Œuvres (Ferrandière)/Fables/Fable 033

Janet et Cotelle (Première partie : Fables — Seconde partie : Poésiesp. 38).

FABLE XXXIII.

LES DEUX VILLAGEOIS.


J’aime le mot d’un simple villageois
Du temps jadis : s’il fut Grec ou Gaulois,
Je ne sais ; son pays ne nous importe guère,
Cet homme chaque jour, sortant de sa chaumière,
Tendoit les bras, levoit les yeux,
Contemploit la beauté des cieux,
Ensuite à Jupiter adressoit sa prière,
Son voisin peu dévot qui le regardoit faire,
Lui dit : À quoi te sert tant d’amour pour les dieux ?
À tout, répliqua-t-il ! Je le sens nécessaire
À mon bonheur, à mes travaux :
J’en goûte mieux les biens ; j’en ressens moins les maux.