Études et Préludes (1901)/« Elles passent au loin, frêles musiciennes »

Pour les autres éditions de ce texte, voir « Écoutez... Celles-là sont les Musiciennes ».

Études et PréludesAlphonse Lemerre. (p. 121-122).
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SONNET


Elles passent au loin, frêles musiciennes.
Leur présence est pareille à l’ombre d’une voix,
Et leur souffle est dans l’air plein de légers émois,
D’accords agonisants aux langueurs lesbiennes.

Elles vont enseigner, formes aériennes,
L’harmonie et la règle aux rossignols des bois
Et murmurent en chœur leurs amours d’autrefois,
Aux sons luxurieux des lyres anciennes.


Leurs vers de passion pleurent au fond des nuits.
Elles mêlent des vols, des frissons et des bruits
Aux forêts de mystère et d’ombre recouvertes.

Comme pour exhaler le chant ou le soupir
On les sent hésiter, les lèvres entr’ouvertes…
Et le poète seul les entend revenir.