Œuvres complètes (Crémazie)/Fête nationale

Œuvres complètesBeauchemin & Valois (p. 162-164).

FÊTE NATIONALE

 
Jour de saint Jean-Baptiste, ô fête glorieuse !
Tu portes avec toi la trace radieuse
De nos vieux souvenirs français ;
Rappelant à nos cœurs les vertus de nos pères,
Tu montres, rayonnant de feux et de lumières,
Leur gloire et leurs nobles bienfaits.

Douce et fraîche oasis, par le Seigneur donnée,
Tu vois les Canadiens revenir chaque année,
À l’ombre de tes verts rameaux,
S’abreuver à longs traits à ta source chérie,
En chantant à la fois l’hymne de la patrie
Et les grands noms de ses héros.





Il est sur le sol d’Amérique
Un doux pays aimé des cieux,
Où la nature magnifique
Prodigue ses dons merveilleux.
Ce sol, fécondé par la France
Qui régna sur ses bords fleuris,
C’est notre amour, notre espérance,
Canadiens, c’est notre pays.


Pour conserver cet héritage
Que nous ont légué nos aïeux,
Malgré les vents, malgré l’orage,
Soyons toujours unis comme eux.
Marchons sur leur brillante trace,
De leurs vertus suivons la loi,
Ne souffrons pas que rien efface
Et notre langue et notre foi.

Ô de l’union fraternelle
Jour triomphant et radieux,
Ah ! puisse ta flamme immortelle
Remplir notre cœur de ses feux :
Oui, puisse cette union sainte,
Qui fit nos ancêtres si grands,
Garder toujours de toute atteinte
L’avenir de leurs descendants.

Les vieux chênes de la montagne
Où combattirent nos aïeux ;
Le sol de la verte campagne
Où coula leur sang généreux ;
Le flot qui chante à la prairie
La splendeur de leurs noms bénis,
La grande voix de la patrie,
Tout nous redit : Soyez unis.





Ô Canadiens-Français, dans ce jour solennel
Marchons donc fièrement sous la vieille bannière
Qui vit de Carillon le combat immortel.
Nous sommes les enfants de la race guerrière

Qui fait briller partout son nom resplendissant.
En martyrs, en héros race toujours féconde,
Elle tire aujourd’hui ce glaive étincelant
Dont les larges rayons illuminent le monde.

Entendez-vous au loin, sous les murs des Sforza,
Retentir dans les airs l’hymne de la victoire ?
Voyez-vous ces héros, vainqueurs de Magenta,
Se couronner encor des palmes de la gloire
Aux champs de Marignan, illustrés par Bayard ?
Soyons fiers aujourd’hui du beau nom de nos pères,
Soyons fiers de marcher sous leur vieil étendard,
Car ces guerriers vainqueurs, ces héros sont nos frères.


Québec, 24 juin 1856.


Séparateur