Librairie de L. Hachette et Cie (p. 296-299).

CXII

LA SAINTE CÈNE.



Le jour des Azymes étant venu…

Petit-Louis. Qu’est-ce que c’est, les Azymes ?

Grand’mère. Les Azymes étaient du pain sans levain, que les Juifs mangeaient pendant sept jours, après avoir tué l’agneau pascal. Le premier jour s’appelait le jour des azymes.

Les pains d’autel ou hosties dont se servent les Prêtres à la messe, sont des pains Azymes.

Ce jour-là étant venu, Jésus dit à Pierre et à Jean :

« Allez nous préparer la Pâque, afin que nous la mangions.

— Où voulez-vous que nous la préparions, Seigneur ? » lui demandèrent-ils.

Il leur répondit :

« En entrant dans la ville, vous rencontrerez un homme portant une cruche d’eau. Suivez-le dans la maison où il entrera, et vous direz au maître de la maison : « Voici ce que vous fait dire le Seigneur : Quel est le lieu où je dois manger la Pâque avec mes disciples ? » Et il vous montrera une grande salle bien ornée ; c’est là que vous nous préparerez ce qu’il faut. »

Les disciples s’en allèrent dans la ville ; ils trouvèrent tout comme le Seigneur le leur avait dit (miracle qu’on ne remarque pas assez) ; et ils préparèrent la Pâque.

Marie-Thérèse. Qu’est-ce qu’il y avait à préparer ?

Grand’mère. Beaucoup de choses ; il fallait avoir un agneau, le tuer, le faire rôtir ; avoir des pains Azymes, et puis certaines herbes amères qu’on mangeait avec l’agneau ; il fallait préparer la table et tout ce qui était nécessaire pour le repas de l’agneau pascal, c’est-à-dire de la Pâque.

Le soir étant arrivé, Notre-Seigneur monta à Jérusalem avec ses douze Apôtres.

Valentine. Pourquoi dites-vous, Grand’mère, que Jésus monta à Jérusalem ?

Grand’mère. Parce que la ville était sur une hauteur et qu’il fallait monter pour y arriver.

Quand l’heure fut venue, environ huit heures du soir, il se mit à table et les douze Apôtres avec lui.

Et il leur dit :

« J’ai désiré ardemment de manger la Pâque avec vous, avant de souffrir. Car je vous déclare que désormais je ne mangerai plus de cette Pâque avec vous, jusqu’à ce que je vous reçoive dans le Royaume de Dieu. »

Ensuite, prenant la coupe de vin, il rendit grâces, et dit :

« Prenez et buvez. Car je vous déclare que je ne boirai plus de ce fruit de la vigne, jusqu’au jour où je le boirai de nouveau avec vous dans le Royaume de mon Père. »

Or, pendant qu’ils mangeaient, il leur parla ainsi :

« Je vous le dis en vérité, l’un de vous me trahira ! »

Cette parole les ayant fort affligés, chacun se mit à demander :

« Est-ce moi, Seigneur ? »

Et Jésus leur répondit :

« Celui qui me trahira, met sa main dans le plat avec moi. Pour ce qui est du Fils de l’Homme, il s’en va selon qu’il a été prédit de lui ; mais malheur à celui par lequel Le Fils de l’Homme sera trahi. Il eût bien mieux valu pour lui qu’il ne fût jamais né ! »

Judas, celui-là même qui le trahissait, lui dit à voix basse :

« Maître, est-ce moi ?

— C’est vous, » lui répondit de même Jésus.

Jacques. Mais comment les Apôtres ne se sont-ils pas jetés sur Judas pour l’enfermer et pour l’empêcher de trahir leur Maître ?

Grand’mère. D’abord parce qu’ils n’avaient pas bien entendu la demande de Judas et la réponse du Sauveur ; et puis parce qu’ils ne savaient pas de quelle trahison voulait parler Jésus, et à quelle époque devait se faire cette trahison qui leur paraissait si horrible qu’ils ne pouvaient y croire.