Œuvres complètes de Béranger/L’In-octavo et l’In-trente-deux

Pour les autres éditions de ce texte, voir L’In-octavo et l’In-trente-deux.


L’IN-OCTAVO
ET
L’IN-TRENTE-DEUX[1]


Air du Carnaval (Air noté )


Quoi ! mes couplets, encore une sottise !
Osez-vous bien paraître in-octavo ?
Juge, critique, et docteur de l’Église,
Vont après vous s’acharner de nouveau.
L’in-trente-deux trompait l’œil du myope,
Mais vos défauts vont être tous sentis :
C’est le ciron vu dans un microscope.
Mieux vous allait de rester tout petits,
Petits, petits, oui, petits, tout petits.

« Quel trait d’orgueil ! dira la Calomnie :
« Ferait-on plus pour des alexandrins ?
« Le chansonnier vise à l’Académie,
« Et veut au Pinde anoblir ses refrains. »
Viser si haut, malgré cette imposture,
N’est point mon fait, je vous en avertis.
Pour conserver vos lettres de roture,
Mieux vous allait de rester tout petits,
Petits, petits, oui, petits, tout petits.


Je vois deux sots rendus à leur province :
« Messieurs, dit l’un, sifflons le troubadour.
« Il veut des croix, et, pour l’offrir au prince,
« À son recueil a mis l’habit de cour.
« Le Roi, dit l’autre, a daigné lui sourire,
« Même a trouvé ses vers assez gentils. »
Voyez du Roi ce que vous ferez dire !
Mieux vous allait de rester tout petits,
Petits, petits, oui, petits, tout petits.

L’humble format sut plaire à cette classe
Sur qui les arts sèment trop peu de fleurs ;
Il se fourrait jusque dans la besace
De l’indigent dont il séchait les pleurs.
À la guinguette instruisant ces recrues,
D’obscurs lauriers j’ai fait large abatis.
Pour rencontrer la Gloire au coin des rues,
Mieux vous allait de rester tout petits,
Petits, petits, oui, petits, tout petits.

Je dois trembler ; car moi, qui suis prophète,
Je vois de loin l’oubli fondre sur vous.
De tant d’échos dont la voix vous répète,
L’un meurt, puis l’autre, et puis cent, et puis tous.
Déjà mon front sent glisser sa couronne ;
Comme les miens vos beaux jours sont partis.
Pour disparaître au premier vent d’automne,
Mieux vous allait de rester tout petits,
Petits, petits, oui, petits, tout petits.



Air noté dans Musique des chansons de Béranger :


L’IN-OCTAVO ET L’IN-TRENTE-DEUX.

Air du Carnaval.
No 224.



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  a, a a a b a
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a, a a a b a
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a, a a a b a
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\addlyrics {
Quoi mes cou -- plets en -- core u -- ne sot -- ti -- se
O -- sez- vous bien pa -- raître in- oc -- ta -- vo
Ju -- ge cri -- tique et doc -- teur de l’É -- gli -- se
Vont a -- près vous s’a -- char -- ner de nou -- veau
L’in- tren -- te- deux trom -- pait l’œil du my -- o -- pe
Mais vos dé -- fauts vont ê -- tre tous sen -- tis
C’est le ci -- ron vu dans un mi -- cros -- co -- pe
Mieux vous al -- lait de res -- ter tout pe -- tits
Pe -- tits pe -- tits oui pe -- tits tout pe -- tits.
C’est le ci -- ron vu dans un mi -- cros -- co -- pe
Mieux vous al -- lait de res -- ter tout pe -- tits
Pe -- tits pe -- tits oui pe -- tits tout pe -- tits.
}

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  1. Cette chanson a été faite pour servir de préface à l’édition in-8o de 1828.