Études de l’antiquité/01
Si dans un petit état de la Grèce, un homme se proposait d’écrire l’histoire de sa patrie, l’entreprise, quoique laborieuse, avait des limites qui la définissaient clairement et promettaient une exécution simple, sans épuiser trop de temps et trop de forces. La cité de l’écrivain possédant une place reconnue et distincte dans l’économie de la confédération hellénique, il n’avait à s’inquiéter que de conter l’histoire publique de cette cité, les évènemens heureux ou funestes, déposés dans la mémoire des vieillards, les guerres et les factions : il était facilement artiste. Au contraire, le plus petit des états modernes a une histoire infinie qui s’est compliquée tant par les rapports domestiques que par les rapports universels avec l’humanité même, et l’historien, au milieu de ce concours d’élémens divers, devient et reste difficilement artiste.
En relisant Tacite, à l’occasion de l’excellent et nouveau travail de M. Burnouf, dont nous allons parler tout à l’heure avec quelques détails, nous avons été frappé combien cet homme vient se placer avec une admirable force entre l’histoire antique et l’histoire moderne, participe de toutes deux, posant sa statue et ses œuvres entre deux mondes, et semblant vouloir donner le temps aux modernes, aux Italiens et aux Gaulois, à Machiavel et à Montesquieu, d’arriver.
Tacite et Plutarque furent contemporains et consommèrent avec génie l’antiquité. L’un s’empara de l’histoire, l’autre de la biographie ; Cornelius a sur l’homme de la Béotie la supériorité du genre et du style, non que nous voulions assigner au citoyen de Chéronée un désavantage injuste ; Plutarque compense l’infériorité que nous avons relevée par l’étendue des connaissances et des secours qu’il prête à l’histoire de la philosophie et des religions ; il la compense encore par l’influence indélébile et bonne qu’il exerce sur le genre humain. Les Biographies de Plutarque sont peut-être le livre qui a le mieux mérité de l’humanité : elles sont le bréviaire des enfans qui doivent être un jour des grands hommes, aiguillon éternel, archives de la gloire, médailler toujours pur et toujours resplendissant de ces grandes effigies où l’humanité se plaît à reconnaître son image.
Quand nous songeons à Tacite, il est un préjugé qui semble venir toujours se placer entre nous et l’historien pour nous en obscurcir l’intelligence. Confusément nous voyons dans Tacite, dont la vie est peu connue, un homme sombre, malheureux, aigri, sorte de Némésis vengeresse, s’attachant aux traces de Tibère et de Néron, redresseur fatal des torts faits à la vertu, souffrant et écrivant pour elle. Une lecture nouvelle de Tacite nous a convaincu que cette représentation traditionnelle que nous nous transmettons les uns les autres, est mensongère ; et que si Tacite avait une divinité à laquelle il sacrifiait et qui le poussait, cette divinité n’était pas la vertu, mais l’art.
D’abord Tacite ne fut pas malheureux ; depuis long-temps son exil est relégué parmi les mensonges historiques. Après avoir suivi, comme il est permis de croire, l’enseignement de Quintilien, les leçons de la philosophie stoïque, et peut-être embrassé pour un an ou deux le service militaire, Cornelius se fit avocat quelque temps avant Pline le Jeune. Le vigintivirat le conduisit à la questure. Questeur et chevalier, il épousa la fille d’Agricola : Titus accrut ses honneurs ; la préture lui échut sous Domitien. Une assez longue absence de Rome, dont mal à propos on a fait un exil, sépare la préture de l’historien de son consulat ; c’est dans cet intervalle qu’on peut placer ses voyages dans la Grande-Bretagne et en Germanie. Après son consulat, il soutint avec une éloquence grave l’accusation intentée par les Africains contre un de leurs proconsuls : il survécut quelque temps à Pline son ami, et mourut assez tard dans la force et l’exercice de son génie. Il y a peu d’aventures dans cette vie ; elles se passèrent toutes dans la tête et l’imagination de Tacite ; jamais écrivain, dans des jours plus tranquilles, n’a été mû par des pensées plus grandes et plus véhémentes.
Il était une île peu connue des Romains et dont à toute heure ils recommençaient la conquête sanglante et précaire. Agricola, beau-père de l’historien, avait fait ses premières armes en Bretagne, et depuis nommé consul, en avait reçu le gouvernement. Non-seulement il administra bien sa conquête ; mais il l’agrandit. Tacite, et ce fut son début dans le métier d’écrivain, conçut d’un coup le parti qu’il pouvait tirer de ce nom de famille mêlé aux destinées d’un peuple inconnu, et il enferma une histoire dans les proportions d’une biographie. Agricola était un héros convenable pour cette œuvre nouvelle qui jusqu’alors n’avait pas d’analogue dans la littérature de l’antiquité : il était passablement grand ; on disait sa vertu certaine ; mais son génie semblait problématique. Bonum virum facile crederes, magnum libenter ; excellent sujet d’une composition où devait figurer un bien autre héros, un peuple, les Bretons. Non, jamais l’art d’un écrivain n’a mieux triomphé. Tacite commence par de douloureux regrets sur la servitude romaine ; puis il suit Agricola en Bretagne, raconte ses premiers gestes, enfin amène les Bretons sur la scène ; ils sont le véritable personnage. Leurs mœurs, leur origine, leur culte, la nature de leur climat, les productions de leur île, les premières entreprises de Jules César, les différentes expéditions et vicissitudes des généraux romains jusqu’à la venue d’Agricola, les campagnes de ce dernier, l’histoire de la ligue des peuples de Calédonie, Galgacus, les mœurs des Barbares et des Romains opposées entre elles par un contraste aussi vif que le choc de leurs armées, forment le centre du morceau. Agricola revient à Rome, essuie les outrageantes froideurs de Domitien et meurt ; fut-il empoisonné ? Tacite ensevelit son beau-père avec une éloquence funèbre qui resta sans pareille jusqu’à Bossuet ; il montre dans le lointain les calamités de Rome qu’Agricola n’a pas vues, et termine son récit par un immense pressentiment que l’âme des hommes est immortelle. Maintenant, demandez aux Anglais ce qu’ils pensent de la Vie d’Agricola ; eh ! c’est à leurs yeux la première page de leur histoire ; ils ont été installés par cette biographie dans la notabilité historique ; et dans les fastes de cette île, Tacite a mis sa plume à côté de l’épée de César.
Quelques publicistes ont reproché à Tacite son imagination ; c’est à peu près lui avoir reproché d’être Tacite. Où Cornelius aurait-il trouvé le mobile qui l’excitait à la peinture des choses les plus nouvelles, sinon dans cette imagination rationnelle qui est le premier caractère de son génie ? Oui, Tacite a écrit avec son imagination ; il a été frappé de l’opposition si vive des Romains et des Germains, de la corruption d’un empire qui s’en va, et de la naïveté d’une société qui veut naître. L’opposition était vraie autant que belle ; elle existait en réalité ; il ne l’a pas créée, mais il l’a vue ; il n’en a pas été le créateur fantastique, mais l’historien profond et l’observateur immortel. Cette fois plus de biographie, les Germains figureront seuls. Tacite commence simplement à la manière des anciens, qui jamais, dans leurs exordes, n’ont embouché la trompette. Quand il a déclaré son projet, les caractères généraux de la Germanie se pressent sous sa plume ; il les peint avec cette continuité énergique, cette force rapide qui ne l’abandonne jamais ; tout s’enchaîne, faits, considérations, tableaux ; enfin la physionomie générale du peuple une fois tracée, l’historien prend, les unes après les autres, les populations enfermées entre le Danube et le Rhin, et il trouve encore le moyen d’être spécial et nouveau, alors même qu’il semblait avoir épuisé la matière. Quand il n’a plus rien à dire, il se tait : Quod ego, ut incompertum, in medium relinquam ; je laisserai dans leur incertitude les faits mal éclaircis. Tacite n’a pas composé le De moribus Germanorum avec le pédantisme d’un dissertateur ; il traçait ses tableaux avec les forces mâles et libres que lui prêtait un heureux mélange d’imagination, d’ame et de raison ; c’est plus qu’un écrivain, c’est un de nous, c’est un homme. Il n’y a pas à se défier de lui ; il écrit trop bien pour ne pas dire la vérité, et c’est trop vivant pour n’être pas réel. Les peintures que Tacite a faites des Germains sont magnifiquement vraies : plus on pénètre dans le sens intime de la vie germanique, plus on estime sincères les représentations que nous en a laissées ce Romain. Par quelle puissance de divination juste un Italien a-t-il donc commencé l’histoire de la patrie des Niebelungen ?
Ainsi voilà Tacite ouvrant les annales de l’Angleterre et de l’Allemagne, et placé comme le dernier des anciens à la porte de l’histoire moderne. Après la Vie d’Agricola et les Mœurs des Germains, l’écrivain dut avoir l’entière conscience de ses forces, et reportant ses regards sur Rome, se trouver la vigueur de la peindre pour l’offrir à elle-même. Tacite a presque toujours écrit sur des faits et des hommes dont il était le contemporain. Ainsi firent généralement les historiens de l’antiquité, Xénophon, Salluste, Thucydide. Le gendre d’Agricola se mit à raconter l’histoire romaine depuis la mort de Néron jusqu’à celle de Domitien. C’est un espace de vingt-huit ans ; nous n’avons de cet ouvrage, les Histoires, que les quatre premiers livres et le commencement du cinquième, et encore ces précieux restes n’embrassent qu’un an et quelques mois, tant le récit de l’historien était explicite et savant ! Il faut nous contenter de la peinture des luttes de Vitellius et d’Othon, de l’avènement de Domitien, de quelques expéditions sur le Rhin, et de l’épisode presque homérique du siège de Jérusalem :
Jérusalem, objet de ma douleur,
Quelle main en un jour t’a ravi tous tes charmes ?
Qui changera mes yeux en deux sources de larmes
Pour pleurer ton malheur ?
Cependant, après ses Histoires, Tacite entama quelque chose de plus grand encore ; il entreprit le récit des choses romaines durant un espace de cinquante ans, entre la mort d’Auguste et celle de Néron. Tibère occupe les six premiers livres. Le temps nous a envié la conjuration et la mort de Séjan. Caligula nous manque ; nous trouvons au onzième livre Claude et Messaline. Le récit continue sans interruption jusqu’à la mort de Thraséas qui se fit ouvrir les veines deux ans avant que Néron, aidé par son secrétaire Epaphrodite, se mît à grand’peine un poignard dans la gorge. Ainsi Tacite rejoignait à la fin de ses Annales le commencement de ses Histoires. Les Annales nous semblent le chef-d’œuvre de Tacite, et dans les Annales, les trois premiers livres sont à coup sûr ce que l’historien a composé de plus harmonieux et de plus beau. L’ouverture du règne de Tibère précédée de la mort d’Auguste, les premiers troubles militaires dans la Pannonie et sur le Rhin, l’offre de l’empire fait à Germanicus, l’opiniâtre résolution de Tibère de ne pas quitter Rome, les combats de Germanicus et d’Hermann, le prince romain arraché à ses triomphes germaniques, l’Orient qui, suivant Tibère, avait besoin de la sagesse de Germanicus, Orientem, nisi Germanici sapientia, componi, remis entre les mains du jeune stoïque, les pièges de Pison, le voyage en Égypte de l’émule d’Alexandre, sa mort, la douleur et le retour d’Agrippine, la dissimulation de Tibère qui publie un édit pour consoler les citoyens, car, disait-il, principes mortales, rempublicam œternam esse ; le procès de Pison, l’abus fait par les délateurs de la loi Julia-Poppea, une excursion admirable sur l’antiquité du droit et des mœurs des Romains, les accusations de lèse-majesté se multipliant, des adulations folles à soulever le dégoût de Tibère, la première faveur de Séjan, et pour clore le tableau, les images de Brutus et de Cassius resplendissant par leur absence aux funérailles de Junie, sœur de Brutus, femme de Cassius, et nièce de Caton ; voilà comme une tragédie complète sur la première partie du règne de Tibère. En général Tacite, dans ses récits, développe une habileté dramatique de l’ordre le plus élevé ; il est dramatique comme doit l’être l’historien ; sans altérer les faits, sans dénaturer les hommes, il leur demande tout ce qu’ils enferment de poésie réelle, et il les laisse dans leur vérité, tout en les agrandissant dans leurs vices et leurs vertus. De plus, Cornelius avait quelque chose de tragique dans l’imagination et dans le cœur ; n’y a-t-il pas chez lui des traits et des scènes qui rappellent l’indomptable énergie de Shakspeare ?
Quel est l’auteur du Dialogue sur les orateurs, est-ce Quintilien ou Tacite ? Des preuves matérielles ne permettent guère d’ôter ce dialogue à Tacite. Tous les manuscrits portent le nom de l’historien, et un grammairien du moyen-âge, Pomponius Sabinus, cite comme de Tacite une expression remarquable qui ne se trouve que dans cet ouvrage, Calamistros Mæcenatis. Des alliances de mots, des formes de style qui appartiennent particulièrement au peintre de Tibère, ont été également relevées. Nous dirons en outre que la portée infinie de ce dialogue ne laisse pas douter qu’il ne soit la propriété de Tacite. C’est une satire des mœurs, du goût et de l’éducation du siècle ; il s’agit beaucoup moins des détails du style oratoire, que du fond des choses ; sous un prétexte littéraire, ce morceau est une peinture de la société : et puis des traits qui révèlent Tacite : Magna eloquentia, sicut flamma, materia alitur, et motibus excitatur et urendo clarescit… Bono sæculi sui quisque, citrà obtrectationem alterius, utatur. Le talent de Cornelius se pliait à tout avec une souplesse extrême. Tous les artifices de la composition littéraire lui étaient familiers. Ainsi il trouve le moyen d’exprimer son humeur sur l’impuissance de la liberté antique, dont il est le triste spectateur, en mettant dans la bouche de Maternus une amère satire de la démocratie athénienne. Il se sert d’un des interlocuteurs, Aper, qui s’est fait l’avocat du siècle, pour critiquer vivement Cicéron et son style ; c’était répondre à ses détracteurs, qui lui reprochaient de n’avoir pas la phrase cicéronienne, et d’écrire suivant les suggestions de son propre génie.
« Les premiers discours de Cicéron, dit Aper, ne sont pas exempts des défauts de l’antiquité : il est lent dans ses exordes, diffus dans ses récits, sans fin dans ses digressions ; il tarde à s’émouvoir, s’échauffe rarement, termine peu de phrases par un trait heureux et lumineux. Rien à détacher de son ouvrage, rien à retenir ; c’est un édifice d’une architecture grossière, dont les parois solides et durables n’ont pas assez de brillant et de poli. Or l’orateur est pour moi comme un père de famille riche et honorable ; il ne suffit pas que son toit le mette à couvert de la pluie et des vents ; j’y veux quelque chose pour la décoration et les regards. C’est peu qu’il soit fourni des meubles indispensables aux usages de la vie ; je veux qu’il y ait, parmi son mobilier, de l’or et des pierreries que l’on puisse prendre dans la main et regarder plus d’une fois ; je veux qu’il recule des yeux certaines pièces surannées et flétries ; qu’il ne paraisse pas chez lui un mot infecté de la rouille du temps, pas une phrase d’une construction lâche et traînante comme celles des vieilles annales ; qu’il évite toute basse et insipide bouffonnerie ; qu’il varie la composition de ses périodes, et qu’il ne les termine pas toutes par une seule et uniforme cadence[2]. » Cette véhémente censure de Cicéron n’était-elle pas pour Tacite d’ingénieuses représailles ? Le Dialogue sur les orateurs montre combien l’ami de Pline-le-Jeune était riche en formes, en développemens oratoires ; il n’y a pas à s’en étonner ; tout grand historien tient nécessairement quelque chose de l’orateur.
Juste-Lipse, dans sa vie de Tacite, dit : Nominantur et ejus facetiarum libri à Fulgentio. Si donc nous en croyons le grammairien Fulgentius Planciadès, et rien n’empêche de lui prêter créance, Tacite avait écrit des facéties. Cela ne doit pas plus nous surprendre que le Dialogue sur les orateurs ; tout grand historien tient nécessairement quelque chose du poète comique.
Jamais homme ne s’est donné plus librement le spectacle des choses humaines : il se sentait venu au monde pour les voir et les écrire. Rien ne lui en interceptait l’intuition nette et vaste : il se gardait libre au milieu de toutes les opinions et de tous les évènemens. Il approuvait beaucoup de maximes chez les stoïciens, mais il ne s’asservit jamais au rigorisme absolu de cette secte ; il croyait à une fatalité continue, menant le monde ; mais il accordait à l’humaine liberté un jeu suffisant ; philosophe, il se plaisait parfois à raconter les superstitions populaires ; il n’aimait ni les Juifs ni ceux des Juifs qui s’appelaient chrétiens, mais il n’avait pas le fanatisme de la ferveur païenne. Un instinct secret, qui l’attirait vers la Grande-Bretagne et la Germanie, lui dénonçait la ruine prochaine de la société qu’il peignait ; il accepta sans abattement son siècle et sa place ; il jouit de l’amitié de Pline, de l’estime des bons, de l’admiration publique, d’une vie longue et de son génie.
L’art fut le dieu de Tacite. Satisfaire ses vastes facultés par leur application, trouver des idées et des saillies à toutes les faces de son esprit, des sujets où il pût à la fois se montrer éloquent, comique, poète, savant, tragique, changer le style romain, n’écrire ni comme Cicéron, ni même comme Sénèque qui mourait pendant son enfance, innover dans l’histoire telle que la connaissait l’antiquité, pénétrer pour la première fois dans l’intimité du cœur et de la vie, revêtir un fonds immense de formes aussi pures que celles de Salluste et de Thucydide, voilà sa passion et sa vie. Tacite est questeur, préteur et consul par accident, mais il ne se propose sérieusement que d’être écrivain immortel ; il s’efface devant le genre humain ; aussi avec quel goût il parle de lui-même, quand à grand hasard il en parle ! Quelle sobriété admirable dans sa personnalité ! comme il se perd noblement dans la foule des hommes et des choses qu’il pousse et qu’il accumule dans son récit ! Cet homme est aussi convenable que sublime.
Entre les mains de Tacite, l’art fut utile au monde, comme entre les mains d’Homère, comme en celles de Dante ; cependant ni Dante, ni Homère, ni Tacite n’eurent le dessein prémédité d’être positivement utiles au genre humain. Mais c’est une loi divine que l’art, se développant dans une large droiture, s’élève fatalement à une haute moralité.
Aujourd’hui, il peut y avoir de la volonté dans la moralité de l’artiste ; au moyen âge, dans l’antiquité, il n’y avait que de l’instinct.
C’est la glorieuse récompense des grands artistes d’être de siècle en siècle appréciés différemment : dans leur immortelle durée, ils éprouvent des vicissitudes ; ils demeurent un problème à l’humanité ; on les débat ; leur place change dans l’esprit des hommes, tantôt plus haut, tantôt plus bas, dans une catégorie, puis dans une autre ; mais leurs noms éternels peuvent attendre patiemment la réparation d’injustices passagères ; ils vivent, voilà l’essentiel.
Si donc, d’intervalle en intervalle, il se fait un nouveau contrôle des monumens et des gloires historiques, nous devons un gré infini aux savans qui, comme M. Burnouf, nous fournissent les moyens de rendre ce nouvel examen plus complet et plus facile : M. Burnouf a parfaitement senti ce renouvellement séculaire qui se fait pour les modernes des œuvres de l’antiquité, et dans l’avertissement qui précède la traduction des Histoires, il s’exprime ainsi : « Une traduction, pour être lue, doit être de son siècle. Et je ne plaide pas ici la cause du néologisme : la nouveauté des mots ne fait pas celle du style, et la langue française possède depuis longtemps des expressions pour toutes les idées. Mais il est un progrès universel auquel ce genre d’ouvrages doit participer comme le reste. Les mêmes choses sont envisagées, d’un siècle à l’autre, d’une manière différente ; on découvre chaque jour, dans des objets déjà et souvent observés, des rapports inaperçus, et pour appliquer à un objet particulier cette remarque générale, on entend mieux les anciens depuis que les grandes scènes de l’histoire se sont en quelque sorte renouvelées sous nos yeux. Cette lumière qui naît des évènemens et du jeu des passions, nous montre dans leurs écrits ce qu’auparavant on n’y distinguait pas assez. Si donc il est vrai de dire que ce serait manquer à la vérité historique et faire un perpétuel anachronisme que de ne regarder l’antiquité qu’à travers les intérêts contemporains et la politique du jour, il est vrai aussi que le traducteur est entraîné par le mouvement public de son temps, qu’il en reçoit l’impression, et que son travail en réfléchit une image plus ou moins fidèle. » On ne saurait rien dire de plus simple et de plus juste. C’est donc dans cette excellente idée de donner au dix-neuvième siècle un Tacite qui lui convînt, que M. Burnouf a travaillé.
Le savant professeur au collège de France apportait à cette tâche d’éminentes aptitudes, une connaissance approfondie de l’antiquité, tant grecque que romaine, une compétence de premier ordre dans les lettres latines, la conscience intime des ressources et des originalités de la langue française ; un talent remarquable pour écrire, une raison droite, une intelligence ferme. Avec de tels avantages M. Burnouf pouvait certainement songer à écrire pour son compte un livre original qui nous aurait instruits ; il a mieux aimé consacrer ses forces à la traduction d’un des monumens les plus durables de l’antiquité. Nous devons l’en remercier hautement, il faut louer cette abnégation courageuse et active qui s’emploie si laborieusement à être utile ; puisse M. Burnouf trouver sa récompense dans ces lignes de D’Alembert : « En accordant aux écrivains créateurs le premier rang qu’ils méritent, il semble qu’un excellent traducteur doit être placé immédiatement après au-dessus des écrivains qui ont aussi bien écrit qu’on peut le faire sans génie[3]. On ne saurait traduire convenablement Tacite sans être soi-même un bon écrivain ; et encore une fois nous ne pouvons payer de trop de reconnaissance les hommes éminens qui, comme M. Burnouf, prêtent à l’étude de l’antiquité l’appui désintéressé de leur talent, et forment ainsi un noble contraste avec ces spéculateurs de traduction et de philologie, faisant de l’érudition classique métier et marchandise, fléaux de la vraie science, espèce pullulant en tous pays, aussi bien en Allemagne qu’en France, et que vient de marquer d’une énergique réprobation M. Otfried Müller dans la préface de sa nouvelle édition de Varron.
La traduction de M. Burnouf nous paraît convenir parfaitement aux dispositions de notre siècle. Elle est à la fois libre et fidèle, mâle et correcte ; elle reproduit sincèrement l’auteur ancien par une réalité à la fois antique et moderne. Nous ne citerons rien ; une citation unique serait tout ensemble insuffisante et inutile : que ceux de nos lecteurs qui ne connaissent pas encore la traduction nouvelle, s’en procurent le plaisir et l’instruction : nous les renvoyons surtout aux premiers livres des Annales ; peut-être dans les Histoires, M. Burnouf ne s’est-il pas assez permis toutes les hardiesses légitimes qui naissaient naturellement sous sa plume ; peut-être les a-t-il effacées. Quoi qu’il en soit, nous l’engageons à les rétablir dans une nouvelle édition, et à remettre certains endroits des Histoires à l’unisson des vigoureuses couleurs qui se font voir dans la traduction des Annales.
Les notes qui accompagnent la version nouvelle témoigneraient seules de la science classique du traducteur. On a dit que lorsqu’un Allemand faisait un livre, il y mettait sa bibliothèque ; il y a malheureusement parmi nous beaucoup d’écrivains qui seraient embarrassés pour se rendre coupables d’une semblable diffusion. M. Burnouf n’a pas mis dans ses notes toute l’érudition qu’il possède, mais il a choisi avec un goût infini parmi les richesses qu’il tient à sa disposition. Il résume avec la conscience la plus probe tout ce que contiennent d’essentiel les travaux de ses devanciers tant philologues que traducteurs, et il y ajoute ses propres recherches fécondes en rapprochemens ingénieux et nouveaux.
Le traducteur de Tacite connaît à fond la structure, les propriétés de notre langue, et tout le parti qu’en ont su tirer nos grands et bons écrivains : il connaît les rapports intimes entre l’idiome latin et le nôtre, l’espèce d’empire exercé par le génie de l’antique Italie sur notre littérature : nous eussions désiré que, dans son introduction, à laquelle nous n’avons d’autre reproche à faire que sa brièveté, il eût suivi depuis l’origine jusqu’à nos jours, depuis Balzac, qu’il a beaucoup lu, jusqu’à M. de Châteaubriand, l’influence qu’ont reçue de la plume et de la manière de Tacite nos grands écrivains. Nul n’avait plus d’autorité que M. Burnouf pour écrire ce travail à la fois littéraire et historique, où devraient comparaître tour à tour Montaigne, Balzac, ce précurseur de Bossuet, l’évêque de Meaux se faisant une langue avec autant de puissance que Tacite lui-même, l’auteur de Britannicus, l’auteur d’Othon, Montesquieu, D’Alembert, Rousseau, Camille Desmoulins, Joseph Chénier, M. de Châteaubriand.
Une des choses qui nous paraissent avoir le mieux préparé M. Burnouf à traduire Tacite, c’est le commerce qu’il a longtemps entretenu avec Salluste dont il nous a donné une fort bonne édition. Salluste précédant Tacite d’un siècle nous est une preuve nouvelle de l’espèce d’harmonie préétablie qui préside à la succession des hommes de génie. Salluste est tout-à-fait un historien antique ; mais cet émule de Thucydide a déjà quelque chose de plus intime que son modèle : ses statues sont aussi pures que celles du fils d’Olorus, mais leur vue inspire peut-être des réflexions plus profondes. Cependant ce n’est pas encore la profondeur moderne de Tacite. Au surplus il est fort naturel que dans l’esprit des romains Salluste ait toujours passé pour le premier de leurs historiens ; le vers de Martial est bien connu :
Mais peut-être n’a-t-on pas assez remarqué celui qui le précède, et qui montre que Martial n’exprimait pas son opinion particulière, mais le sentiment général de Rome et des connaisseurs :
Rien dans les lettres latines ne saurait égaler Salluste pour la pureté du dessin et l’harmonieuse simplicité des formes ; ses physionomies demeurent gravées dans l’imagination aussitôt qu’aperçues ; son récit vous emporte et vous subjugue par un mouvement victorieux que Quintilien a si bien appelé : Immortalem illam Sallustii velocitatem. Ces dons admirables servaient d’interprète à une intelligence politique qui n’hésita pas entre César et Pompée, qui se mit au service de la cause démocratique, qui prodiguait à l’égoïsme impuissant de l’aristocratie les plus sanglans mépris. Les deux lettres à César de republica ordinandâ témoignent que l’historien était un homme d’état. Salluste ne vécut que cinquante-deux ans ; il mourut quatre ans avant la bataille d’Actium, allant rejoindre à propos Marius et César.
Thucydide, Salluste, Tacite, sont les trois dieux de l’histoire antique ; mais je ne saurais parler de Thucydide en courant, je m’abstiens d’une telle profanation, et je veux seulement, puisque l’occasion s’en rencontre, engager à de nouvelles études sur l’antiquité ceux qui font de la pensée une occupation. D’abord êtes-vous las des jours misérables qui pèsent sur nous, avez-vous satiété de cet égoïsme qui étale ses petitesses triomphantes, et se proclame la dernière vertu du genre humain ? L’étude de l’antiquité vous offre un refuge, des spectacles qui vous consoleront un peu, et vous aideront à mettre de côté un peu d’espoir et de force pour les destinées moins infimes et les dédommagemens que nous doit la Providence. Mais c’est peu de ces adoucissemens apportés aux douleurs de l’ame par la contemplation de l’antique, notre intelligence a besoin de l’intuition claire de tout ce qui fut dès l’origine des temps. Il ne s’agit pas ici de voir les anciens par les yeux de Rollin, de Crevier, de Le Batteux, mais de les voir nous-mêmes. Nous procédons de l’antiquité, aussi bien que du moyen-âge, aussi bien que des temps modernes les plus immédiats ; omettre un des termes de la solidarité humaine, c’est manquer à la fois la connaissance tant de chacun des termes que de l’ensemble.
Il y a quelques années, on se proposait en France la connaissance exclusive du moyen-âge ; on formait une espèce de cercle fatal autour de l’objet qu’on voulait étudier ; on s’y enfermait comme dans une chapelle bien close ; au milieu de cette préoccupation, peu s’en fallut qu’on n’oubliât et les temps qui avaient précédé et les temps qui suivaient le moyen-âge, la nature et l’humanité. Or cette disposition, non-seulement nuisait à une compréhension générale des choses ; mais même elle n’était pas favorable à l’intelligence unique de cette époque dont on se montrait si entêté. Ce ne sont pas les tournois chevaleresques, les tourelles, les reliques et les coquilles de pèlerin qui constituent le moyen-âge ; il est tout entier dans le progrès moral dont l’entente suppose la connaissance de l’époque précédente, c’est-à-dire de l’antiquité. Il est encore dans ces indices si frappans d’œuvre incomplète et inachevée qui appellent les progrès ultérieurs de la sociabilité moderne. Plus on a vu de choses contraires, mieux on les sent, mieux on les pénètre : ainsi la vue antérieure du Panthéon d’Agrippa redouble les émotions que vous éprouvez au sein du cloître de Cantorbéry.
L’humanité ne se laisse pas enfermer dans les compartimens où voudraient la tenir les regrets, les préoccupations et les désirs qui n’ont pas leur racine dans la généralité même de l’esprit humain. Autant nous consentons aux sincères doléances, aux nobles tristesses que font naître dans quelques ames les catastrophes accumulées des institutions qui ont perdu leur puissance sur le monde, autant nous réprouvons avec véhémence ces obstinations étroites qui s’acharnent à lier la fortune de ce qui doit toujours vivre avec ce qui ne peut plus renaître. Que dire, par exemple, de ces tentatives d’éterniser la religion et l’unité sociale dans la papauté romaine, au moment où cette papauté romaine est convaincue d’avoir maudit l’intelligence et la liberté[4], au moment où elle outrage dans ses Encycliques le seul grand homme que possède aujourd’hui l’église[5], et qui devrait siéger au trône de saint Pierre, si le catholicisme, comme autrefois, couronnait le génie ? Que dire de ces tentatives, si ce n’est qu’elles n’auront d’autre effet que de rendre plus éclatant ce qu’il y a d’irréparable dans les ruines humaines ?
Les destinées de l’humanité ont deux grands interprètes, l’épopée et l’histoire, qui racontent différemment les vicissitudes de l’homme et du monde.
L’épopée a le droit de se créer un monde idéal. Le poète qui tient à sa disposition la connaissance de la nature, de l’humanité, et le pressentiment du ciel, demande à ces élémens une création qui lui appartienne. Il a besoin d’une nature plus merveilleuse et plus pure que celle dont il est le spectateur mélancolique ; l’humanité telle qu’il la voit ne lui suffit pas, il l’exhausse ; il la met en commerce avec ce ciel vers lequel il s’élève à force d’amour indomptable et curieux. Alors, dans les chants du poète, la nature est plus belle, l’humanité plus grande, le ciel descend sur la terre. Des aventures inouies mettent en mouvement et en saillie toutes ces puissances doublées et réunies. À ce spectacle nous sommes émerveillés, nous croyons assister à un splendide miracle ; nous sommes ravis, ravis hors de la terre, et cependant c’est nous qui sommes en scène, et nous nous regardons nous-mêmes. L’épopée est à la fois le bouclier d’Achille, et le miroir où se reconnut Renaud. C’est l’image du ciel, de la terre, et de l’homme tracée, pour réveiller l’homme, pour l’élever à de plus nobles actions, à de plus glorieux destins. La racine de l’épopée est l’histoire, mais son développement n’est pas proprement historique ; on n’est pas poète épique en altérant l’histoire, en l’exagérant, mais en sachant créer à côté d’elle un autre monde. Ce monde doit se composer d’analogies harmonieuses et idéales avec ce que l’homme connaît, mais le résultat doit être différent de la réalité ; c’est comme un royaume à part entre le ciel et la terre. Un jeune et grand artiste a récemment conçu toute la portée de cette imagination créatrice du poète épique. L’Ahasvérus d’Edgar Quinet est un véritable fragment d’épopée. Le poète vous prend et vous plonge au sein d’un monde idéal. Ahasvérus, c’est l’identité du Juif errant, de Jésus-Christ et de l’humanité, c’est encore la disparition de l’humanité dans l’éternité. Tant que l’humanité subsiste comme telle, elle agit et marche, c’est Ahasvérus ; elle souffre et pardonne, c’est Jésus-Christ : cependant, à travers cette marche et ces douleurs, une immense nature se déroule comme un serpent éternel, et semble rugir comme un lion puissant ; puis l’histoire verse ses hordes, ses peuples sur ce théâtre d’une gigantesque nature ; enfin, à la suite de Babylone et de ses sœurs, d’Athènes et de Rome, d’Attila, des Germains et des modernes nations, après la consommation réitérée de siècles nouveaux qui semblaient inépuisables, tout ce qui est revêtu d’une vie personnelle s’éteint ; Christus expire aussi bien qu’Ahasvérus, le Père éternel lui-même voit s’évanouir sa paternité individuelle ; l’éternité ne veut rien auprès d’elle, pas même le néant, et l’éternelle substance sur les ruines de toutes les formes et de tous les phénomènes reprend son cours aussi fatalement que la mer qui se referme sur les débris d’hommes et de vaisseaux qu’elle vient d’engloutir. À ceux qu’épouvantera cette inexorable catastrophe, nous leur présenterons Rachel pour les consoler, Rachel, plus douce et plus intelligente que Marguerite, Rachel, ange précipité d’en haut, qui, auprès d’Ahasvérus, ne se souvient plus des cieux. Rendons graces au poète pour avoir été si grandement épique, et pour avoir ramené l’art, avec tant d’autorité au service et à l’interprétation des destinées humaines.
L’histoire n’a pas d’autre empire que le monde réel, mais elle l’a tout entier : l’historien est maître de toute la nature humaine, qui se manifeste à lui active et positive, et lui livre par ses actions, le secret de ses propriétés. L’imagination de l’historien ne crée pas un monde idéal, mais comprend et exprime le monde réel. Divines muses, s’écriait Montesquieu, je sens que vous m’inspirez, non pas ce qu’on chante à Tempé sur les chalumeaux, ce qu’on répète à Délos sur la lyre ; vous voulez que je parle à la raison… Il y a pour l’historien une imagination rationnelle qui seule lui fait voir et peindre les choses ; ce sont comme les yeux de l’intelligence qui ne se lèvent pas vers le ciel avec de mystiques douleurs, mais qui dirigent sur la nature des choses leurs regards scrutateurs, et illuminent la réalité de leurs vifs et inépuisables éclairs. Ainsi doué, l’historien embrassera tout : par l’étendue et la valeur de sa pensée, il est l’égal du monde auquel il doit conter sa propre histoire ; seul, il parle de tous à tous. Nous lisons au pied des images du sauveur du genre humain, pro omnibus mortuus est. C’est à cette imitation que l’homme doit s’élever, soit qu’il pense ou qu’il agisse, pro omnibus. L’histoire est comme un livre public, où celui qui tient la plume n’a pas le droit d’intercaler ce qui lui est purement intime et personnel, ni ses abattemens mélancoliques, ni ses joies passagères, ni ses partialités haineuses ou amicales. Qui sommes-nous pour couper par des monologues le récit des destinées humaines ? Le roman est destiné aux opinions individuelles ; mais l’histoire est chose commune et sacrée. Les anciens avaient tout-à-fait le sentiment de cette généralité grave de l’histoire. Ils ne se mêlaient pas à leurs propres récits ; et sans se préoccuper d’eux-mêmes, ils se contentaient de servir d’interprètes à l’humanité. Certes la pensée moderne est plus compliquée. Toutefois cette profondeur ne saurait nous dispenser de la simplicité. Au contraire, plus la science et la réalité humaine semblent s’agrandir, plus il importe d’apporter dans ce champ qui recule ses limites, une vue plus nette et plus juste. Les confusions arbitraires sont aussi funestes que les distinctions frivoles. On ne croira pas sans doute que nous voulions refuser à l’historien une personnalité ; cette personnalité doit être si grande et si mâle qu’elle se trouve à l’aise en s’identifiant avec l’humanité, qu’elle ne fléchisse jamais, et qu’elle assiste au cours des choses avec une intelligence et une espérance éternelle. Je veux à l’historien des entrailles, mais qui ne s’ouvrent pas à de petites angoisses ; il ne saurait y avoir place dans son cœur que pour cette grande charité qui s’applique au genre humain ; un sens droit, bon, commun et élevé, doit le préserver constamment des exagérations convulsives ; il pourra souffrir, mais il paraîtra calme, et chargé du soin de parler de tous à tous, il gardera toujours une dignité ferme et simple.
- ↑ Six gros volumes in-8o avec atlas, chez Hachette, rue Pierre-Sarrazin, 12. Cette belle édition est accompagnée d’une collection de portraits lithographiés, d’après les statues, médailles, bustes et camées qui nous sont restés de l’antiquité, par M. P. Bouillon, auteur du Musée des antiques.
- ↑ Dialogue sur les Orateurs, chap. 22, traduction de M. Burnouf.
- ↑ D’Alembert, observations sur l’art de traduire.
- ↑ On peut s’enquérir à fond des rapports actuels de la papauté romaine avec les peuples, dans Rome Souterraine, que vient de publier M. Charles Didier. Espérons que ce roman, où brille un amour si noble et si poétique de la philosophie et de la liberté, sera suivi d’un tableau historique de l’Italie moderne que l’auteur connaît si bien.
- ↑ M. de La Mennais,