Évelina (1778)
Maradan (1p. 233-234).


LETTRE XXIX.


M. Villars à Évelina.
Berry-Hill, 2 mai.

Je m’intéresse bien sincèrement aux nouveaux chagrins que vous éprouvez, ma chère Évelina. Le projet fatal qu’on agite aujourd’hui répugne également à mon avis et à mon goût ; cependant il n’y a pas moyen de l’empêcher. Si je suivois les mouvemens de mon cœur, je vous rappellerois incessamment chez moi pour ne plus vous quitter ; mais l’opinion du monde et ses coutumes exigent des mesures différentes. En attendant, espérez pour le mieux, et soyez assurée que vous n’aurez point à souffrir des traitemens indignes de vous. Si votre famille ne vous reçoit point comme il convient, et avec toute la distinction qui vous est due, vous n’y entrerez point ; vous viendrez vous remettre sous mon appui ; vous retrouverez dans ma maison le repos, et vous continuerez à faire tout le bonheur de ma vie.