Air : J’ai vu partout dans mes voyages (Air noté ♫)
Du ciel j’arrive, et mon voyage
Nous épargne à tous bien des pleurs.
Beauté folâtre autant que sage,
Ne jouez plus avec des fleurs.
Sachez qu’hier, la panse ronde
Et l’œil obscurci par Bacchus,
Jupin a cru dans notre monde
Voir une couronne de plus.
bis.
À la colère il s’abandonne :
« L’abus, dit-il, devient trop fort.
Encore un front que l’on couronne
Quand le faiseur de rois est mort[1] !
Sur ce front lançons mon tonnerre ;
Du faible enfin vengeons les droits.
Je veux voir un jour sur la terre
Les rois sujets, les sujets rois. »
Dans son conseil alors j’arrive ;
(Où les rimeurs n’entrent-ils pas ?)
En joue il vous met sans qui vive !
Mais je l’aborde chapeau bas :
« Jupin, de ton arrêt j’appelle ;
Ta balance et tes poids sont faux :
Ta cour de justice éternelle
A-t-elle eu ses gardes des sceaux ?
« Braque tes lunettes, vieux sire,
Sur le front couronné par nous ;
De la candeur c’est le sourire,
De la bonté c’est l’œil si doux.
Lorsque les carreaux de son foudre
Chez nos sourds passent pour muets,
Jupin ne mettrait-il en poudre
Qu’une couronne de bluets ? »
« Oh ! oh ! dit-il, qu’allais-je faire ?
Ailleurs frappons ; mon foudre est chaud. »
— « Frappe ; mais sur notre hémisphère
Vise donc plus bas ou plus haut. »
Heureux d’avoir su vous défendre,
J’accours des célestes donjons.
Quant à Jupin, je viens d’apprendre
Qu’il a foudroyé deux pigeons.