Œuvres complètes (Crémazie)/Envoi à messieurs du séminaire de Québec
ENVOI
Ce grand homme, messieurs, cette gloire sereine,
Fut le premier anneau de cette noble chaîne
Que vous continuez aux bords du Saint-Laurent.
Gardant, comme un trésor, loin de toutes atteintes
De l’immortel Laval les traditions saintes,
Vous êtes, parmi nous, un soleil bienfaisant.
Du peu que nous savons vous êtes l’origine.
Si nous pouvons encore à la source divine,
D’où s’échappe à grands flots l’enseignement humain,
Approcher quelquefois nos lèvres altérées,
Nous le devons à vous, dont les mains vénérées
Nous ont de la science aplani le chemin.
Si nous avons gardé, pur de tout alliage,
Des pionniers français l’héroïque héritage,
Notre religion, notre langue et nos lois ;
Si, dans les mauvais jours de notre jeune histoire,
Nous avons, avec nous, vu marcher la victoire,
Nous vous devons encor ces glorieux exploits.
Si, du séjour céleste où son âme immortelle
S’enivre des clartés de la vie éternelle,
Laval peut contempler ces murs resplendissants,
Où, lançant tous ses feux, l’intelligence humaine,
Des travaux de l’esprit embrassant le domaine,
Fait briller des rayons sans cesse renaissants :
S’il a vu comme nous vos nobles sacrifices,
Les arts encouragés par vos mains bienfaitrices ;
S’il entend aujourd’hui ces hymnes triomphants
Qui chantent votre nom dans ce concert immense
Que fait monter au ciel notre reconnaissance,
Il doit dire de vous : Ils sont bien mes enfants !
Québec, 15 juin 1859.