Librairie de L. Hachette et Cie (p. 175-177).

LXII

GUÉRISON D’UN AVEUGLE.



Jésus remonta dans la barque et passa à l’autre bord ; il alla à Bethsaïda, et on lui amena un aveugle, en le priant de le guérir. Il prit l’aveugle par la main, et l’ayant mené hors du bourg, il lui mit de la salive sur les yeux, et lui ayant imposé les mains, il lui demanda s’il voyait quelque chose.

L’aveugle, regardant, dit : « Je vois grands comme des arbres les hommes qui marchent. » Jésus lui mit encore les mains sur les yeux, et l’aveugle recouvra entièrement la vue et vit tout très-distinctement. Après cela, Jésus le renvoya dans sa maison et dit :

« Va chez toi, et si tu entres dans le bourg, ne parle de ceci à personne. »

Louis. Voilà encore un infirme que Notre-Seigneur a eu de la peine à guérir.

Grand’mère. Notre-Seigneur aurait pu, s’il l’avait voulu, le guérir sans lui parler, sans le toucher, sans le regarder même, par le seul effet de sa volonté ; mais pour l’aveugle, de même que pour le sourd-muet, il a voulu nous faire voir que, pour obtenir la guérison de nos âmes, il faut quitter nos mauvaises habitudes, nos mauvaises connaissances, nous laisser emmener par Notre-Seigneur. Dans le commencement, le pécheur ne voit pas encore très-bien ses péchés, il voit le monde plus grand, plus beau qu’il n’est ; mais après avoir eu les yeux lavés une seconde fois par la salive de Jésus, c’est-à-dire l’âme nettoyée par la grâce des Sacrements et par la lumière de l’Évangile, les yeux du pécheur s’ouvrent tout à fait, et il voit les choses du monde telles qu’elles sont ; il distingue ce qui est bien d’avec ce qui est mal ; et son âme est guérie.

Henriette. Qu’est-ce que c’est, imposer les mains ? Vous avez dit, Grand’mère, que Jésus imposa les mains à l’aveugle.

Grand’mère. L’imposition des mains est une cérémonie qui existe encore chez nous, et qui existait chez les Juifs ; en mettant les mains ouvertes et étendues sur la tête de son enfant, le père le bénissait et appelait sur lui les bénédictions de Dieu ; le Prêtre également bénissait ainsi les Lévites et les Magistrats. Chez nous, les Évêques imposent les mains sur la tête de ceux qui doivent être Prêtres quand ils reçoivent le sacrement de l’Ordre, et aussi au sacrement de la Confirmation.