Librairie de L. Hachette et Cie (p. 173-175).

LXI

SECONDE MULTIPLICATION DES PAINS.



Après ce miracle, de grandes troupes de peuple vinrent le trouver ; amenant, traînant après eux des sourds, des muets, des aveugles, des paralytiques, des boiteux, des infirmes, et beaucoup d’autres malades qu’ils amenèrent à ses pieds. Jésus les guérit tous, de sorte que le peuple était dans l’admiration et ne cessait de s’extasier de voir les boiteux redressés, les paralytiques marcher, les aveugles voir, les sourds entendre, les infirmes ne plus souffrir ; et tous rendaient gloire à Dieu.

Cependant Jésus assembla ses disciples et dit :

« J’ai compassion de ce peuple ; voilà trois jours qu’ils sont constamment avec moi, et ils n’ont rien à manger. Si je les renvoie à jeun chez eux, ils tomberont de faiblesse en chemin, car plusieurs sont venus de très loin. »

Ses disciples lui répondirent :

« Comment pourrait-on trouver dans ce désert assez de pain pour nourrir tout ce monde ? »

Jésus leur demanda :

« Combien avez-vous de pains ?

— Nous en avons sept, répondirent-ils, et quelques petits poissons. »

Alors Jésus commanda au peuple de s’asseoir à terre, par petits groupes, et prenant les sept pains et les petits poissons, il rendit grâce à Dieu, et les ayant rompus, il les donna à ses disciples pour les distribuer au peuple. Tous ceux qui étaient là en mangèrent tant qu’ils en voulurent, et quand ils furent tous rassasiés, on emporta sept corbeilles pleines de morceaux qui étaient restés.

Or, ceux qui mangèrent ainsi étaient au nombre de quatre mille hommes, sans compter les femmes et les petits enfants.

Ensuite, Jésus, ayant renvoyé tout ce peuple, monta dans une barque et vint au pays de Magédan.

Louis. Où était le pays de Magédan ?

Grand’mère. C’était entre Génésareth et Corozaïn, et tout près de la mer de Galilée.

Henri. Il me semble qu’il y a de si petites différences entre les deux multiplications des pains, qu’on pourrait croire que c’est le même miracle : ainsi, ce sont les disciples qui ont les provisions ; l’autre fois, il est vrai, c’était un jeune garçon ; mais ce sont aussi des pains et des poissons. Et les deux fois, Notre-Seigneur ne distribue pas lui-même le pain et les poissons ; il les fait distribuer par ses disciples.

Grand’mère. Il est pourtant très-certain, d’après les Évangiles, que Notre-Seigneur a répété ce miracle deux fois, pour indiquer les deux lois de Dieu : la Loi Ancienne, donnée par Dieu aux Juifs, et la Loi Nouvelle, donnée aussi par Dieu à toute la terre. Il a fait distribuer les pains et les poissons par ses disciples, pour faire voir qu’il chargeait ses disciples, qui représentent l’Église et les prêtres, de distribuer à chaque groupe, c’est-à-dire à chaque Église, à chaque paroisse, la sainte communion, qui est, comme il l’a dit lui-même, le pain de vie, sa propre chair, la nourriture qui fait vivre éternellement. Les provisions qui se trouvent la première fois entre les mains d’un jeune garçon, et l’autre fois dans celles des disciples, indiquent que la première loi, la loi Juive, était encore imparfaite, comme un garçon est encore un homme imparfait ; et la loi nouvelle, la loi de Jésus-Christ, la loi chrétienne, est entre les mains des Apôtres, c’est-à-dire de l’Église arrivée à son degré de perfection et représentée par des hommes. Il est à remarquer aussi que ces deux grands miracles se sont passés en plein jour, à la face de tout un peuple. Ils sont tellement évidents, que les incrédules, qui ne peuvent les nier, ne cherchent pas même à les expliquer naturellement.