Œuvres (Ferrandière)/Fables/Fable 130

Janet et Cotelle (Première partie : Fables — Seconde partie : Poésiesp. 143-144).

FABLE CXXX.

LE SACRIFICE INUTILE.


Un Grec intempérant faisoit un sacrifice
Au temple d’Esculape ; immolant sa génisse,
Il demande à ce dieu de longs jours, la santé,
Le vrai dévot se fût rendu justice,
En invoquant d’abord l’utile qualité
De la sobriété.
C’est aux désirs bien purs que le ciel est propice ;

Les autres sont punis de leur témérité.
Après un sacrifice on étoit dans l’usage
De régaler d’un festin somptueux
Parens, amis, pour rendre grâce aux dieux.
Le gourmand ce jour-là devoit être plus sage :
Au contraire, il mangea, but avec tant d’excès
Qu’il en mourut la nuit d’après
N’étant encor qu’à la fleur de son âge.

Garder honteux défaut priant, offrant des vœux,
N’est-ce pas se moquer des cieux ?