Librairie de L. Hachette et Cie (p. 171-172).

LX

GUÉRISON D’UN SOURD-MUET.



Jésus, étant allé sur une montagne, s’y assit…

Jacques. Pourquoi Notre-Seigneur va-t-il toujours sur des montagnes ?

Grand’mère. Pour pouvoir prier tranquillement, loin de la foule. Et aussi pour pouvoir se faire mieux entendre du peuple qui venait le rejoindre jusque sur la montagne ; car vous savez que la voix s’entend bien mieux quand celui qui parle est placé plus haut que ceux qui écoutent.

Jacques. Ah ! c’est donc pour cela que, dans les églises, le prêtre qui prêche monte dans la chaire ?

Grand’mère. Précisément, il fait comme Notre-Seigneur sur la montagne. Notre-Seigneur fut bientôt rejoint par le peuple qui lui amenait un sourd-muet, en le priant de le guérir. Jésus, le tirant de la foule et le prenant à part, lui mit les doigts dans les oreilles et de la salive sur la langue ; puis, levant les yeux au ciel, il jeta un soupir et dit : « Ephphéta ! » ce qui veut dire : « Ouvrez-vous ! » Aussitôt les oreilles du sourd s’ouvrirent et entendirent ; sa langue se délia et il parla distinctement. Jésus leur défendit de le dire à personne ; mais plus il le leur défendait et plus ils publiaient ses miracles et faisaient éclater leur admiration. Ils disaient : « Il a bien fait toutes choses ; il a fait entendre les sourds et parler les muets. »

Élisabeth. Pourquoi Notre-Seigneur a-t-il tant fait de choses pour guérir ce sourd-muet ? Pour les autres, il voulait simplement qu’ils fussent guéris, ou bien il les touchait ; et pour celui-ci, il met ses doigts dans les oreilles du sourd, il lui met de la salive sur la langue, il lève les yeux au ciel, il soupire, et il dit un mot très-difficile.

Grand’mère. C’est pour nous faire voir que tous les malades ne se guérissent pas de la même manière, c’est-à-dire que tous les pécheurs ne se convertissent pas avec la même facilité. D’abord, celui-ci est amené par ses amis au lieu de venir lui-même, ce qui représente la mauvaise volonté des pécheurs qu’on amène difficilement à écouter la vérité ; ensuite, il reste avec tout le monde, il ne vient pas à Jésus ; c’est encore Notre-Seigneur qui le tire de la foule et qui le mène à part, comme pour lui faire perdre l’attrait du monde et l’éloigner des séductions du monde ; les doigts du Seigneur dans les oreilles et la salive sur la langue indiquent qu’il est obligé de toucher par lui-même le cœur de ce pécheur pour le guérir du mal ; le toucher ne suffit pas encore : il lève les yeux au ciel en soupirant, comme pour appeler Dieu son Père à son aide ; et enfin ce n’est qu’à la parole, à l’ordre du Seigneur, que le sourd-muet entend et parle ; c’est-à-dire que le pécheur reconnaît enfin ses péchés, et parle pour en témoigner son repentir. Tu comprends donc que tout, dans cette guérison, est la figure de la conversion du pécheur.