Librairie de L. Hachette et Cie (p. 9-12).

II

L’ANNONCIATION.
l’ange gabriel annonce à marie la naissance de jésus.



Une jeune fille de quinze ans, nommée Marie, fille de deux fidèles serviteurs de Dieu, Joachim et Anne, qui descendaient du Roi David, ancien Roi des Juifs, était mariée avec Joseph, son cousin, qui descendait aussi du Roi David. Marie était la plus belle, la plus sage, la plus excellente des créatures. Un jour qu’elle priait le bon Dieu, dans sa maison de Nazareth, elle vit tout d’un coup devant elle un Ange tout resplendissant de lumière ; c’était l’Ange Gabriel. Il lui dit :

« Je vous salue, ô Marie pleine de grâce ; le Seigneur est avec vous ; vous êtes bénie entre toutes les femmes. »

Marie se troubla en l’entendant parler ainsi, parce qu’elle était très-humble, qu’elle ne pensait jamais de bien d’elle-même, et qu’elle ne croyait pas avoir mérité d’être la femme bénie entre toutes les femmes, c’est-à-dire la Mère du Fils de Dieu qui devait venir pour sauver le monde ; elle cherchait en elle-même ce que voulait dire ce salut. L’Ange lui dit :

« Ne craignez pas, Marie, parce que vous avez trouvé grâce devant le Seigneur ; et il m’envoie vers vous, pour vous dire que vous aurez un fils ; vous l’appellerez Jésus. Il sera grand et il sera le Fils du Très-Haut. Le Seigneur Dieu le fera régner éternellement sur les hommes ; et son règne n’aura pas de fin. »

Alors, Marie dit à l’Ange : « Comment cela se fera-t-il ? »

L’Ange lui répondit : « Le Saint-Esprit descendra sur vous, et le Très-Haut vous couvrira de son ombre. Voilà pourquoi le fils qui naîtra de vous sera appelé le fils de Dieu. Et voici qu’Élisabeth, votre cousine, va aussi avoir un fils, dans sa vieillesse. On riait d’elle, en l’appelant stérile ; Dieu a voulu faire voir que rien ne lui était impossible, et, dans trois mois, Élisabeth mettra au monde un fils. »

Et Marie dit alors : « Je suis la servante du Seigneur ; qu’il me soit fait selon votre parole. »

Et l’Ange la quitta.

Valentine. Grand’mère, pourquoi l’Ange a-t-il dit qu’on se moquait d’Élisabeth parce qu’elle était stérile ? Qu’est-ce que c’est, stérile ?

Grand’mère. Stérile veut dire : qui n’a jamais eu d’enfant. Chez les Juifs, c’était une honte, comme une malédiction de Dieu, de ne pas avoir d’enfants.

Valentine. Pourquoi cela ?

Grand’mère. Parce que tous les Juifs espéraient que Jésus, le Messie promis par Dieu pour délivrer les hommes du démon, naîtrait dans leur famille ; et quand on n’avait pas d’enfants, on ne pouvait plus conserver cette espérance.

Valentine. Ah ! oui, je comprends.

Henriette. Et pourquoi l’Ange a-t-il dit que Jésus serait grand ? Comment serait-il grand ?

Grand’mère. L’Ange a voulu dire qu’il serait grand en sainteté et en puissance.

Louis. Comment donc l’Ange Gabriel a-t-il dit que Jésus régnerait toujours, puisqu’il n’a pas régné du tout et qu’il ne règne pas encore.

Grand’mère. L’Ange parlait du règne religieux, spirituel, de Jésus sur le monde entier. Le royaume de Jésus-Christ, c’est l’Église. Le Pape et les Évêques, pasteurs de cette Église, travaillent depuis dix-huit cents ans à étendre par toute la terre le règne de Jésus-Christ. Notre-Seigneur est remonté au Ciel, où il est encore, où il sera toujours, où il règne sur tous les hommes, et où il récompense les bons et punit les méchants.

Armand. Je voudrais bien voir le bon Dieu, Grand’mère.

Grand’mère. Tu ne pourras pas voir le bon Dieu, tant que tu seras vivant dans ce monde, mon cher petit. Après notre mort, nous monterons au Ciel, et nous verrons Dieu, la Sainte Vierge et les Anges.

Armand. Oh ! pourquoi pas à présent ?

Grand’mère. Parce que le bon Dieu ne le veut pas.

Armand. Mais pourquoi ?

Grand’mère. Parce que le bon Dieu ne veut pas que nous comprenions tout et que nous sachions tout, pendant que nous vivons dans ce monde ; ce sera notre récompense après notre mort, si nous sommes bons et sages, et si nous obéissons aux commandements du bon Dieu.

Henriette. Voyons, Armand, tais-toi ; tu empêches Grand’mère de raconter.

Grand’mère. Il faut bien qu’il demande ce qu’il ne comprend pas. À présent, je vais vous raconter ce qu’on appelle la Visitation, c’est-à-dire la visite de la sainte Vierge Marie à sa cousine Élisabeth, femme de Zacharie, prêtre dans le temple de Jérusalem.

Jeanne. Qu’est-ce que c’est qu’un temple ?

Grand’mère. Les temples étaient pour les Juifs ce que sont les églises pour nous ; c’était la maison du Seigneur où on gardait les commandements de Dieu écrits sur des tablettes en pierre qu’on appelait les Tables de la Loi. C’est là que les prêtres conservaient les choses saintes et que les Juifs s’assemblaient pour offrir les sacrifices.