Œuvres complètes de Buffon, éd. Lanessan/Histoire naturelle des oiseaux/La linotte

Texte établi par J.-L. de LanessanA. Le Vasseur (Tome VI, Histoire naturelle des oiseauxp. 152-158).

LA LINOTTE


C’est la nature elle-même qui semble avoir marqué la place de ces oiseaux[NdÉ 1] immédiatement après les serins puisque c’est en vertu des rapports établis par elle entre ces deux espèces que leur mélange réussit mieux que celui de l’une des deux avec toute autre espèce voisine ; et, ce qui annonce encore une plus grande analogie, les individus qui résultent de ce mélange sont féconds[1], surtout lorsqu’on a eu soin de former la première union entre le linot mâle et la femelle canari.

Il est peu d’oiseaux aussi communs que la linotte, mais il en est peut-être encore moins qui réunissent autant de qualités : ramage agréable, couleurs distinguées, naturel docile et susceptible d’attachement, tout lui a été donné, tout ce qui peut attirer l’attention de l’homme et contribuer à ses plaisirs : il était difficile avec cela que cet oiseau conservât sa liberté, mais il était encore plus difficile qu’au sein de la servitude où nous l’avons réduit il conservât ses avantages naturels dans toute leur pureté. En effet, la belle couleur rouge dont la nature a décoré sa tête et sa poitrine, et qui, dans l’état de liberté, brille d’un éclat durable, s’efface par degrés et s’éteint bientôt dans nos cages et nos volières. Il en reste à peine quelques vestiges obscurs après la première mue[2].

À l’égard de son chant, nous le dénaturons, nous substituons aux modulations libres et variées que lui inspirent le printemps et l’amour les phrases contraintes d’un chant apprêté qu’il ne répète qu’imparfaitement, et où l’on ne retrouve ni les agréments de l’art ni le charme de la nature. On est parvenu aussi à lui apprendre à parler différentes langues, c’est-à-dire à siffler quelques mots italiens[3], français, anglais, etc., quelquefois même à les prononcer assez franchement[4]. Plusieurs curieux ont fait exprès le voyage de Londres à Kensington pour avoir la satisfaction d’entendre la linotte d’un apothicaire qui articulait ces mots pretty boy ; c’était tout son ramage, et même tout son cri, parce qu’ayant été enlevée du nid deux ou trois jours après qu’elle était éclose, elle n’avait pas eu le temps d’écouter, de retenir le chant de ses père et mère, et que dans le moment où elle commençait à donner de l’attention aux sons, les sons articulés de pretty boy furent apparemment les seuls qui frappèrent son oreille, les seuls qu’elle apprit à imiter : ce fait, joint à plusieurs autres[5], prouve assez bien, ce me semble, l’opinion de M. Daines Barrington, que les oiseaux n’ont point de chant inné, et que le ramage propre aux diverses espèces d’oiseaux et ses variétés ont eu à peu près la même origine que les langues des différents peuples, et leurs dialectes divers[6]. M. Barrington avertit que, dans les expériences de ce genre, il s’est servi par préférence du jeune linot mâle, âgé d’environ trois semaines et commençant à avoir des ailes, non seulement à cause de sa grande docilité et de son talent pour l’imitation, mais encore à cause de la facilité de distinguer, dans cette espèce, le jeune mâle de la jeune femelle ; le mâle ayant le côté extérieur de quelques-unes des pennes de l’aile blanc jusqu’à la côte, et la femelle l’ayant seulement bordé de cette couleur.

Il résulte des expériences de ce savant que les jeunes linots élevés par différentes espèces d’alouettes, et même par une linotte d’Afrique, appelée vengoline, dont nous parlerons bientôt, avaient pris non le chant de leur père, mais celui de leur institutrice : seulement quelques-uns d’eux avaient conservé ce qu’il nomme le petit cri d’appel propre à leur espèce, et commun au mâle et à la femelle, qu’ils avaient pu entendre de leurs pères et mères avant d’en être séparés.

Il est plus que douteux que notre linotte ordinaire, nommée par quelques-uns linotte grise, soit une espèce différente de celle qui est connue sous le nom de linotte de vignes ou de linotte rouge, car : 1o les taches rouges qui distinguent les mâles de cette dernière linotte ne sont rien moins qu’un caractère constant, puisqu’elles s’effacent dans la cage, comme nous l’avons vu plus haut[7] ; 2o elles ne sont pas même un caractère exclusif, puisqu’on en reconnaît des vestiges dans l’oiseau décrit comme le mâle de la linotte grise[8], lequel mâle a les plumes de la poitrine d’un rouge obscur dans leur partie moyenne ; 3o la mue ternit et fait presque disparaître pour un temps ce rouge, qui ne reprend son éclat qu’à la belle saison, mais qui, dès la fin du mois de septembre, colore la partie moyenne des plumes de la poitrine, comme dans l’individu que M. Brisson donne pour le mâle de la linotte ordinaire ; 4o Gessner[9] à Turin, Olina[10] à Rome, M. Linnæus[11] à Stockholm, Belon[12] en France, et plusieurs autres, n’ont connu dans leurs pays respectifs que des linottes rouges ; 5o des oiseleurs expérimentés de notre pays, qui ont suivi les petites chasses des oiseaux pendant plus de trente ans, n’ont jamais pris un seul linot mâle qui n’eût cette livrée rouge au degré que comportait la saison, et il est à remarquer que, dans ce même pays, on voit beaucoup de linottes grises en cage ; 6o ceux même qui admettent l’existence des linottes grises conviennent que l’on ne prend presque jamais de ces linottes, surtout en été, ce qu’ils attribuent à leur naturel défiant[13] ; 7o ajoutez que les linottes rouges et grises se ressemblent singulièrement quant au reste du plumage, à la taille, aux proportions et à la forme des parties, au ramage, aux habitudes, et il sera facile de conclure que s’il existe des linottes grises, ce sont : 1o toutes les femelles ; 2o tous les jeunes mâles de l’année avant le mois d’octobre, qui est le temps où ils commencent à marquer ; 3o celles qui, ayant été élevées à la brochette, n’ont pu prendre de rouge dans l’état de captivité ; 4o celles qui, l’ayant pris dans l’état de nature, l’ont perdu dans la cage[14] ; 5o enfin, celles en qui cette belle couleur est presque effacée par la mue, ou les maladies, ou par quelque cause que ce soit.

D’après cela, on sera peu surpris que je rapporte ces deux linottes à une seule et même espèce, et que je regarde la grise comme une variété accidentelle, que les hommes ont créée en partie, et qui ensuite a été méconnue par ses auteurs.

La linotte fait souvent son nid dans les vignes, c’est de là que lui est venu le nom de linotte de vignes ; quelquefois elle le pose à terre, mais plus fréquemment elle l’attache entre deux perches ou au cep même ; elle le fait aussi sur les genévriers, les groseilliers, les noisetiers, dans les jeunes taillis, etc. On m’a apporté un grand nombre de ces nids dans le mois de mai, quelques-uns dans le mois de juillet, et un seul dans le mois de septembre : ils sont tous composés de petites racines, de petites feuilles et de mousse au dehors, d’un peu de plumes, de crins et de beaucoup de laine au dedans. Je n’y ai jamais trouvé plus de six œufs : celui du 4 septembre n’en avait que trois. Ils sont d’un blanc sale, tachetés de rouge brun au gros bout. Les linottes ne font ordinairement que deux pontes, à moins qu’on ne leur enlève leurs œufs, ou qu’on ne les oblige de les renoncer ; dans ce cas, elles font jusqu’à quatre pontes : la mère, pour nourrir ses petits, leur dégorge dans le bec les aliments qu’elle leur a préparés en les avalant et les digérant à demi dans son jabot.

Lorsque les couvées sont finies et la famille élevée, les linottes vont par troupes nombreuses ; ces troupes commencent à se former dès la fin d’août, temps auquel le chènevis parvient à sa maturité : on en a pris, à cette époque, jusqu’à soixante d’un seul coup de filet[15], et parmi ces soixante il y avait quarante mâles. Elles continuent de vivre ainsi en société pendant tout l’hiver ; elles volent très serrées, s’abattent et se lèvent toutes ensemble, se posent sur les mêmes arbres, et vers le commencement du printemps on les entend chanter toutes à la fois : leur asile pour la nuit, ce sont des chênes, des charmes, dont les feuilles, quoique sèches, ne sont point encore tombées. On les a vues sur des tilleuls, des peupliers, dont elles piquaient les boutons ; elles vivent encore de toutes sortes de petites graines, notamment de celle de chardons, etc. : aussi les trouve-t-on indifféremment dans les terres en friche et dans les champs cultivés. Elles marchent en sautillant ; mais leur vol est suivi et ne va point par élans répétés comme celui du moineau.

Le chant de la linotte s’annonce par une espèce de prélude. En Italie, on préfère les linottes de l’Abruzze ultérieure et de la Marche d’Ancône pour leur apprendre à chanter[16]. On croit communément en France que le ramage de la linotte rouge est meilleur que celui de la linotte grise ; cela est dans l’ordre ; car l’oiseau qui a formé son chant au sein de la liberté, et d’après les impressions intérieures du sentiment, doit avoir des accents plus touchants, plus expressifs que l’oiseau qui chante sans objet et seulement pour se désennuyer, ou par la nécessité d’exercer ses organes.

Les femelles ne chantent ni n’apprennent à chanter : les mâles adultes, pris au filet ou autrement, ne profiteraient point non plus des leçons qu’on pourrait leur donner ; les jeunes mâles pris au nid sont les seuls qui soient susceptibles d’éducation. On les nourrit avec du gruau d’avoine et de la navette broyée dans du lait ou de l’eau sucrée : on les siffle le soir à la lueur d’une chandelle, ayant attention de bien articuler les mots qu’on veut leur faire dire. Quelquefois, pour les mettre en train, on les prend sur le doigt, on leur présente un miroir, où ils se voient et où ils croient voir un autre oiseau de leur espèce ; bientôt ils croient l’entendre, et cette illusion produit une sorte d’émulation, des chants plus animés et des progrès réels. On a cru remarquer qu’ils chantaient plus dans une petite cage que dans une grande.

Le nom seul de ces oiseaux indique assez la nourriture qui leur convient, on ne les a nommés linottes (linariæ) que parce qu’ils aiment la graine du lin ou celle de la linaire ; on y ajoute le panis, la navette, le chènevis, le millet, l’alpiste, les graines de raves, de choux, de pavots[17], de plantain, de poirée, et quelquefois celle de melon broyée : de temps en temps du massepain, de l’épine-vinette, du mouron, quelques épis de blé, de l’avoine concassée, même un peu de sel, tout cela varié avec intelligence. Ils cassent les petites graines dans leur bec et rejettent les enveloppes ; il leur faut très peu de chènevis parce qu’il les engraisse trop, et que cette graisse excessive les fait mourir, ou tout au moins les empêche de chanter. En les nourrissant et les élevant ainsi soi-même, non seulement on leur apprendra les airs que l’on voudra avec une serinette, un flageolet, etc., mais on les apprivoisera. Olina conseille de les garantir du froid, et même il veut qu’on les traite dans leurs maladies, que l’on mette par exemple dans leur cage un petit plâtras, afin de prévenir la constipation[18] à laquelle ils sont sujets ; il ordonne l’oxymel, la chicorée et d’autres remèdes contre l’asthme, l’étisie[19] et certaines convulsions ou battements de bec que l’on prend quelquefois, et que j’ai pris moi-même pour une caresse : on dirait que ce petit animal, pressé par le sentiment, fait tous ses efforts pour l’exprimer ; on dirait qu’il parle en effet, et cette expression muette, il ne l’adresse pas indistinctement à tout le monde : quiconque aura bien observé tout cela sera tenté de croire que c’est Olina qui s’est trompé, en prenant une simple caresse pour un symptôme de maladie. Quoi qu’il en soit, il faut surtout beaucoup d’attention sur le choix et la qualité des graines que l’on donne à ces oiseaux, beaucoup de propreté dans la nourriture, le breuvage, la volière. Avec tous ces soins on peut les faire vivre en captivité cinq ou six années, suivant Olina[20], et beaucoup plus selon d’autres[21]. Ils reconnaissent les personnes qui les soignent, ils s’y attachent, viennent se poser sur elles par préférence, et les regardent avec l’air de l’affection. On peut, si l’on veut abuser de leur docilité, les accoutumer à l’exercice de la galère ; ils en prennent les habitudes aussi facilement que le tarin et le chardonneret. Ils entrent en mue aux environs de la canicule, et quelquefois beaucoup plus tard. On a vu une linotte et un tarin qui n’ont commencé à muer qu’au mois d’octobre : ils avaient chanté jusque-là, et leur chant était plus animé que celui d’aucun autre oiseau de la même volière ; leur mue, quoique retardée, se passa fort vite et très heureusement.

La linotte est un oiseau pulvérateur, et on fera bien de garnir le fond de sa cage d’une couche de petit sable qu’on renouvellera de temps en temps. Il lui faut aussi une petite baignoire, car elle aime également à se poudrer et à se baigner. Sa longueur totale est de cinq pouces quelques lignes : vol, près de neuf pouces ; bec, cinq lignes ; queue, deux pouces, un peu fourchue, dépassant les ailes d’un pouce.

Dans le mâle, le sommet de la tête et la poitrine sont rouges, la gorge et le dessous du corps d’un blanc roussâtre, le dessus couleur de marron, presque toutes les pennes de la queue et des ailes, noires, bordées de blanc, d’où résulte sur les ailes repliées une raie blanche parallèle aux pennes ; communément la femelle n’a point de rouge comme on l’a dit ci-dessus, et elle a le plumage du dos plus varié que le mâle.


VARIÉTÉS DE LA LINOTTE

I.La linotte blanche.

J’ai vu cette variété chez le sieur Desmoulins, peintre ; le blanc dominait en effet dans son plumage, mais les pennes des ailes et de la queue étaient noires, bordées de blanc comme dans notre linotte ordinaire, et de plus on voyait quelques vestiges du gris de linotte sur les couvertures supérieures des ailes.

II.La linotte aux pieds noirs.

Elle a le bec verdâtre et la queue très fourchue : du reste, c’est la même taille, mêmes proportions, mêmes couleurs que dans notre linotte ordinaire. Cet oiseau se trouve en Lorraine, et nous en devons la connaissance à M. le docteur Lottinger de Sarrebourg.


Notes de Buffon
  1. Cette observation m’a été donnée par M. Daubenton le jeune ; M. Frisch assure qu’en appariant un linot de vignes avec une femelle canari blanche, accoutumée à sortir tous les jours, et à revenir au gîte, celle-ci fera son nid et sa ponte dans un buisson voisin, et que, lorsque ses petits seront éclos, elle les rapportera à la fenêtre de la maison. Il ajoute que ces mulets auront le plumage blanc de la mère, et les marques rouges du père, principalement sur la tête.
  2. Le rouge de la tête se change en un roux brun varié de noirâtre, et celui de la poitrine se change à peu près de même ; mais la teinte des nouvelles couleurs est moins rembrunie. Un amateur m’a assuré qu’il avait élevé de ces linottes qui avaient gardé leur rouge ; c’est un fait unique jusqu’à présent.
  3. Lodato Dio. Benedetto Dio. Prie Dieu, prie Dieu, etc.
  4. Voyez l’Aedologie, page 93.
  5. Un chardonneret qui avait été enlevé du nid deux ou trois jours après être éclos, ayant été mis près d’une fenêtre donnant sur un jardin où fréquentaient des roitelets, chantait exactement la chanson du roitelet, et pas une seule note de celle du chardonneret.

    Un moineau enlevé du nid lorsque ses ailes commençaient à être formées, ayant été mis avec un linot, et ayant eu dans le même temps occasion d’entendre un chardonneret, il se fit un chant qui était un mélange de celui de la linotte et du chardonneret.

    Une gorge-rouge ayant été mise sous la leçon d’un rossignol excellent chanteur, mais qui cessa de chanter en moins de quinze jours, eut les trois quarts du chant du rossignol, et le reste de son ramage ne ressemblait à rien.

    Enfin M. Barrington ajoute que les serins du Tyrol, à en juger par leur ramage, descendent d’un père commun, qui avait appris à chanter d’un rossignol, comme le premier père des serins d’Angleterre paraît avoir appris à chanter d’une farlouse. Trans. philos., vol. LXIII, 10 janvier 1773. Si on élève un jeune linot avec un pinson ou un rossignol, dit Gessner, il apprendra à chanter comme eux, et surtout cette partie du chant du pinson, connue sous le nom de boute-selle : Reiterzu. P. 591.

  6. La mort du père, dans le moment critique de l’instruction, aura occasionné quelque variété dans le chant des jeunes, qui, privés des leçons paternelles, auront fait attention au chant d’un autre oiseau, et l’auront imité, ou qui, le modifiant selon la conformation plus ou moins parfaite de leur organe, auront créé de nouvelles tournures de chant qui seront imitées par leurs petits, et deviendront héréditaires, jusqu’à ce que de nouvelles circonstances de même genre amènent de nouvelles variétés. Si l’on y prend bien garde, il n’y a pas deux oiseaux de la même espèce qui chantent exactement la même chanson, mais cependant ces variétés sont renfermées dans certaines limites,  etc. Ibidem, tiré de l’Annual Register, ann. 1773.
  7. De quatre linottes mâles, par conséquent rouges, qui me furent apportées le 12 juillet, j’en fis mettre une au grand air et trois dans la chambre, dont deux dans la même cage. Le rouge de la tête de celles-ci commençait à s’effacer le 28 août, ainsi que celui du bas de la poitrine. Le 8 septembre, une des deux fut trouvée morte dans la cage : elle avait la tête toute déplumée, et même un peu blessée. Je m’étais aperçu que l’un des oiseaux battait l’autre depuis la mue, comme s’ils se fussent méconnus à cause du changement de couleur. Le rouge de la tête de la linotte battue n’existait plus, puisque toutes les plumes étaient tombées, et celui de la poitrine était plus qu’à demi effacé.

    La troisième de celles qui étaient renfermées a mué fort tard, et a conservé son rouge jusqu’à la mue. Celle qui avait été tenue à l’air s’est échappée au bout de trois mois, et elle avait déjà perdu tout son rouge. Il résulte de cette petite expérience, ou que le grand air accélère la perte du rouge, en accélérant la mue, ou que la privation du grand air a moins de part à l’altération du plumage de ces linottes que la privation de la liberté.

  8. Voyez l’Ornithologie de M. Brisson, t. III, p. 133.
  9. Voyez l’Ornithologie de M. Brisson, t. III, p. 591.
  10. Page 45.
  11. Il n’est fait aucune mention de la linotte grise dans la Fauna Suecica ; M. Klein parle d’un M. Zorn, auteur d’une lettre sur les oiseaux d’Allemagne, où il veut prouver qu’il n’y a qu’une seule espèce de linotte. J’ai entendu dire la même chose à plusieurs oiseleurs qui certainement n’avaient pas lu cette lettre, et M. Hébert, qui est fait pour la juger, est du même avis.
  12. Nature des oiseaux, p. 35.
  13. Aldrovande, t. II, p. 825.
  14. Il faut remarquer que ces oiseaux, qui ont eu des marques rouges, et qui les ont perdues, conservent aux mêmes endroits une couleur rousse approchant du rouge, que n’ont pas les jeunes élevés à la brochette, et qui par conséquent n’ont jamais eu de rouge.
  15. On peut y employer le filet d’alouette, mais moins grand, et à mailles plus serrées ; il faut avoir un ou deux linots mâles pour servir d’appeaux ou de chanterelles. On prend souvent avec les linottes des pinsons, et d’autres petits oiseaux.
  16. Olina, p. 8.
  17. Gessner dit que si on ne donnait que de la graine de pavots pour toute nourriture, soit aux linottes, soit aux chardonnerets, ils deviendraient aveugles. De avibus, p. 591.
  18. Olina, p. 8.
  19. Les linottes prisonnières sont aussi sujettes au mal caduc, au bouton : les uns disent qu’elles ne guérissent jamais de ce bouton, les autres conseillent de le percer promptement et d’étuver la petite plaie avec du vin.
  20. Olina, p. 8.
  21. On en a vu une à Montbard, qui avait dix-sept ans bien constatés.
Notes de l’éditeur
  1. Les Linottes (Cannabina) sont des Passereaux caractérisés par un bec conique, arrondi, court, très pointu ; par des ailes étroites et pointues, assez longues ; par une queue échancrée. [Note de Wikisource : On appelle aujourd’hui linottes quatre espèces d’oiseaux, réunies dans le genre Linaria, famille des Fringillidés.]

    La Linotte vulgaire, Cannabina Linotta (Fringilla Cannabina L.) [Note de Wikisource : actuellement Linaria cannabina Linnæus, vulgairement linotte mélodieuse], offre des couleurs très diverses suivant les sexes, l’âge et les saisons. Au printemps, le mâle « a la partie antérieure d’un rouge vif ; la partie postérieure du crâne, la nuque, les côtés de la tête et du cou gris ; le dos d’un brun de rouille ; le croupion blanchâtre, la gorge d’un blanc grisâtre, la poitrine d’un rouge vif, le ventre blanc, les flancs d’un brun clair. En automne, le rouge disparaît, masqué qu’il est par la couleur plus claire des bordures des plumes ; à mesure que le printemps approche, le rouge, au contraire, devient plus vif par suite de l’usure des plumes. La femelle a la tête et le cou bruns ou d’un gris cendré, jaunâtre, la tige des plumes étant plus foncée que les barbes ; le dos d’un brun rouge. La gorge, la partie supérieure de la poitrine et les flancs sont d’un brun jaunâtre clair, avec des taches d’un brun noirâtre disposées longitudinalement. Les jeunes ont à peu près le même plumage que les femelles ; ils sont seulement plus tachetés. Si on les met tout jeunes en cage, ils ne deviennent jamais rouges, et chez les vieux mêmes cette couleur, en captivité, tourne au jaune ou au rouge jaune ; quelquefois elle se perd entièrement. » (Brehm.)