Œuvres complètes de Buffon, éd. Lanessan/Histoire naturelle des minéraux/Œil de loup

ŒIL DE LOUP

La pierre appelée œil de loup est de même un produit du feldspath ; elle est chatoyante, et probablement mêlée de parties micacées qui en augmentent le volume et diminuent la masse : cette pierre œil de loup, moins dense que le feldspath[1], paraît faire la nuance entre les feldspaths et les opales qui sont encore plus mélangées de parties micacées ; car l’œil de loup n’étincelle pas par paillettes variées comme l’aventurine ou l’opale, mais il luit d’une lumière pleine et sombre ; ses reflets verdâtres semblent sortir d’un fond rougeâtre, et on pourrait prendre cette pierre pour une variété colorée de la pierre œil de poisson, ou pour une aventurine sans accident, sans aventure de couleurs, si sa densité n’était pas fort au-dessous de celle de ces pierres. Nous la regarderons donc comme un des produits ou stalactites, mais des moins pures et des plus mélangées, du feldspath. Sa teinte foncée et obscure ne laisse à ses reflets que fort peu d’éclat, et cette pierre, quoique assez rare, dont nous avons au Cabinet du Roi deux grands échantillons, n’a que peu de valeur.


Notes de Buffon
  1. La pesanteur spécifique de la pierre œil de loup n’est que de 23 507, tandis que celle de l’œil de poisson est de 25 782.