Écoute, mouchard, mon ami,
Je suis ton capitaine :
Sois gai pour tromper l’ennemi,
Et chante à perdre haleine.
Tu sais que monseigneur Anglès[1],
La faridondaine,
A peur des couplets :
Apprends qu’on en fait contre lui,
Biribi,
Sur la façon de barbari,
Mon ami.
Des goguettes, à peu de frais,
On échauffe la veine ;
Aux apollons des cabarets
Paie un broc de Surène.
Un aveugle y chante en faussant
La faridondaine
D’un ton menaçant.
On néglige l’air de Henri,
Biribi,
Pour la façon de barbari,
Mon ami.
Sur Mirliton fais un rapport :
La cour le trouve obscène.
Dénonce aussi Malbrouck est mort :
À sa Grâce[2] il fait peine.
Surtout transforme avec éclat
La faridondaine
En crime d’état.
Donnons des juges sans jury,
Biribi,
À la façon de barbari,
Mon ami.
Biribi veut dire en latin
L’homme de Sainte-Hélène. Barbari, c’est, j’en suis certain,
Un peuple qu’on enchaîne. Mon ami, ce n’est pas le roi ;
Et faridondaine
Attaque la foi.
Que dirait de mieux Marchangy,
Biribi,
Sur la façon de barbari,
Mon ami ?
Du préfet ce sont les leçons :
Tu les suivras sans peine.
Si l’on ne prend garde aux chansons,
L’anarchie est certaine.
Que le trône soit préservé
De faridondaine
Par le God save.
Substituons l’O filii,
Biribi,
À la façon de barbari,
Mon ami.