Études sur l’Italie, suite
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V.
À M. L. Boulanger.

Lorsque Paul Véronèse autrefois dessina
Les hommes basanés des noces de Cana,
Il ne s’informa pas, au pays de Judée,
Si par l’or ou l’argent leur robe était brodée ;
De quelle forme étaient les divins instrumens
Qui vibraient sous leurs doigts en ces joyeux momens ;
Mais le Vénitien, en sa mâle peinture,
Fit des hommes vivans comme en fait la nature.
Sur son musicien on a beau déclamer,
Je ne puis, pour ma part, m’empêcher de l’aimer ;
Qu’il tienne une viole ou qu’il porte une lyre,
Sa main étant de chair, je me tais et j’admire.



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