Librairie de L. Hachette et Cie (p. 294-296).

CXI

LES JUIFS TIENNENT CONSEIL.
TRAHISON DE JUDAS.



Jésus, ayant ainsi parlé, dit à ses disciples :

« Vous savez qu’on célébrera la Pâque dans deux jours, et que le Fils de l’Homme sera livré pour être crucifié. »

Pendant ce temps, les Princes des Prêtres et les Anciens du peuple s’étaient assemblés dans la salle de Caïphe, le Grand Prêtre. Ils cherchaient le moyen de se saisir adroitement de Jésus et de le faire mourir sans ameuter le peuple. « Mais, disaient-ils, il ne faut pas que ce soit durant la fête, car tout le peuple étant rassemblé, il pourrait y avoir du tumulte et une révolte. » Et ils ne savaient comment faire.

Pendant qu’ils délibéraient, Satan s’empara de Judas Iscariote, l’un des douze Apôtres.

Jacques. Comment fit-il pour s’en emparer ?

Grand’mère. En lui donnant de mauvaises pensées que Judas reçut dans son cœur au lieu de les repousser avec horreur. Judas avait perdu la foi ; de plus, il aimait l’argent ; ce fut ce qui le perdit. Satan lui représenta que sa trahison envers son maître lui serait largement payée ; Judas se complut dans cette pensée, et il résolut de trahir Jésus et d’aller le vendre à ses ennemis. À partir de ce moment il fut l’esclave de Satan.

Judas alla immédiatement trouver les Princes des Prêtres pendant qu’ils délibéraient sur les moyens de prendre Jésus. Il leur offrit de le leur livrer. Ils acceptèrent avec joie, car ils n’osaient le prendre publiquement et ils ne savaient où il se retirait la nuit.

Ils firent donc leur marché avec le traître Judas, et ils convinrent de lui payer trente pièces d’argent quand il aurait livré Jésus.

Jacques. Quel abominable homme que ce Judas ! Notre-Seigneur aurait dû le chasser depuis longtemps.

Grand’mère. Notre-Seigneur voulait avant tout obéir à Dieu son Père, sauver les hommes et accomplir les prophéties. En laissant Judas libre de rejeter tous les bons sentiments que devait faire naître en lui tout ce qu’il voyait et tout ce qu’il entendait, en ne le forçant pas à devenir bon, Notre-Seigneur exécutait la volonté de son Père Céleste qui respecte toujours notre liberté, et il nous donnait l’exemple le plus sublime de charité, d’humilité, de patience, de douceur, d’obéissance et de toutes les vertus qu’il avait prêchées dans sa vie.

Il y avait plus d’un an que Judas avait perdu la foi ; l’Évangile le dit formellement. Les mauvais chrétiens font comme Judas. Ils trahissent et ils abandonnent Jésus-Christ, qui cependant est patient avec eux et leur accorde souvent de longues années pour leur laisser le temps du repentir. Et de même que Judas, ils sont inexcusables s’ils ne se convertissent pas.