Évelina (1778)
Maradan (2p. 72-73).


LETTRE LVI.


M. Villars à Évelina.
Berry-Hill, 7 juillet.

Soyez la bien-venue, mille fois la bienvenue, ma très-chère Evelina ! le meilleur et le plus tendre de vos amis vous recevra à bras ouverts. Madame Clinton part en diligence pour vous remettre ces lignes, et pour vous ramener directement chez moi ; car je ne saurois me résoudre à rester plus long-temps séparé de vous, l’enfant chéri de mon cœur. C’est vous, mon Evelina, qui devez faire la consolation de mes vieux jours ; c’est de vous que j’attends l’adoucissement de tous mes maux : votre présence est nécessaire à ma tendresse paternelle. Ainsi j’espère que vos dignes amis de Howard-Grove voudront bien m’excuser, si je les prive de la visite que vous leur destiniez avant votre retour à Berry-Hill.

J’ai bien des choses à vous dire, plusieurs réflexions à faire sur vos dernières lettres, dont divers passages m’ont donné de l’inquiétude ; mais ces remarques feront l’objet de nos conversations. Hâtez-vous, mon enfant, de venir retrouver l’endroit qui vous a vu naître, où vous avez passé votre heureuse jeunesse, où vous n’avez connu ni peines ni regrets. — Oh ! puissent-ils n’approcher jamais de cette paisible habitation !

Adieu, ma très-chère Évelina. Je souhaite que votre empressement à me revoir égale le plaisir avec lequel je vous attends.

Arthur Villars.