le ventre et les cuisses blanches ; le bas ventre et les couvertures du dessous de la queue noirâtres ; la tête, la gorge, le devant du cou, le dos, les ailes et la queue, noires. Cette queue est comme celle des autres oiseaux ; elle est composée de douze pennes à peu près égales, et recouverte par quatre longues plumes qui naissent aussi du croupion, mais un peu plus haut ; les deux plus longues ont environ treize pouces, elles sont noires, de même que les pennes de la queue, et paraissent ondées et comme moirées : elles sont aussi un peu arquées comme celles du coq ; leur largeur, qui est de neuf lignes près du croupion, se réduit à trois lignes vers leur extrémité ; les deux plus courtes sont renfermées entre les deux plus longues, et n’ont que la moitié de leur longueur ; mais elles sont une fois aussi larges, et se terminent par un filet délié, par une espèce de brin de soie qui a plus d’un pouce de long.

Ces quatre plumes ont leur plan dans une situation verticale, et sont dirigées en en-bas ; elles tombent tous les ans à la première mue, c’est-à-dire vers le commencement de novembre, et à cette même époque le plumage de l’oiseau change entièrement et devient semblable à celui du pinson d’Ardenne : dans ce nouvel état, la veuve a la tête variée de blanc et de noir ; la poitrine, le dos, les couvertures supérieures des ailes, d’un orangé terne, moucheté de noirâtre ; les pennes de la queue et des ailes d’un brun très-foncé ; le ventre et tout le reste du dessous du corps blanc : c’est là son habit d’hiver ; elle le conserve jusqu’au commencement de la belle saison, temps où elle éprouve une seconde mue tout aussi considérable que la première mais plus heureuse dans ses effets, puisqu’elle lui rend ses belles couleurs, ses longues plumes et toute sa parure ; dès la fin de juin ou le commencement de juillet, elle refait sa queue en entier. La couleur des yeux, du bec et des pieds ne varie point ; les yeux sont toujours marron ; le bec de couleur plombée, et les pieds couleur de chair.

Les jeunes femelles sont à peu près de la couleur des mâles en mue ; mais au bout de trois ans elles deviennent d’un brun presque noir, et leur couleur ne change plus dans aucun temps.

Ces oiseaux sont communs dans le royaume d’Angola, sur la côte occidentale de l’Afrique ; on en a vu aussi qui venaient de Mozambique, petite île située près de la côte orientale de ce même continent, et qui différaient très peu des premiers. L’individu qu’a dessiné M. Edwards a vécu quatre ans à Londres.

Longueur totale, quinze pouces ; longueur prise de la pointe du bec jusqu’au bout des ongles, quatre pouces et demi ; bec, quatre lignes et demie ; vol, neuf pouces ; fausse queue, treize pouces ; queue véritable, vingt et une lignes : celle-ci dépasse les ailes d’environ un pouce.


Notes de l’éditeur
  1. Emberiza paradisæa L. [Note de Wikisource : Il s’agit actuellement de Vidua paradisaea Linnæus, vulgairement veuve de paradis. Cet oiseau, comme les suivants sauf indication contraire, appartient à la famille des Viduidés, qui regroupe les veuves, combassous et anomalospize.]