Étude historique et statistique sur le canton de Saint-Sernin

Collectif
Texte établi par Société des lettres, sciences et arts de l'Aveyron, Société des lettres, sciences et arts de l'Aveyron (p. 81-194).
ÉTUDE HISTORIQUE ET STATISTIQUE
SUR LE
CANTON DE SAINT-SERNIN


Par M. Paul FOULQUIER-LAVERGNE.




Le canton de Saint-Sernin, situé à l’une des extrémités méridionales du département de l’Aveyron, est un des cantons les plus étendus et les plus populeux de ce département. Sa superficie, d’après les documents officiels, est de 29.386 hectares, et sa population de 13.892 habitants disséminés sur cette surface. Son étendue territoriale et sa population étaient même plus considérables, lorsque, en 1854, la commune de Saint-Izaire, aujourd’hui réunie au canton de Saint-Affrique, était comprise dans sa circonscription.

Sa longueur, du sud au nord, c’est-à-dire du village de Bélanet au bac de Lincou , est d’environ 52 kilomètres. Sa largeur, de l’est à l’ouest, figurée par la route nationale n° 99, d’Aix à Montauban, qui le traverse à partir de la Trivalle-Basse jusqu’à la montagne de l’Ouradou, limite des deux départements de l’Aveyron et du Tarn, est de 21 kilomètres.

Il confine au midi et à l’ouest au département du Tarn dont il est séparé par les hautes montagnes de Roquecezière et de Montfranc qui forment un plateau très élevé et une limite naturelle très importante. Cette ligne de démarcation séparait autrefois la province du Rouergue de celle du Languedoc ; il est même probable que cette limite s'adaptait aux anciennes divisions territoriales des Aquitaines, si l'on s'en rapporte aux anciennes cartes géographiques et si l'on en juge surtout par la différence des usages des habitants et de leur idiome. Dans le ver- sant du département du Tarn, le langage diffère sensible- ment de celui qui est en vigueur riais le versant de l'Aveyron. Et si nous recherchons l'étymologie du nom Ouradou, principale montagne servant de limite, nous reconnaîtrons que le mot grec ouros dont il dérive se tra- duit par limite , frontière, montagne , etc.

Il est sillonné par un grand nombre de cours d'eau, tri- butaires de l'Océan , coulant de l'est à l'ouest et dont le plus important est le Rance , affluent du Tarn. Cette rivière pénètre dans le canton par la commune de Com- bret et se jette dans le Tarn à l'extrémité de la commune de Plaisance : elle court comme tous nos ruisseaux à tra- vers les schistes quartzeux et argileux de transition.

Le Rance forme les confins des' deux départements, depuis Verdun, sous Balaguier, jusqu'à son embouchure. Il fait partie avec tous ses affluents, avons-nous dit, du bassin de l'Océan , le canton étant uniformément incliné dans cette direction , bien que le bassin de la Méditerra- née ne soit distant que de quelques lieues. Ce sont les montagnes de Lacaune , dominées par le pic de Montalet, qui forment la division des deux bassins et la crête des deux versants. Ce pic remarquable a une altitude de 1,270 mètres au-dessus du niveau de la mer.

Le canton n'a d'autre route départementale que celle de Figeac à Lodève qui le limite au nord depuis Lincou jusqu'au-dessus de Faveyroles. Il est servi par la route nationale n° 99 d'Aix à Montauban, primitivement appelée de Toulouse aux Cévennes, qui fut construite vers le milieu du XVIIIe siècle sous l'administration de M. L'Es- calopier, intendant de la généralité de Montauban, dont le Rouergue faisait alors partie ; il est servi encore par le chemin de grande communication n° 13, de Réquista à Roquecezière, qui fut commencé en avril 1839, en exécu- tion de la loi du 21 mai 1836 sur les chemins vicinaux , et qui n'est pas encore entièrement achevé. Quand le -- 83 --

réseau des chemins vicinaux entrepris par l'administration départementale sera terminé, le canton possèdera des communications importantes qui lui font défaut en ce mo- ment et qui le privent de débouchés pour ses produits agricoles: nous voulons parler des chemins de moyenne communication n° 20 de Saint-Izaire à Plaisance, par Montclar et Coupiac, n° 50 de Coupiac à la Trivalle, par Martrin et St-Juéry, et n° 51 de Camarès à Pousthomy, par Combret et Saint-Maurice. Ces trois chemins sont en cours de construction. Le pont sur le Rance qui sert de passage à la route nationale, d'une construction solide et remarquable fut bâti en 1784. Le pont dit de Vidal sur le ruisseau de Vernoubre, qui dessert le chemin de grande communication n° 13, a été construit en 1854. Quant au pont vieux de Saint-Sernin, qui est aussi sur le Rance on ignore la date de sa fondation mais sa construction paraît être du XVIe siècle. Il servait de pas- sage aux nombreux voyageurs qui, de l'Albigeois se rendaient à Millau dans la Haute-Marche. Il existait autrefois en amont et à 200 mètres environ de ce pont un autre pont dont on trouve quelques vestiges sous les eaux et dont la tradition parle à peine. C'est par ce pont. et par le vieux chemin qui y aboutissait que se faisait la communication de Pousthomy et de ses environs avec Saint-Sernin. Outre vingt-cinq succursales et la cure de Saint-Sernin dont se compose le canton, il renferme treize communes ou mairies, y compris La Bastide-Solages qui vient d'être séparée de celle de Plaisance; nous consacrons à chacune d'elles un chapitre destiné à en faire connaître l'histoire, l'origine et les productions. Le canton est en possession de deux bureaux de poste: celui de Saint-Sernin, établi en 1791, et celui de Coupiac qui a été créé en 1867. Le premier est desservi par sept facteurs ruraux et le second par quatre. Il a en outre un bureau d'enregistrement qui fait en Page:Mémoires de la Société des lettres, sciences et arts de l'Aveyron, tome 11.djvu/104 donn4es de la statistlque cantonale on peut, .paT. une. appr4ciation asses exacte, connaltre les forces de l’agri- culture dans le cant.on et !es richesses qu’elle prod_ nit cha- que annie. Le car, ton troduit, ann4e moyenne., 128,539 hectolitres de c4r4ales et farineux spcifi4s dans le ableau de la commission cantonale. Ces quantit,s donnent une palcur vnale de 865.731 f., en adoptant les prix courants actuels. Ce mme tableau rapporte que la vigne produit annuellement 13,568 hectolitces de pin qui, raison de. 15 ft. l’hectclitre seulc. ment, donnent un rendement en argent de ^’ o^ , vo,v~v fr. Total 1,069,251 ft. Si aces rsultats qui sont loin d’tre xag4r4s et qui dpassen un million de francs, nons ajoutons le produit des bestiaux, des plantes textiles et olagineuses, telles que chanvre, !in, colza, des p(mmes, des noix, des pru- nes, des potres, des cerises, elc., nous trouverons un rendement au tooins dgal celui qui vient d’tre relev, ce qui d�nnerait une somme totale de 2,138,5C2 ft. Le revenu net n’4ant que de la moiti4 de cette palcur, cause des charges, il en rsulte que le revenu attribu chaque individu serait de 76 ft. raison de 14,000 habi- tants en nombre rond. Ce r4sultat pent parattre exorbitsnt, puisque 1es cal- culs de la statistique g4nrale 4tablis en 1850 ne portent le revenu de chaque habitant de la France qu’& 47 fr. ;. mats on sera moths 4tonn4,’si l’on considre que les den- res et comestibles ont depuis vingt aris acquis une plus- value incroyable. La population consomme annuellement les c4r4ales qu’elle produit, ce qui fait, distraction faire des semen- ces, un pen plus de deux hectolitres par habitant.’ Le, canton est mme ’ cet 4gard tributaire de l’Albigeois., puisque les boulangers de la conre ach’lent tousles ans sur les marchs d’Albi pr/s de 1,500 hectolitres de bl4 fro- ment dont ils font leur pain. ... Quan aux potatoes de terre, elles sont consomm4es � presque toutes sat place’, soit comme’nourriture deS : habitants, soit cornroe engrais des animaux. .- :

!l en est k pea pros de mme des chAtaignes ; nanmoins Page:Mémoires de la Société des lettres, sciences et arts de l'Aveyron, tome 11.djvu/106 Page:Mémoires de la Société des lettres, sciences et arts de l'Aveyron, tome 11.djvu/107
ASPECT GÉNÉRAL.
CONSTITUTION GÉOLOGIQUE.

Le canton présente deux natures de terrains bien dis- tincts : le sol des montagnes et le sol des vallées. Le pre- mier est schisteux et l'autre argileux. Ces différences très marquées se rencontrent dans toutes les communes, à l'exception de celle de Montfranc située sur un plateau élevé exclusivement schisteux appartenant au terrain primitif.

Le terrain schisteux, appelé vulgairement Ségala, est particulièrement consacré aux réco tes de seigle, d'avoine et de pommes de terre ainsi qu'à l'élevage des bestiaux. L'agriculture est bien négligée dans cette nature de ter- rain. La jachère y occupe une immense surface et y règne en souveraine. La terre y est mal labourée , elle est à peine égratignée par l'araire traditionnel de Virgile , tan- dis que dans le terrain argileux appelé fromental, les cultivateurs emploient généralement depuis plusieurs an- nées la charrue belge ou celle de Roville qui, l'une et l'autre , remuent profondément le sol et le fertilisent par le mélange des couches végétales avec le sous sol. Quels merveilleux progrès ne réaliseraient pas pourtant dans le Ségala l'adoption de ces charrues pour épaissir la couche végétale du terrain et la méthode si justement vantée du chaulage ?

Le sol argileux convient aux récoltes de froment et aux fourrages artificiels dont la culture se propage d'une ma- nière remarquable, grâce à l'industrie fromagère de Roquefort. Les possesseurs de ces terrains élèvent des brebis laitières, à l'aide desquelles ils fabriquent un fro- mage qu'ils envoient dans les caves de Roquefort où il se bonifie en séchant et où il acquiert ce goût particulier si renommé qui le fait appeler le roi des fromages. Par cette heureuse innovation qui enrichit le pays où on l'appli- que , on consacre une grande surface aux fourrages art fi- ciels et une moins grande aux céréales qui, néanmoins , ne donne pas un moindre rendement sur une plus Petite tendue, parce que cete culture succde aux lourrages artificiels, lesquel ont la proprit d’ameublir, de prdpa- rer’et de fumec le sol, La rgion que conaprend le canton est montueuse ,’for- tement accidente, entrecouple de gorges profondes et de nombreux cours d’eau. Les roches qui la composnt appartiennent au terrain de trasition, dont dominant est le schiste et ses accessoires, l’argile, le mica. Les rocs schiteux, traverses pr des. illohs de quarlz, s’y prsentent boadamment, y forment presque partout le lit de nos rivires et de nos ruisseaux. L’I- ment calcaire, si prt ;cieux et si utile/t l’agriculture, ne se rencontre nulle part dans le cnton. On trouve dns plusieurs enaroi*s des carfibres de pierres meulires, de pierres de taille, d’ardoises. lents on aperoit des pierres granitiques, de la magn’sie et presque partout des pierres (rs propres la construc- tion. La crrire dire de la Molire, dans la commune de Plaisance, fournit aux impotantes usines du Saut-d,- Tarn et des A’alats une pierre rfractaire t la cha-ur, dont on construit. les hauts fourneaax. On en expdie. mme parlois ux uines de Toulouse et de l’Aridge. Le grs de cette cartiere est rem,rquable par sa puret el ; sa blanchcur. II se prate t toutes les fantaisies da ciseau et pend toutes les formes que lui donne l’artiste. Dans ces’ dernires anndes, l’archiecte, charg, d de Ia restau-ration do l’dglise de Sainte-Ccile d’Albi, a puis abondammen dans cette carfibre et s’est montrd trs satisfait de 1 a qualit des matriaux. Les terrains qui constituent !e sol du canton portent Ies traces des divera phdnomne de sou16vement et d’drup- tion apparents sur route la surface du département. Ntiile part le sol ne se,nble avoir dt plus bouteversd que parmi nous par ces causes perubatrices myst,.ienses’qui ont opdrd de si g,’ands’ddsordres dans les dpoques antdrieures a l’apparition de l’homme sur la terre. 11 existe mme des preuves irrdfragables du passage des eaux ou du grahd cataclyame qui inonda le globe. En const,’ui.aut 1 chePage:Mémoires de la Société des lettres, sciences et arts de l'Aveyron, tome 11.djvu/110 Page:Mémoires de la Société des lettres, sciences et arts de l'Aveyron, tome 11.djvu/111 recueilleront des résultats que nous ne faisons qu'entre- voir ou soupçonner.

EAUX MINÉRALES.

Le canton possède plusieurs sources d'eau minérale. L'une se trouve sur le territoire de la commune de Cou- piac , dans les profondeurs du bois de Monseigne ; une 2e est au Cayla et jaillit au pied d'une montagne qui semble vole-nisée ; la 3e est à St-Sernin sur l s bords du ruisseau de Vernoubre; une 4e se trouve à Pousthomy dans le lit même du ruisseau de la Fage. Ces sources ont des pro- priétés analogies ; les eaux en sont froides, légèrement acidulées et ferrugineuses. L'action qu'elles produisent sur l'économie et les effets thérapeutiques qu'on obtient de leur emploi sont magnifiants. Ces sources et d'autres encore qu'on pourrait mentionner présentent générale- ment des efflorescences d'une couleur tantôt jaune, tantôt bleue sous une forme vitreuse. Il serait aisé de détermi- ner par l'analyse les propriétés chimiques de ces efflores- cences dont l'élément principal, croyons-nous , est le fer. Elles ont une saveur fraîche et acide. Elles consti- tuent une boisson dangereuse et meurtrière pour les troupeaux qui en usent.

TOPOGRAPHIE. — TEMPERATURE. — METEOROLOGIE.

On trouve dans l'étendue du canton des sites gracieux, des vallées fertiles, remarquables par la richesse de la végétation , la variété des aspects et l'animation des pay- sages. Quelques-uns de ces bassins, malheureusement trop resserrés par de hautes montagnes , offrent dans la saison du printemps des tableaux d'une grande beauté. Sous l'influence d'une température douce et vivifiante, dont elle jouit au printemps dans ces vallons, la terre se pare avec orgueil de la plus belle végétation, et, comme pour reposer le cultivateur de ses longues fatigues et de Page:Mémoires de la Société des lettres, sciences et arts de l'Aveyron, tome 11.djvu/113 Page:Mémoires de la Société des lettres, sciences et arts de l'Aveyron, tome 11.djvu/114 Page:Mémoires de la Société des lettres, sciences et arts de l'Aveyron, tome 11.djvu/115 gérée, d’une récolte trop fréquemment imposée au même terrain , lequel s’épuise des principes que cette récolte lui emprunte pour se former, n’est pas la cause la moins rationnelle de l’altération des plantes et de cette funeste maladie qui vient de changer de nature et de nom et qu’on appelle maintenant phylloxera. L’oïdium attaquait le cep et les tiges de la vigne , aujourd’hui c’est la racine qui est dévorée par un ver rongeur qui détruit entièrement, le cep. Concluons qu’en tout temps il à existé des maladies et qu’elles ont passé comme des météores malfaisants. Au temps de Pline le naturaliste , une maladie envahit aussi les vignes; le Deuteronome, chap. 28, mentionne un ver rongeur qui attaque les racines de la vigne. D’où l’on peut conclure que si l’humanité est soumise à des mala- dies , à des épidémies, le règne végétal est également condamné à des fléaux périodiques dérivant des lois de la nature.

COMMERCE ET INDUSTRIE.

L’industrie du canton est peu importante. L’agriculture occupe presque exclusivement les habitants qui ont peu de goût pour les opérations industrielles. On s’y livrait autrefois, sous notre ancien régime politique, a la fabri- cation des draps grossiers, des cadis, etc., au peignage et au filage à la main des laines et des cotons : l’appari- tion des machines a fait tomber cette industrie, et depuis la révolution, les habitants du canton réservent leurs bras et toute l’activité du génie aveyronnais pour l’agri- culture. Leur industrie capitale est d’élever des bestiaux, des porcs , des veaux, des moutons qu’ils engraissent pour les vendre. Le produit de ces ventes constitue leur prin- cipal revenu. A celte industrie purement, agricole il faut ajouter aussi celle de la fabrication du fromage de Roque- fort qui, depuis quelques années, a reçu une extension très considérable et qui est l’objet d’un commerce très lucratif répandant la richesse et l’aisance dans les cam- pagnes.


SAINT-SERNIN.

La ville de Saint-Sernin, chef-lieu du canton de ce nom, est bâtie sur une colline rocheuse située entre deux cours d'eau coulant en sens contraire. D'un côté la rivière du Rance baigne ses murs au nord-est et de l'autre le ruisseau de Verdanson coule au sud-ouest jusqu'aux pieds des anciens remparts. La configuration ancienne de cette petite ville est encore assez saisissable pour que nous puissions en faire la description. C'est un parallélogramme assez régulier, de forme allongée, défendu par un rem- part continu qui formait l'enceinte. Cinq tours englobées dans les remparts comme des bastions, faisant corps avec eux et reliées entre elles par des courtines complétaient la défense. Aux deux extrémités longitudinales de la ville, on voit encore deux portes bien conservées. L'une est surmontée de créneaux et de machicoulis, l'autre laisse voir encore la trace de la herse qui la fermait. Trois au- tres portes existaient aux flancs de la ville, l'une dite le Portalet au sud-est, l'autre appelée du Terrail au nord- ouest , et la troisième au confluent du ruisseau et du Rance au sud. Celle-ci s'ouvrait sur un pont jeté sur le ruisseau au lieu de son embouchure.

C'étaient là les cinq issues de la ville qui était parfaite- ment close. Les portes en bois ont existé jusqu'en l'an III, époque de leur destruction par ordre de la municipalité , suivant une délibération à cette date qu'on lit aux archi- ves de la commune. Un château fort avec tourelles, poterne et pont-levis se dressait au centre et au point culminant de la ville. On montre encore son emplacement entre l'église et la place; et, au besoin, une tourelle encore existante , reconstruite dans le XVIIe siècle, seul vestige de cet édifice , l'attesterait suffisamment.

Une tradition populaire rapporte qne le château fut détruit ou incendié, on ne sait à que le époque, par le peuple mutiné. Le seigneur du lieu était d'un caractère sévère et cruel, il était impitoyable envers ses vassaux Page:Mémoires de la Société des lettres, sciences et arts de l'Aveyron, tome 11.djvu/118 Page:Mémoires de la Société des lettres, sciences et arts de l'Aveyron, tome 11.djvu/119 Page:Mémoires de la Société des lettres, sciences et arts de l'Aveyron, tome 11.djvu/120 Page:Mémoires de la Société des lettres, sciences et arts de l'Aveyron, tome 11.djvu/121 Page:Mémoires de la Société des lettres, sciences et arts de l'Aveyron, tome 11.djvu/122 Page:Mémoires de la Société des lettres, sciences et arts de l'Aveyron, tome 11.djvu/123 Page:Mémoires de la Société des lettres, sciences et arts de l'Aveyron, tome 11.djvu/124 Page:Mémoires de la Société des lettres, sciences et arts de l'Aveyron, tome 11.djvu/125 Page:Mémoires de la Société des lettres, sciences et arts de l'Aveyron, tome 11.djvu/126 Page:Mémoires de la Société des lettres, sciences et arts de l'Aveyron, tome 11.djvu/127 Page:Mémoires de la Société des lettres, sciences et arts de l'Aveyron, tome 11.djvu/128 Page:Mémoires de la Société des lettres, sciences et arts de l'Aveyron, tome 11.djvu/129 nos populations, et il n’y eut ni ville, ni bourgade, ni maison qui n’en fusseut frappées, ajoute un historien. Celles qu’elle traite le moins cruellement sauvèrent à peine le tiers de leurs habitants ; mais à plusieurs elle n’en laissa que la quinzième ou vingtième partie (Annales de Villefranche). C’est à l’occasion de cette peste que furent, brûlés les masages d’Hortolomies, dans la commune de Saint-Sernin, et de Montbressous, dans celle de Combret, ainsi que le raconte une légende populaire.

En 1459 il se déclara une grande mortalité à Saint-Sernin, lisons-nous dans les Annales de Saint-Affrique, qui n’en indiquent point la cause.

M. de Gaujal rapporte, d’après les manuscrits de la collection nationale, que le domaine de la couronne percevait en 1474 sur le château et la terre de Saint-Sernin un émolument annuel de 44 livres, 7 sous, 9 deniers. Tom. II, p. 330.

En 1493, le 31 janvier, noble Pierre Raymond La Borne, seigneur de Saint-paul, de Montagnac et de Billorgues, habitant Saint-Sernin, reçoit diverses reconnaissaces féodales.

En 1511, noble Alexandre La Borne, fils et héritier du précédent, reçoit de semblables reconnaissances.

À la famille de La Borne dut succéder celle de Baderon. En effet, on lit dans les Documents historiques de M. de Barrau, tom. III, p. 708, qu’Antoine de Baderon, chevalier, qualifié de sénéchal de Rouergue dans plusieurs titres authentiques, était seigneur de Maussac et de Saint- Sernin. Il fit son testament le 17 novembre 1518 devant Jean Monachi, notaire de Pousthomy ; cette pièce, dont l’original est passé sous nos yeux, dit M. de Barrau, contient de curieux détails sur les usages religieux de nos pères et peut donner une juste idée de la piété, de l’esprit de famille et des mœurs de ce temps-là. Le testateur, après avoir ordonné sa sépulture dans l’église capitulaire de Saint-Sernin, établit un grand nombre de legs en faveur des pauvres, de libéralités envers les églises, de messes pour le repos de son âme et de celles de ses parents, fonde deux chapelles, dont l’une dédiée à NotrePage:Mémoires de la Société des lettres, sciences et arts de l'Aveyron, tome 11.djvu/131 Page:Mémoires de la Société des lettres, sciences et arts de l'Aveyron, tome 11.djvu/132 Page:Mémoires de la Société des lettres, sciences et arts de l'Aveyron, tome 11.djvu/133 Page:Mémoires de la Société des lettres, sciences et arts de l'Aveyron, tome 11.djvu/134 Page:Mémoires de la Société des lettres, sciences et arts de l'Aveyron, tome 11.djvu/135 Page:Mémoires de la Société des lettres, sciences et arts de l'Aveyron, tome 11.djvu/136 Page:Mémoires de la Société des lettres, sciences et arts de l'Aveyron, tome 11.djvu/137 Page:Mémoires de la Société des lettres, sciences et arts de l'Aveyron, tome 11.djvu/138 Page:Mémoires de la Société des lettres, sciences et arts de l'Aveyron, tome 11.djvu/139 Page:Mémoires de la Société des lettres, sciences et arts de l'Aveyron, tome 11.djvu/140 Page:Mémoires de la Société des lettres, sciences et arts de l'Aveyron, tome 11.djvu/141 Page:Mémoires de la Société des lettres, sciences et arts de l'Aveyron, tome 11.djvu/142 Page:Mémoires de la Société des lettres, sciences et arts de l'Aveyron, tome 11.djvu/143 Page:Mémoires de la Société des lettres, sciences et arts de l'Aveyron, tome 11.djvu/144 Page:Mémoires de la Société des lettres, sciences et arts de l'Aveyron, tome 11.djvu/145 Page:Mémoires de la Société des lettres, sciences et arts de l'Aveyron, tome 11.djvu/146 Page:Mémoires de la Société des lettres, sciences et arts de l'Aveyron, tome 11.djvu/147 Page:Mémoires de la Société des lettres, sciences et arts de l'Aveyron, tome 11.djvu/148 Page:Mémoires de la Société des lettres, sciences et arts de l'Aveyron, tome 11.djvu/149 Page:Mémoires de la Société des lettres, sciences et arts de l'Aveyron, tome 11.djvu/150 Page:Mémoires de la Société des lettres, sciences et arts de l'Aveyron, tome 11.djvu/151 Page:Mémoires de la Société des lettres, sciences et arts de l'Aveyron, tome 11.djvu/152 temps une limite très-importante. Avant de borner les deux départements de l'Aveyron et du Tarn, elle formait la frontière des deux provinces du Rouergue et du Lan- guedoc , et probablement de l'Aquitaine avec le pays des Rhutènes. On serait même tenté d'appliquer cette limite aux anciennes peuplades de la Gaule : on en trouverait la raison dans l'idiome qui diffère d'une manière frappante dans les deux versants. Les habitants du versant sud- ouest, c'est-à-dire les habitants du Tarn ont un langage, un accent et des locutions entièrement dissemblables de ceux qui sont propres aux habitants du versant aveyron- nais. Un observateur serait étonné des nuances qui dis- tinguent le langage des habitants de la commune de Mas- suguiès (Tarn) comparées à celles qui caractérisent le langage des communes limitrophes de l'Aveyron. Cette considération ne prouverait-elle point que dans l'anti- quité les races séparées par de hautes montagnes ne se mêlaient pas entre elles et vivaient isolément sans se confondre ?

La montagne de Cambatjou fait suite à celle de l'Oura- dou ; la dénomination de cette montagne élevée qui em- prunte dans sa finale le nom de Jupiter, l'existence d'un hameau voisin appelé Peyre-Ficade semblent indiquer des origines et des souvenirs druidiques , bien qu'aucun dol- men n'apparaisse dans ces parages. Il est néanmoins pré- sumable qu'il en a existé sur cette grande hauteur, mais ils n'ont pas résisté au soc de la charrue ou au laboureur qui a utilisé ces grands blocs de pierres pour la construc- tion.


BALAGUIER.

Balaguier n'est pas moins ancien que les autres bourgs du canton. Ce village, distant de Saint-Sernin de 4 kilo- mètres, est situé sur la rive droite du Rance ou plutôt il est à cheval sur cette rivière : un groupe de maisons se trouvant sur une rive et un autre groupe sur l'autre. Ils son relis entre eux par un pont en maçonnerie, dont la construction parait remonter au XVe ou au XVIe siècle. L'antique et e41bre château de Balaguier dominait le village de la rive droite; il était bâti sur un roe lev, et par sa position inexpugnable il semblait défier leas assauts les plus vigoureux. Aujourd'hui il n'existe plus: un jardin a été er sur l'emplacement du pont-levis et de la eoue; des plantes rampantes, des arbrisseaux croissent sur ses ruines encore apparentes ]a place des tours et des don- jons qui s'!evaient msjestueusement dans lea airs et qui eachaient en le reouvrant presque entiSrement le pie du tocher que nous y royone encore. II dut disparaRre dans lee premiers temps-de 1 fodalit. L'ancien cadastre de Balaguier, dress4 en 1610, qui existe encore en parfait 4tat de conservation, ne mentionne pas le ch&teau, il ne fait menlion que du casal de ]a ville, de La Combs et du roc del Castel. Ces dSnominations cadastrales attestent suffisamment son ancienne existence qui, d'aprSs certains documents, remonterait l'4poque de l'invasion des Sar- rasins dans nos contrSes vets Fan 730. Ces hordes dtran- gSres l'occup6rent pendant plusieurs ann4es. A-t-il 4t saceag4 ou br par ces barbares, ou a-t-il survScu leur passage pour tomher plus tard pendant ]es guerres du moyen-gge C'est ce ue noUs ignorons. Le chateau nouveau qui s'lve vis-a-vis sur ]a rive oppos4e est d'une construction moderne, puisqu'il n'exis- fait point en 1610, date de la confection du cadastre. I1 dfit 8tr bgti n4anmoins peu de temps apres. , Le chateau de Balaguier, dit M. de Barru, bari

dans un pli des motagnes qui borde la rive gauche du 
Rance, faisait partie de cette ]igne de places fortes 
4tablies sur la,frontire sud-ouest du Vabrais, lsquelle 
commenait  Blanc et se continuait par Murasson, 
Saint-Sever, Roquecezire, Montfranc, Pousihomy, 
Balaguier et Plaisance. , 

On ignore si les seigneurs de Balaguier avaient quelque affinités avec la puissante famille de ce nom au canton d'Asprières. Les historiens confondent, ce nous semble, ces deux families et leurs châteaux, Ainsi on lit dans Page:Mémoires de la Société des lettres, sciences et arts de l'Aveyron, tome 11.djvu/155 Page:Mémoires de la Société des lettres, sciences et arts de l'Aveyron, tome 11.djvu/156 Page:Mémoires de la Société des lettres, sciences et arts de l'Aveyron, tome 11.djvu/157 Page:Mémoires de la Société des lettres, sciences et arts de l'Aveyron, tome 11.djvu/158 Page:Mémoires de la Société des lettres, sciences et arts de l'Aveyron, tome 11.djvu/159 Page:Mémoires de la Société des lettres, sciences et arts de l'Aveyron, tome 11.djvu/160 Page:Mémoires de la Société des lettres, sciences et arts de l'Aveyron, tome 11.djvu/161 Page:Mémoires de la Société des lettres, sciences et arts de l'Aveyron, tome 11.djvu/162 Page:Mémoires de la Société des lettres, sciences et arts de l'Aveyron, tome 11.djvu/163 Page:Mémoires de la Société des lettres, sciences et arts de l'Aveyron, tome 11.djvu/164 Page:Mémoires de la Société des lettres, sciences et arts de l'Aveyron, tome 11.djvu/165 Page:Mémoires de la Société des lettres, sciences et arts de l'Aveyron, tome 11.djvu/166 Page:Mémoires de la Société des lettres, sciences et arts de l'Aveyron, tome 11.djvu/167 Page:Mémoires de la Société des lettres, sciences et arts de l'Aveyron, tome 11.djvu/168 Page:Mémoires de la Société des lettres, sciences et arts de l'Aveyron, tome 11.djvu/169 Page:Mémoires de la Société des lettres, sciences et arts de l'Aveyron, tome 11.djvu/170 Page:Mémoires de la Société des lettres, sciences et arts de l'Aveyron, tome 11.djvu/171 Page:Mémoires de la Société des lettres, sciences et arts de l'Aveyron, tome 11.djvu/172 Page:Mémoires de la Société des lettres, sciences et arts de l'Aveyron, tome 11.djvu/173 Page:Mémoires de la Société des lettres, sciences et arts de l'Aveyron, tome 11.djvu/174 trouve constamment sur les routes de Béziers, de Mont- pellier et de Marseille dont ils alimentent les boucheries par l'approvisionnement incessant de moutons, de porcs, de boeufs, de vaches et de veaux. Ils achètent ce bétail dans l'Aveyron , dans le Tarn et jusques dans le Limou- sin.

On voyait jusqu'ici passer annuellement à Montfranc plus de 40,000 têtes de bétail dans la direction du bas Languedoc. Il n'en est plus de même aujourd'hui depuis qu'on embarque ces animaux dans les différentes gares des chemins de fer à Albi, Saint-Affrique et ailleurs. Aussi les habitants deviennent-ils plus sédentaires s'occu- pant d'agriculture et d'amendement de leurs terres par le chaulage.

Les productions de cette commune se réduisent au sei- gle , à l'avoine, au sarrasin et aux pommes de terre. Il n'y a dans son étendue ni vignes, ni châtaigneraies, ni arbres fruitiers.

On voit à Montfranc un remarquable massif d'arbres séculaires , essence de hêtres, qui dominent la montagne et abritent le village contre le vent du nord-ouest. On appelle ce bouquet d'arbres qui disparaissent tous les jours La Mathe. C'est tout ce qui reste des vieilles forêts de Lartigue, de La Grifoulade et de Viril.


COMBRET.

Après Roquecezière, dont l'importance historique et l'ancienneté sont attestées par de nombreux documents, il n'existe point dans le canton de Saint-Sernin de village qui puisse être comparé à Combret pour l'importance de la place et la puissante autorité de ses anciens seigneurs qui possédaient la terre de Combret en toute justice, c'est-à-dire haute, moyenne et basse.

Combret n'est plus aujourd'hui qu'un pauvre bourg , remarquable néanmoins par l'aspérité du site et par l'en- semble de ses fortifications, dont quelques-unes encore Page:Mémoires de la Société des lettres, sciences et arts de l'Aveyron, tome 11.djvu/176 Page:Mémoires de la Société des lettres, sciences et arts de l'Aveyron, tome 11.djvu/177 Page:Mémoires de la Société des lettres, sciences et arts de l'Aveyron, tome 11.djvu/178 en possession ancienne de nommer les consuls sur la présentation qui t faite le premier dimanche de septembre par les consuls anciens nantis de pouvoirs par délibération de la communnauté ; le premier et le deuxième consuls devaient être choisis dans la ville de Combret et res a stresifevisAïiciJb des paroisses qui composent la baronie. Ils prêtaient serment devant le seigneur ou ses officiers. La communauté avait, en outre, le droit de nommer huit conseillers politiques pour assister aux déli- bérations , savoir : 3 de Combret, 2 du château de Roque- féral et ses appartenances, 1 de la paroisse de Saint- Amans-de-Lisertet, l'autre de St-Léonce-du-Haut-Villar, et un autre de Notre-Dame-de-Bétirac. Cela résulte d'un accord du 20 août 1472, Guibal, notaire , entre les habi- tants et le seigneur.

Les consuls portaient un chaperon écarlate, ils pou- vaient avoir un banc distinctif à l'église après celui des officiers de justice. Ils avaient la préséance de droit sur les autres habitants, soit à l'église, soit aux processions et dans les cérémonies publiques.

Le 3 mai 1360 est la date du funeste traité de Bretigny, par lequel le roi de France céda au roi d'Angleterre l'an- cien duché d'Aquitaine , comprenant entre autres provin- ces celle du Rouergue qui résista généralement aux Anglais, mais nous lisons que Combret fut pris en 1361. C'est sans doute sous la domination anglaise que fut construit le pont sur le Rance. Sa construction semblerait accuser l'architecture anglaise , lors même que la tradi- tion ne l'attesterait point.

En l'année 1404,1e 23 décembre, nous trouvons une transaction entre Hélène de Roquefeuil, tutrice d'Antoine de Roquefeuil, seigneur de Combret, d'une part, et la communauté du lieu, d'autre part, portant concession du droit de chasse et de pêche en faveur des habitants. Elle confirme , en outre , d'autres transactions antérieures , dont l'une est à la date du 2 des nones de décembre 1296, reçue Gautier, notaire à Combret, et l'autre à la date du 4 mars 1340.

Ces transactions avaient pour but de régler certains privilèges, cens, libertés, redevances, impositions et pres- tations envers le seigneur haut justicier.

Le 3 mars 1451, Jean-Pierre Douglas, prê , vicaire de l'église de Montels, agissant pour et au nom R.-P. Raymond Ricard, prieur de la commanderie de Ste- ula- lie, accorde à Olivier Capdelane , ^rjk^d>&t-S nin, l'investiture du domaine de Cahusac et de ses dépendan- ces par lui récemment acquis, lequel domaine relève par indivis de la commanderie de Sainte-Eulalie et de N. de Roquefeuil, seigneur de Combret. Cet acte , qui porte la date de 1451 sans nom de notaire, fut passé dans la vi de Saint-Sernin et dans la maison des chevaliers de l'or- dre de Saint-Jean-de-Jérusalem.

Le 8 juin 1460, la seigneurie de Combret fut vendue à la maison d'Arpajon par Jean de Roquefeuil, suivant acte de Guitard , notaire à Saint-Sernin.

En 1580, le 29 septembre, durant les guerres de reli- gion , le château de Saint-Léonce et le bourg de Combret, alors en la possession des Calvinistes , se rendirent aux catholiques ; et en 1585 la garnison du bourg et château de Pousthomy obtint, par suite d'une capitulation avec les Calvinistes, de se retirer au château de Combret avec armes et bagages, ce qui prouverait que Combret était toujours au pouvoir des catholiques.

Le 18 mai 1591, le bourg et le château de Combret fu- rent emportés par les ligueurs (De Gaujal, II, 478). Autre circonstance qui démontre que cette place était retombée aux mains des Huguenots.

En 1634, nous trouvons un dénombrement présenté au roi de France par messire Louis, duc d'Arpajon, pour la seigneurie et baronie de Combret, et pour ses fiefs situés dans le bailliage de Roquecezière. C'est dans cet acte qu'est mentionné le château de Combret, bâti sur le rocher qui domine la rivière et dont il existe encore des ruines sur la place principale du village. Le seigneur dénom- brant y déclare que le commandeur de Saint-Félix et de Montels, les chapitres de Vabres et de Saint-Pons, Sébas- tien de Penne, seigneur de la Ferrandié, Alexandre de Glavenas, seigneur de Burgatel, habitants de Combret, Antoine de Najac, seigneur de Plégats et del Py, et demoiselle de Galand , mariée au Py, dans la juridic- tion de Roquecezière, ont droit de directité sur divers fiefs situés dans le village et la juridiction de Combret.

C'est vers l'année 1760 que la baronie de Combret fut acquise par Pierre de Serres de St-Roman.

A la date du 14 janvier 1778 nous trouvons un autre titre historique qui n'est autre chose que la reconnais- sance et l'hommage de la communauté de Combret en faveur de son seigneur, Etienne de Serres de St-Roman , baron de Combret, Roqueféral, etc., lequel avait succédé dans la baronie de Combret, soit par succession, soit à titre onéreux à Mgr Frédéric-Jérôme de Roye de La Ro- chefoucault, archevêque de Bourges. Cet acte fut reçu par Carcenac, notaire à Belmont, qui, dans ces derniers temps, était encore le fondé de pouvoirs du seigneur et percevait pour lui les revenus annuels.

M. le comte de Saint-Roman, qui était pair de France sous la Restauration depuis 1815 jusqu'à 1830 , fut donc le dernier seigneur de Combret. En lui finit cette longue et imposante succession de ces fiers barons de Combret qui, à toutes les époques de notre histoire, ont pris une si grande part aux événements politiques de leur pays et aux guerres intérieures et extérieures.

Il existait en 1793 dans le château de Combret un nom- bre considérable de titres et de manuscrits qui formaient les archives de la seigneurie et qui offraient un grand intérêt au point de vue de l'histoire locale. Tous ces docu- ments qui seraient aujourd'hui d'un si grand prix à nos yeux furent impitoyablement brûlés dans ces temps néfastes sur le pont même de Combret où les petits jaco- bins de la localité en allumèrent un feu de joie. Il n'existe plus que quelques titres épars laborieusement recueillis par feu M. Bel, curé de Combret, qui s'est livré pendant son long séjour dans cette paroisse à d'intéressantes et fructueuses études sur Combret, et qui a fini par rassem- bler avec autant de succès que d'intelligence un certain nombre de manuscrits trouvés dans les papiers des principales familles , lesquels reconstituent jusqu'à un certain point les archives de cette localité célèbre.

C'est dans la circonscription communale de Combret qui se confond avec l'ancienne juridiction seigneuriale que se trou vent le château de Roqueféral qui appartenait au seigneur , le château d'Escamps qui était la propriété de noble Achille de Glavenas, sieur de Corbon , le château la Ferrandié appartenant à Sébastien de Penne. Ce der- nier château n'existe plus, c'est à peine s'il en reste quel- ques vestiges. Non loin de ce château existait autrefois un petit village appelé Montbressous. Une tradition populaire raconte que la peste ayant fait invasion dans le village , il fut livré aux flammes avec ses habitants pour arrêter la propagation du fléau dans le voisinage. Triste épisode de nos calamités publiques !

La famille de Penne, aliàs Ferrand, seigneur de la Ferrandié, habitait à Combret. On ignore la destinée des derniers représentants de cette famille. En 1460, Arnaud de Penne était porté sur le rôle d'hommes d'armes. Un autre Augier de Penne habitait Combret vers le milieu du XVIe siècle. Tristan de Penne , seigneur de la Ferrandié , fit hommage au roi, le 26 juillet 1636, à raison des fiefs qu'il possédait dans la commune de Rebourguil (V. M. de Barrau, Documents historiques, t. III, p. 100).

Le château d'Escamp existe encore, mais il appartient à un autre propriétaire que les descendants du fameux seigneur de Glavenas qui végètent dans la misère et l'obs- curité. Leur domaine fut exproprié et vendu en 1792 , et ils ne subsistent aujourd'hui que par le travail de leurs mains.

Sur les ruines du château de Roqueféral on a construit une cave à fromage pareille à celles de Roquefort et qui en a les propriétés.

Dans l'antiquité, le château de Combret dominait le village; il était bâti au-dessus de l'église qui se trouvait sans doute englobée dans son enceinte. Plus tard, vers les XIVe ou XVe siècles, il dut être transféré au milieu du bourg à l'endroit où nous apercevons encore des vestiges et des ruines. Le bourg était parfaitement défendu par un rempart d'environ quatre mètres de hauteur existant encore en quelques endroits. Une grande tour dominait le village, et c'est à cette tour qu'aboutissaient les remparts qui n'avait pas moins de trois mètres d'épaisseur.

Il y avait trois grands portails et deux autres portes qui formaient les cinq issues de la ville. Au portail dit du Puech, qui était l'avenue de Saint-Affrique et de Saint- Sernin , il y avait ordinairement un corps de garde.

Le portail de la Clède, au levant, servait de passage pour aller dans le Camarès et en Languedoc ; celui du Barry ou du faubourg pour aller à Castres ou à Albi.

Les portes qui étaient l'une à l'extrémité supérieure du village et l'autre à l'endroit dit la Serre s'ouvraient pour le service des terres et des vignes.

Indépendamment des trois portails extérieurs, il y avait trois autres grands portails qui, dans l'enceinte de la ville, donnaient issue sur les quatre principales rues et qui formaient d'autres fortifications intérieures pour la défense du château , de sorte que le village étant pris par l'ennemi, le château pouvait résister encore derrière la seconde ligne de défense. On montait la garde à toutes les portes intérieures, et il y avait dans le village une com- pagnie de garde bourgeoise préposée à cette mesure de sureté.

L'église de Combret, dédiée à saint Jean-Baptiste , fut rebâtie le 26 des calendes d'octobre 1344 par un architecte du nom d'Esquirol, selon une inscription qu'on lit sur l'un des pieds droits de la porte d'entrée. L'édifice porte dans quelques parties de son architecture l'empreinte du style bysantin. Le mur méridional est surtout précieux à explo- rer , il s'ouvre au soleil par ses baies encore intactes et d'une très belle exécution. L'abside présente quelque intérêt par son arc en fer à cheval et son appareil.

La porte d'entrée en plein cintre est ornée d'une archi- volte multiple qui repose sur des colonnettes rondes. Les impostes sont ornées de feuillages et d'arabesques ; sur l'une, d'elles on remarque un phénix en haut relief. L’existence du plein cintre dans une portion de l’édi- fice qui date, comme l’indique l’inscription, du XIVe siè- cle , aurait lieu d’étonner si l’on pouvait y voir autre chose qu’une imitation et la pensée d’utiliser les anciens matériaux taillés que l’artiste trouvait sous la main.

On montre encore au bas du village l’ancienne maison de la famille d’Audouls de Roquefère , dont M. le comte Dubosc , décédé depuis quelques années, a été le dernier représentant par son mariage avec l’héritière de cette famille. C’est sur la cheminée de cette maison ou sur les murs intérieurs que nous avons relevé des inscriptions presque effacées, remarquables par leur singularité. Ce sont des adages espagnols ; un seul est en langue latine , il est trop érotique pour être rapporté ; on sait que le latin dans les mots brave l’honnêteté, comme l’a dit excel- lemment Boileau :

No y a fueco II n’y a point de feu

Que mas arda Qui brûle davantage

Que la Iengua Que la langue

Que mal abla. Qui parle mal.

lo contra todos Tous contre moi

Todos contra io. Moi contre tous[1].

Pio morte Plustôt mort

Que mudado. Que changé.

Les armoiries de cette maison sont : de gueules au paon d’argent cantonné d’une étoile d’or.

L’industrie principale des habitants de Combret consiste dans la culture des produits du jardinage. Chaque chef de famille cultive avec soin des semis ou des plants pota- gers, et quand le moment est venu, à la fin du printemps, il va au loin dans les campagnes vendre , à dos de mulet, ses plants d’ognon, de choux, de betterave, de laitue, etc. En échange il rapporte des céréales et des pommes de terre pour l’alimentation de son ménage.

Ceux qui habitent les fermes ont un autre genre d’in- dustrie qui n’est pas sans importance et sans profit, c’est le commerce des grives. Le genevrier étant très commun dans la commune, les grives arrivent en foule au com- mencement de l'hiver pour y passer cette saison, pendant laquelle elles se nourrissent exclusivement des baies du genevrier. On élève des piéges sous ces arbustes au moyen d'une ardoise placée de champ, légèrement inclinée et soutenue par quatre petites buches artistement agencées, au milieu desquelles on place une petite tige de gené- vrier ou quelques grains de genièvre pour attirer l'oiseau qui, ainsi alléché par cet appât, va se reposer sur les bûches qu'elle fait tomber par son propre poids et avec lui l'ardoise sous laquelle il trouve la mort. On prend de cette manière , dans chaque ferme, un bon nombre de ces oiseaux tous les hivers, et ce nombre varie selon le plus ou moins d'abondance de genièvre. Cette industrie rap- porte annuellement dans plusieurs domaines jusqu'à six cents francs. C'est par ce procédé qu'on prend la grive appelée du Camarès, si connue des gourmets et si recher- chée sur nos tables ! Oiseau célébré par Jules César, si l'on en croit une tradition qui remonte au passage de ce grand capitaine dans nos contrées et qui, néanmoins, n'est pas consignée dans les Commentaires de cet historien militaire, quoiqu'en disent plusieurs lettrés. Autrefois , cet oiseau ne se vendait que 25 ou 30 centimes; aujour- d'hui il se vend communément 75 centimes et le tourdre moitié moins.

Dans les temps anciens , avant que le défrichement eût détruit les bois qui couvraient presque toute la surface de cette commune, les propriétaires des domaines se livraient à une autre industrie aujourd'hui disparue ; ils recevaient des contrées voisines, moyennant un salaire convenu , plusieurs porcs qu'ils envoyaient à la glandée pendant deux ou trois mois de l'hiver. Ils trouvaient ainsi les moyens d'utiliser le gland qu'ils n'auraient pu ramasser à cause de sa grande abondance et du manque de bras, et ils recevaient une gratification par tête d'animal, sur laquelle le seigneur haut justicier percevait un droit éta- bli et débattu entre les consuls de la communauté et le seigneur. Ce droit s'élevait à 10 deniers par tête d'animal, suivant transaction du 4 des ides d'avril 1301 devant Gauthier, notaire à Combret.

Aujourd'hui les bois disparaissent rapidement sous l'ac- tion funeste du défrichement, et la récolte du gland étant devenue insignifiante à cause surtout des intempéries des saisons qui se sont ajoutées au fléau des défrichements , cette industrie est tombée en désuétude et ne s'exerce plus. Chaque propriétaire fait consommer le gland qu'il ne ramasse point par ses propres porcs, dont il augmente ou réduit le nombre selon l'état de la récolte.

D'ailleurs, il s'élève une industrie nouvelle qui offre une bien autre importance et qui transforme déjà les pro- priétés du Camarès. C'est l'industrie fromagère de Roque- fort qui prend d'immenses développements. Aussi les bois disparaissent-ils successivement sous la cognée ou sous la pioche, à leur place nous voyons déjà des champs de plantes fourragères ou de blé. Le propriétaire augmente tous les ans le nombre de ses brebis, de ses vaches laitiè- res pour obtenir une plus grande quantité de lait et par conséquent de fromage. On a calculé que six livres de lait de brebis produisaient une livre de fromage, et que trois brebis à elles seules rendaient un quintal de fromage qui se vend en 1877 au cours moyen de 65 fr., d'où il résulte qu'une brebis rapporte annuellement plus de 20 fr., indé- pendamment de ses autres produits; le revenu qu'elle donne est ordinairement supérieur à sa valeur vénale. Quand le fromage est fait par les soins du producteur dans un laps de deux à trois jours et qu'il a reçu cette forme compacte que nous connaissons, il est envoyé aux marchands de Roquefort qui le déposent dans leurs caves où il se prépare lentement. C'est là qu'il gagne après quelques mois de séjour sous l'influence de la température particulière de ces réduits, cette qualité remarquable, ce goût, cet arôme particulier qui font du roquefort le fro- mage par excellence de l'Europe. Une cave à fromage a été créé depuis peu à Roqueféral à l'instar de celles de Roquefort. Elle fonctionne déjà avec succès ; l'avenir prouvera si elle pourra rivaliser avec Roquefort et si son produit acquerra la même propriété qu'il gagne dans les caves de ce dernier village. Les armes des seigneurs , barons de Combret, de Bro- quiès, de Saint-Sever, de Lacaune, de Sénégas , etc., étaient : d’azur au lion léopardé d’or.


PLAISANCE.

La commune de Plaisance a été érigée en mairie par ordonnance royale du 12 février 1832. Elle fut distraite de celle de Coupiac. Dans l’ancien régime elle formait une communauté importante gouvernée par ses consuls électifs et par un. seigneur.

Le bourg de Plaisance a joué un grand rôle dans les guerres religieuses ; et dans le XVIIe siècle il fut le théâtre d’une infinité d’exactions et de violences commises par le baron de Sénégas qui en était alors seigneur.

Le château de Plaisance, dont on voit à peine quelques ruines autour de l’église, fut fondé au commencement du XIIIe siècle par les comtes de Toulouse. A la mort de Jeanne, héritière de ces comtes et femme d’Alphonse, comte de Poitiers, décédée sans postérité en 1271, ce château avec ses dépendances passa, comme les autres possessions de cette princesse dans le Rouergue, au domaine de la couronne.

En 1298, Philippe-le-Bel accorda à Plaisance et à La Bastide-Teulat des libertés et des priviléges.

La maison de Panat possédait le château, nous ne savons à quel titre, de 1410 à 1569. A cette famille suc- céda celle de Castelpers-Panat jusqu’à 1608, laquelle la revendit, dans cette même année, avec tous ses droits seigneuriaux et ses dépendances à la maison de Durand de Bonne de Sénégas, moyennant 4,200 livres.

Nous sommes porté à croire que le château de Plai- sance était une dépendance du château de Coupiac, qu’il en fut au moins un démembrement et qu’il a participé à tous les changements, à toutes les vicissitudes qui ont accompagné l’existence de ce dernier jusqu’au temps où le baron de Sénégas en fit l’acquisition. Le 13 février 1587, huit cents catholiques conduits par le vicomte de Trellans, seigneur de La Bastide-Teulat, s'emparent par surprise du château qui appartenait alors à Jean et à Jacques de Castelpers-Panat, chefs calvinis- tes; mais le même jour, les calvinistes, secourus par un renfort de troupes envoyées de l'Albigeois par Montgom- mery, parviennent à reprendre la place , après avoir expulsé les catholiques qui, en se retirant à Saint-Sernin, subirent de grande pertes au passage du Rance dont les eaux étaient considérablement grossies ce jour-là.

En 1608, Jean de Durand, seigneur de Sénégas, fit, avons-nous dit, l'acquisition de la terre de Plaisance. Il s'éleva à cette occasion de grandes contestations entre l'acquéreur et les consuls de la communauté au sujet de certains droits seigneuriaux. Après lui , Charles, son fils, persista dans les mêmes prétentions que le père avait élevées, et les anciennes discussions ne firent que s'envenimer de plus en plus.

Le litige fut porté devant plusieurs juridictions, devant le Parlement de Toulouse et le Conseil d'Etat. Partout la justice repoussa les prétentions du baron de Sénégas, lequel, enflammé de dépit, s'insurgea contre l'autorité des cours et de la justice. Il se permit mille exactions au préjudice des habitants et au mépris des arrêts judi- ciaires. Les habitants résistèrent à ses violences et leur résistance fut couronnée de succès. Le marquis de Séné- gas fut condamné au bannissement perpétuel avec 20,000 livres d'amende, ses châteaux rasés et ses biens confis- qués. Cela résulte d'un arrêt de la cour des grands jours d'Auvergne, vers la fin de 1665. Ce seigneur était accusé devant ces assises extraordinaires d'avoir fait des levées d'argent à main armée sur des particuliers et même sur des communautés, d'avoir empêché la levée des tailles du roi, imposé des redevances sur des villages, exigé des services indus, démoli des chapelles, usurpé des dîmes, rançonné plusieurs individus, sequestré et assassiné, etc. (V. Histoire de France, Henri Martin. Tom. 13.)

Dès le 20 mai 1667 on procéda au séquestre des biens et à la démolition du château de Plaisance. Mais le marquis exaspéré suscita toute espèce de querelles et de violences, il déclara une guerre à outrance aux habitants et au Seigneur de La Bastide qui faisait cause commune avec eux. Des procès criminels s'ensuivirent, à la suite desquels il y eut trève et réconciliation entre les parties belligérantes plaidant et guerroyant en même temps.

Or, pendant la trève, Pierre Durand, fils du marquis, qui habitait le château de Verdun, appartenant à un frère du marquis, exécuta un horrible guet-apens contre le vicomte de Trellans, seigneur de La Bastide. Suivi de quarante affidés, armés et masqués, il se rend à La Bas-

tide-Teulat le dimanche 15 juillet 1674. Le vicomte étant à la messe, les conjurés pénètrent dans l'église, l'enlèvent, l'emmènent avec eux et le massacrent non loin de là avec deux domestiques qui avaient suivi leur maître. On raconte que c'est aux environs d'Alban, au lieu appelé Le Noyer, que la victime fut achevée. Son corps fut transporté le même jour à La Bastide et un long procès criminel s'ensuivit. Un nommé Assier, vassal du seigneur de La Bastide, qui fut accusé d'avoir, par tra- hison, favorisé les assassins et facilité le meurtre, fut obligé de s'expatrier. Ses biens furent confisqués pour cause de félonie et adjugés aux fils du seigneur assassiné; mais cet acte d'extrême rigueur ne fut point ratifié par

l'opinion publique. La tradition rapporte que si Assier s'unit dans cette circonstance aux ennemis de son sei- gneur pour le perdre, ce fut pour venger des outrages personnels et journaliers que ce seigneur se permettait envers ses filles, outrages que les lois de l'époque étaient impuissantes à faire cesser.

Les fils de la victime, Jean, Luc et François de Nogaret de Trellans, portèrent plainte au roi ; ils poursuivirent le meurtrier, l'assiégèrent dans son château de Verdun, d'où il s'évada à la faveur de la nuit après six jours de siége. Mais deux mois après il fut arrêté aux environs de Castres, conduit à Toulouse, jugé et condamné à mort, et transféré à Plaisance où il fut exécuté publiquement sur la place de Saint-Blaise. Cette assertion dernière paraît néanmoins contestée. Si l'on en croit une autre tradition, le condamné prêt à subir sa peine se serait échappé de sa prison et aurait disparu sans qu'on ait jamais retrouvé ses traces.

Cependant les premières contestations portées devant la justice entre les habitants de Plaisance et le marquis de Sénégas n'étaient pas encore vidées. Par transaction du 16 juillet 1688, les habitants s'engagèrent à payer à leur seigneur, Jean-Louis Durand, marquis de Sénégas, 3,400 livres, moyennant quoi ils étaient déchargés de toutes charges. On voit que l'affaire était dès lors réduite à une action civile et que l'action publique était aban- donnée.

Depuis cette époque la terre de Plaisance fut de nou- veau réunie à la couronne et le roi en était le seul sei- gneur.

Le château de La Bastide-Teulat qui n'offre plus que quelques ruines est au nord et à 4 kilomètres de Plai- sance, non loin du confluent du Rance et du Tarn. Il portait le nom d'une famille noble du nom de Teulat qui en possédait fort anciennement la seigneurie.

Pierre de Teulat en était seigneur en 1450. Au com- mencement du XVIe siècle, Marie de Teulat, dame héri- tière de La Bastide, apporta cette terre dans la maison de Murât, en épousant Pierre de Murat de l'Estang, seigneur de Pomayrols. Bientôt après, cette terre passa par acqui- sition aux Nogaret qui l'ont conservée depuis 1552 jus- qu'à la Révolution.

Renée Claude de Nogaret, dernière du nom, dame de La Bastide-Teulat, célèbre par ses excentricités, avait épousé le marquis de Pons, en Auvergne, dont elle était veuve en 1789. Elle est morte dans son château en 1811 et, à sa mort, ses héritiers ont vendu tout ce qu'elle pos- sédait, château, terres et mobilier. Le château fut immé- diatement démoli par les acquéreurs qui en utilisèrent les matériaux. La chapelle seule de cette résidence sei- gneuriale est restée debout.

Il y avait dans le château de La Bastide une salle de la plus grande magnificence. Le parquet surtout était re- marquable par un travail de marquetterie qui étonnait les visiteurs. C'était un chef d'oeuvre de menuiserie exécuté vers le milieu du XVIIe siècle. Le seigneur, satisfait et ravi de la perfection de cette oeuvre, crut immortaliser l'ouvrier en lui faisant graver dans le parquet le distique latin suivant :

Hoc Sandral perfecit opus celeberrimus auctor Et sua fama volans protinus astra petit.

L'artiste, comme on le voit, s'appelait Sandral; il était originaire de Pousthomy où ses descendants exercent encore la profession de leur aïeul avec moins de succès assurément.

Le village de Plaisance, Placentia, d'après les anciens titres, remonte à une haute antiquité. Son château était situé sur un rocher formidable dans une position qui, du côté du sud et de l'ouest, pouvait défier les ennemis. En face, au nord-ouest, se dressait aussi sur un rocher non moins formidable le célèbre château royal de Cèuvale. Ces deux châteaux n'étaient séparés que par la rivière du Rance sur laquelle existait autrefois un pont dont on voit encore quelques vestiges. L'un, celui de Ceuvale qui fut le siège d'une justice royale et un lieu d'exil pour divers personnages de la cour, se trouve dans l'Albigeois ou le département du Tarn; l'autre, celui de Plaisance, était en Rouergue, aujourd'hui dans l'Aveyron. Le château de Ceuvale fut assiégé et occupé, sous la domination an- glaise, par le prince de Galles ou le Prince-Noir. Il fut habité pendant treize ans par Marie de Bourbon, duchesse de Vendôme, épouse du roi de Chypre et de Jérusalem.

Outre le château, Plaisance possédait dans son enceinte un couvent de Bénédictins avec l'église actuelle qui leur appartenait. C'est, sans contredit, la plus balle église du canton. Malheureusement, les ravages du temps, des réparations partielles faites sans goût et sans intelligence, et le funeste badigeon l'ont considérablement dégradée en attendant que de nouveaux travaux consomment sa ruine. Mais quoiqu'elle ait été mutilée par le temps ou défigurée par de grossières restaurations, son architec- ture romane ou bysantine offre encore des détails bien précieux au point de vue de l'art. Ce monument qu'on regrette de ne pas voir classé au nombre des monuments historiques, semble dater de la dernière époque du style bysantin, de l'époque tertiaire ou de transition, c'est-à- dire de l'an 1100 à 1200. Cette église fut bâtie d'abord en forme de croix grecque et ce n'est que plus tard que le bras occidental ayant été prolongé elle a pris la forme d'une croix latine au moyen de trois absides formant les trois bras et la nef formant le pied de la croix. La cou- pole de l'abside principale est très remarquable. Elle est surmontée d'une tour octogone qui s'élève au milieu des absides et sert de clocher. L'extérieur des absides est orné de colonnettes et de chapiteaux historiés de diverses manières.

Trois portes donnent accès à l'église ; la principale qui est au bas de la nef, vis-à-vis l'autel, est abritée par un porche qui passe pour un grand embellissement de l'édi- fice, tandis qu'il le défigure complètement. Deux autres petites portes se trouvent aux absides latérales, ouvrant l'une au nord l'autre au midi. C'est au-dessus de cette dernière qu'on peut voir une pierre symbolyque pareille à celle de l'église de Coupiac avec des dimensions moins grandes.

La commune de Plaisance est l'une des plus fertiles du canton. Les productions y sont abondantes et variées ; les fruits et le vin y sont d'excellente qualité. Les monta- gnes qui entrecoupent ce territoire sont très élevées et ne produisent que du seigle; mais les vallons situés au pied de ces montagnes produisent le froment, le maïs et des fruits de toute espèce. Les habitants sont essentielle- ment agriculteurs et ne s'adonnent ni au commerce ni à l'industrie. Cependant nous devons mentionner une in- dustrie circonscrite dans le village de Plaisance, c'est la fabrication des filets et engins de pêche à laquelle la po- pulation se livre avec ardeur pendant l'hiver.

La montagne dite des Fourches, située entre Plaisance et Martrin, ne saurait être passée sous silence. Sa déno- mination indique suffisamment que les fourches patibu- laires y avaient été établies par le seigneur haut-justicier, et une autre appellation de la Draye qu'on applique au sommet de cette montagne annonce clairement l’exis- tence d’une voie principale qui parcourait la crête de la montagne depuis Martrin jusqu’à Plaisance. La draye, ou le serre en patois, est synonime de la soerra des Espa- gnols. Une chronique rapporte que dans une année de sécheresse extrême les habitants de Martrin suivaient ce chemin pour aller abreuver leurs bestiaux non au Rance qui était à sec, mais au gouffre de Saint-Martin, sous le rocher de Plaisance.


SAINT-JUÉRY.

Par ordonnance royale du 12 février 1832, la commune de Saint-Juéry fut distraite de la mairie de Saint-Sernin pour former une mairie distincte. Elle embrasse dans son étendue, outre la paroisse du chef-lieu, celles de Farret et d’Ennous.

Le village de Farret remonte à une haute antiquité. M. de Gaujal, tom. IV, p. 499, mentionne une charte de fondation du monastère de Farret, par Saluste, homme noble, passée vers l’an 960. A cette même époque le même Saluste donne à Aigret, abbé de Vabres, le lieu de Farret pour y construire un monastère. (Gall. christ.)

Le village d’Ennous ou d’Innous n’est pas moins an- cien, quoiqu’il n’existe pas de document pour appuyer la tradition orale. C’était un bourg fortifié, entouré d’un rempart et d’un fossé avec pont-levis ; il dépendait de la seigneurie de Brousse.

Le 13 octobre 1500 les habitants d’Ennous font au seigneur de Brousse la reconnaissance de la terre d’En- nous qui confronte avec le fief de Montclar, les terres de Saint-Juéry, de Bournac et de l’évêque de Vabres.

Les consuls d’Ennous renouvellent la même reconnais- sance , en 1642, en faveur de messire Louis, vicomte d’Arpajon, baron de Brousse, leur seigneur direct.

Le prieuré d’Ennous, dont on ignore la création, a subsisté jusqu’à la Révolution. L’église a été reconstruite pendant le XVIIe siècle ; elle ne présente d'autre, particu- larité qu'un portail de l'ordre Toscan, associé en 1854 avec aussi peu de goût que d'intelligence au style ogival de l'édifice.

Saint-Juéry tire son nom du château que nous y voyons encore et dont la reconstruction paraît remonter à trois ou quatre siècles, d'après le caractère de son architec- ture. La famille de Montlaur en eut pendant longtemps la haute seigneurie. On sait peu de chose, dit M. de Bar- rau, sur la famille de Saint-Juéry établie, dit-on, depuis longtemps dans le bas Languedoc.

Amaralde de Saint-Juéry, femme de Pons Durand, damoiseau, vivait en 1183.

Guillaume et Pierre de Saint-Jory reçurent quelques terres à cens (Tit. de Combret).

Il est question, dans la reconnaissance de l'an 1453, de Guillaume de Saint-Juéry qui possédait en ce temps-là des terres et une maison à Combret.

Noble Antoine de Raulat, seigneur de Saint-Juéry, assista, en 1525, au mariage d'Antoine de Thezan, sei- gneur de Saint-Geniez, près Béziers, avec Louise de Ba- derou de Naussac, fille du seigneur de Saint-Sernin.

En 1544, Charles de Roquefeuil, seigneur de Combret, donna investiture à Sobeyrane d'Alhiers, femme de noble Jean de Saint-Juéry, pour certaines permutations faites par ces deux époux.

Noble François de St-Juéry, seigneur d'Hautes-Rives, est compris dans le cadastre de la terre de Combret, de 1625, pour ses biens de Combret et d'Hautes-Rives.

Charles de Saint-Juéry, seigneur d'Hautes-Rives, habi- tant de Combret, est porté au rôle de la noblesse de 1668. Ce Charles, mort avant 1695, paraît avoir été le dernier du nom. Il eut de Françoise Calvière une fille, nommée Jeanne, qui épousa noble Hélice de Bernard de Montyal- lon, lequel fit un contrat d'accord avec son beau-père, le 2 juin 1667.

En 1682, la seigneurie de Saint-Juéry appartenait à noble Jean-Louis de Pascal. Cette famille, dont deux branches existent encore en Languedoc était représentée pour la première, en 1789, par M. Pascal, vicomte de Saint-Juéry, mort sous la Restauration maréchal-de- camp, laissant un fils qui habite Montpellier. La branche cadette s’est éteinte dans la personne de M. Pascal, mar- quis de Rochegude, contre amiral, demeurant à Albi, où il est mort après 1830.

Le château de Saint-Juéry, encore en bon état, appar- tient aujourd’hui aux héritiers Gasc, dont les auteurs l’ont acquis à la fin du XVIIIe siècle.

On assure qu’une famille du nom de Saint-Juéry, qui habite à Béziers ou aux environs, a la prétention de des- cendre des seigneurs de Saint-Juéry et qu’un membre de cette famille est venu de nos jours visiter cet antique berceau de sa race.

La principale production de cette commune consiste présentement dans le fromage de Roquefort. Les habitants se livrent à cette industrie avec une véritable passion , ils en retirent un lucre considérable qui apporte l’aisance et la richesse dans ces contrées. A cette industrie fromagère se lie le commerce des graines fourragères. On récolte d’immenses quantités de graines de trèfle , de luzerne, d’esparcette, dont la vente procure des bénéfices consi- dérables.


MONTCLAR.

Le village de Montclar, chef-lieu de la commune de ce nom depuis 1832, était autrefois le siége d’une seigneurie dépendant de la baronie de Brousse. Avant la révolution c’était une communauté composée de consuls et d’un corps municipal. Ce fut avec Balaguier et Pousthomy l’une des trois administrations municipales dont le représentant Chabot prononça la dissolution, en 1793, pour cause d’in- civisme.

Le 28 avril 1705 Gely de Grandsaigne, d’une famille noble mais peu ancienne, habitant la ville de Sévérac , acheta, au nom de son fils Gilles, conseiller secrétaire du roi, à Catherine-Françoise d’Arpajon,comtesse de Roucy, la baronie de Brousse avec les terres de Montclar et d’Ennous.

Par autre acte du 5 avril 1739, le fils de Gilles, appelé Etienne Giles , aliéna à son tour la terre de Montclar en faveur d’Antoine de Sambucy, seigneur de Broquiès, châ- telain de Compeyre, conseiller du roi en ses conseils , avocat-général en la cour des aides et finances de Mon- tauban.

Dans les rôles de revues passées en Rouergue pendant les années 1386 et 1387, un Peyrot de Montclar figure au nombre des hommes d’armes qui prirent part à la guerre contre les Anglais.

Le sol de cette commune est généralement schisteux, à l’exception de St-Igest et de ses environs situés sur les bords du Tarn qui offrent un terrain d’alluvion très fer- tile. Les productions sont variées dans le vallon du Tarn , mais sur le plateau on cultive exclusivement les céréales, seigle et avoine.


COUPIAC.

Le village de Coupiac peut se prévaloir d’une grande ancienneté. Nos annalistes du Rouergue le mentionnent dès le IXe siècle, et M. de Gaujal signale son existence en l’an 800 (Tom. I, p. 211). L’étymologie du nom paraît se rapporter au mot latin copia, abondance , richesse.

Le château qui domine le bourg est bâti sur un rocher rasé ou nivelé presque à fleur de terre : il a la forme d’un carré long flanqué de quatre tours circulaires , dont les murs comme ceux de l’édifice ont deux mètres d’épais- seur. Près des combles régnait autour de l’édifica une galerie à machicoulis dont il reste encore quelques par- ties, le donjon s’y fait remarquer aussi. A l’extrémité, il y a des voûtes d’une solidité et d’une exécution remar- quables, les unes en plein cintre, les autres en ogive. Celles des tours sont sphériques et divisées par de jolies nervu- res. L'ornementation des portes et des fenêtres annonce le style du XVIe sièce, et il semblerait qu'à cette époque une grande partie de l'intérieur fut remaniée. On y voit deux beaux escaliers en sp irale et en plusieurs endroits la place d'écussons grattés.

On raconte que le seigneur de Coupiac ayant participé à la révolte du comte d'Armagnac contre l'autorité royale, Louis XI ordonna qu'un quart du château fût abattu en punition de cette félonie.

Le village (castrum) était entouré de forts remparts, et l'on n'y avait accès que par deux grandes portes, dont l'une existe encore au nord. Le seigneur faisait fermer ces portes tous les soirs , en sorte que la nuit nul ne pou- vait entrer ou sortir sans sa permission. Ce privilége sei- gneurial fut l'objet de nombreuses contestations entre le seigneur et les consuls de la communauté, ainsi que cela résulte de plusieurs manuscrits déposés aux archives du château.

Le château de Caystor qui est dans le voisinage de Coupiac, entre ce village et Saint-Sernin, était une dé- pendance de celui de Coupiac. Il n'en reste que quelques vestiges ; le nom seul a survécu , et Caystor n'est plus aujourd'hui qu'un groupe de deux ou trois maisons bâties sur les ruines du château.

Dans le XIIIe siècle , ces deux châteaux appartenaient aux comtes de Rodez. En 1222, il s'éleva une contesta- tion entre le comte et l'évêque de Rodez au sujet de l'hommage de ces deux châteaux, hommage que l'évêque revendiquait. La contestation fut jugée en faveur du comte.

En 1238, le comte de Rodez vend ces deux châteaux à Archambault de Panat, mais en 1276 il est obligé de les reprendre à la suite d'une nouvelle contestation entre lui et l'évêque auquel il en devait alors l'hommage comme les tenant de lui en arrière-fief.

En 1313, la comté de Rodez s'étendait jusqu'à Coupiac et Caystor. En 1317, lors de l'érection de l'évêché de Vabres, qui fut un démembrement de celui de Rodez, le pape Jean XXII réserve à l'évêque de Rodez les droits tempo- rels dont il jouissait dans le nouveau diocèse sur les deux châteaux de Coupiac et de Caystor.

En 1327, les héritiers de Pierre de Panat rétrocè- dent aux comtes de Rodez les deux châteaux en confir- mant la cession précédemment faite.

Il paraît que les évêques avaient attaqué la vente faite à la maison de Panat, parce que l'acquéreur était infé- rieur en qualité aux comtes de Rodez ; les prélats ne vou- laient accepter d'autres hommages que des comtes ou des seigneurs d'une dignité équivalente.

Quoiqu'il en soit de cette aliénation et de la rétroces- sion qui la suivit, les deux châteaux appartenaient aux vicomtes de Panat en 1513. A cette date ils passèrent par les femmes aux Castelpers, et Anne de Castelpers, héri- tière de cette maison , les porta en mariage, en l'an 1631, à Louis de Brunet, dont les descendants se sont qualifiés marquis ou comtes de Panat.

Au commencement du XVIIIe siècle , la maison de Bru- net vendit non pas le château de Caystor, qui n'existait plus, mais celui de Coupiac avec la seigneurie à M. Jean d'Izarn, sieur de Méjanel, dont les descendants ont été les derniers seigneurs de la terre de Coupiac. Ceux-ci ont aliéné de nos jours le château en faveur de M. Bonnet , de son vivant notaire de Coupiac.

Coupiac forma en 1791 le chef-lieu du canton de ce nom; mais dans la circonscription administrative de la France en l'an X, ce canton fut supprimé et réuni à St- Sernin. Dans les archives de la justice de paix de Saint- Sernin se trouvent les minutes des actes judiciaires de la justice de Coupiac pendant ces neuf ou dix ans d'exercice. Il est aujourd'hui chef-lieu d'une commune considérable par sa population et son étendue , d'une perception qui comprend cinq communes, d'un bureau de poste et bientôt d'une brigade de gendarmerie.

La commune de Coupiac a trois succursales dans son territoire : Coupiac, St-Exupère et St-Michel-de-Caystor. tervitoire: Coupiac, St-Exupve et St-Michel-de-Caystor. L'église de Coupiac possède une relique précieuse qui est un objet de grande vénération et qui attirait autrefois beaucoup plus qu'aujourd'hui bon nombre de pèlerins. C'est un fragment du voile de la Sainte-Vierge qu'un chevalier du Rouergue aurait apporté de la Palestine au temps des Croisades pour en faire don à cette église. Nous lisons qu'Ayméri de Coupiac, chevalier de l'ordre du Temple, qui vivait en 1310 , fut compris dans le procès célèbre intenté aux Templiers et qui aboutit, l'année sui- vante, à l'abolition de cet ordre de chevalerie. Peut-être est-ce ce chevalier qui porta de la terre sainte cette reli- que pieusement conservée jusqu'ici.

« On voit sur le mur extérieur du porche de l'église de » Coupiac, dit M. de Barrau, au-dessus de l'arcade , une » grande pierre carrée, chargée de figures emblémati- » ques qui attirent depuis longtemps l'attention des » curieux. Cette pierre provient de l'ancienne église de » paroisse dédiée à Notre-Dame, dont les ruines exis- » tent encore dans une gorge solitaire à une petite » distance de Coupiac. La figure qu'elle représente n'est » autre chose que le monogramme du Christ.

" Tout le monde sait que ce signe devint le symbole » du triomphe du christianisme , après que Constantin » l'eût écrit sur les étendards de son armée vers l'an » 311.

» C'est un cercle coupé par une ligne perpendiculaire " portant à son extrémité supérieure le R grec et au bas » de laquelle se déroule le Sigma, autre lettre du mot » Christ.

» Le cercle est traversé par deux autres lignes diago- « nales, se coupant dans le centre de manière à former » une croix oblique qui représente le Chi première lettre » du mot Christ. La branche de gauche est surmontée " d'un alpha, celle de droite d'un oméga. Le cercle est » contenu dans un quadrilatère qui est lui-même enve- » loppé par un demi-cercle figurant une archivolte qui » repose sur un linteau. Ce dernier arc est bordé par deux » festons entrelacés. Dans l'espace vide , c'est-à-dire en- » tre les festons et les côtés du carré, le sculpteur a figuré » deux archanges, des quatre feuilles et des étoiles, » Les habitants de cette commune s’adonnent à l’agricul- ture et à l’exploitation de leurs terres. Ils élèvent des bestiaux, et cette industrie est la seule à laquelle ils se livrent. Les productions principales sont : le seigle , l’avoine , les pommes de terre, les châtaignes et les pom- mes. Le terrain y est généralement schisteux même dans les vallons.


MARTRIN.

Martrin était une commanderie de l’ordre du Temple , auquel succéda l’ordre de Saint-Jean qui a fini par l’ordre de Malte. On voit encore dans ce village une partie du vieux château où les chevaliers faisaient leur résidence. De la chapelle du château qui aujourd’hui sert d’église paroissiale, on n’a conservé que l’ancien clocher, tour forte et crénelée qui dans l’origine devait faire partie im- portante du château. Le jardin du château est encore appelé jardin du commandeur. Un quartier de la commune porte encore la dénomination des commanderies.

Le commandeur de Martrin avait la seigneurie ou jus- tice haute, moyenne et basse dans sa terre. Cela résulte de plusieurs manuscrits et d’un cahier de reconnaissances dressé par Peuchemin, notaire à Coupiac. Ce document incomplet , trouvé dans les archives de la commune , ne porte point de date , mais il nous a paru remonter aux premières années du XVIIIe siècle. Il relate d’autres recon- naissances de 1634 et contient les déclarations et sou- missions des possesseurs de terres ou fiefs faits à haut et puissant illustrissime seigneur, messire Jean-Paul de Lascarris, castellar, chevalier, bailli, sénéchal de l’ordre de Saint-Jean-de-Jérusalem, commandeur de Castel-Sar- rasin, Villedieu, Saint-Félix-de-Sorgues , Martrin et ses dépendances.

La commune de Martrin, dont le territoire correspond à l’ancienne juridiction du commandeur, offre dans son périmètre une délimitation remarquable , marquée par des bornes en grès taillées, sur lesquelles on voit une croix de Malte d'une exécution parfaite.

Dans le cimetière attenant à l'église se trouve un tom- beau dit du Commandeur. Il est creusé dans un bloc de grès fin extrait des «'ru.res du voisinage. Ce monument a deux mètres mètres de longueur sur 0 m 95 de largeur. Sa forme est un carré long. Sur le milieu du cou- vercle , légèrement convexe, se trouve sculptée en légère saillie une grande croix latine qui offre, au point d'inter- section des deux branches, la figure d'un agneau. Un peu plus haut est une autre petite croix à huit pointes pareille à celle qui servait d'insigne aux chevaliers de Malte et en tout point conforme à celles qui sont gravées sur les bor- nes du territoire communal. Au pied de la croix on a figuré trois écussons. Le premier présente une sorte de grillage ou de herse ; le deuxième , qui est au centre , porte un arbre surmonté d'une croix couchée et placée horizontale- ment. C'étaient sans doute les armes parlantes du com- mandeur enseveli dans le sarcophage qui s'appelait Penangre de Salicio (saule). Ces mêmes armoiries sont reproduites sur les murs du château et sur de vieilles boi- series; le troisième enfin est vide ou fruste. Les bords de la pierre sont chargés d'inscriptions gothiques, et le reste du tombeau n'offre dans son ornement que quatre médail- lons fantastiques de formes assez grossières que l'archi- tecte a gravés sur les côtés.

L'âge de ce monument est inconnu. Cependant les ins- criptions latines que nous y avons lues se composent de ces caractères gothiques de forme allongée et nette qui portent le cachet du XVe siècle. Voici ces inscriptions gra- vées en abrégé :

HIC JACET NOB. FRATER PENANGRA DE SALICIO. DEUS PROP. ESTO MÎ. PETIVI MÎ. .

m.. IR. . IR. . MÎ. . (Irrevocabilis mihi, sans doute.) SIT NOMEN MEMOR. (Sit nom. memorabile.)

Ce tombeau ayant été ouvert pendant la Révolution, on y trouva deux épées rongées par la rouille et les débris d'un squelette. C’est aux environs de Martrin qu’on voit encore le châ- teau de Farreyroles qui a pris part aux ses. Le seigneur de ce château portait le nom de Nozier de Laval, de la Lande , de Farreyriles , de la Tourrette. Cette famille produisit ses titres de noblesse devant l’in- tendant de la Guienne , le 27 mars 1697. Un de ses mem- bres, Guillaume de Nozier, était juge de Coupiac vers la fin du XVIIe siècle. Les derniers descendants de cette mai- son furent N. Nozier de Laval, mort curé de Pousthomy vers 1786, et son frère N. de Farreyroles, décédé à St- Sernin pendant la Révolution dans un état de fortune très précaire. Cette famille possédait une maison à St-Sernin et y résidait : c’est la maison curiale. Les armoiries , d’azur à trois bandes de sinople au noyer d’or brochant sur le tout, figuraient sur la porte d’entrée aujourd’hui démolie.

Au dessus du moulin de Lyonnet, on voit des ruines d’un ancien château appelé La Tour. Ce château devait remonter à une haute antiquité. La tradition est muette sur son existence.

Le Caylar était le chef-lieu d’une petite seigneurie de création moderne. Le dernier seigneur fut M. Constans La Bourgade , mort de nos jours à Camarès.

La commune de Martrin, qui faisait partie de la mairie de Coupiac , en a été distraite par ordonnance royale du 12 février 1832.

Les productions de cette commune sont variées comme celles du voisinage : aucune industrie, aucun produit spé- cial ne la distinguent de ceux des autres communes.


BRASC.

La commune de Brasc faisait partie de la mairie de Coupiac; elle en a été distraite par une loi du 19 juillet 1845.

Aucune particularité remarquable ne distingue le village de Brasc. On n’y trouve ni châteaux, ni ruines, ni souvenirs historiques quelconques.

Le cadastre de Coupiac , à la date de 1594, mentionne , il est vrai, un sieur de Brasc , ce qui indiquerait que ce personnage était le seigneur de cette localité ; mais les terres qui lui sont attribuées sont si peu étendues qu’il ne saurait être question de seigneurie , le territoire de Brasc était probablement compris dans la juridiction et le con- sulat de Coupiac et devait relever de la seigneurie de ce bourg.

La partie haute de la commune est consacrée à la cul- ture du seigle et à l’élevage des bestiaux. La partie basse, qui borde le Tarn, a des produits très variés et même des vignes qui produisent un vin assez estimé.


Hommes remarquables du canton de Saint-Sernin.


BERNARD DE COMBRET.

Bernard de Combret, qui vivait en 1254, naquit au châ- teau de ce nom. Il descendait de cette illustre famille de chevaliers , barons de Combret, qui avaient figuré dans les croisades et dont l’origine était fort ancienne. Bernard fut d’abord prévôt de l’église d’Albi et il en devint évêque au mois d’août 1254. L’évêché d’Albi fut érigé en arche- vêché dans les siècles suivants.

On raconte dans l’Histoire du Languedoc que cet évêque ne voulait pas reconnaître les officiers de justice établis par le roi dans la ville. Ce fut là l’origine d’une guerre entre cet évêque et l’abbé de Gaillac, et il en résulta de grands troubles dans le diocèse. Ces deux champions ecclésiastiques se mirent à la tête de leurs troupes et ils enrôlèrent chacun dans son armée la principale noblesse du pays. Page:Mémoires de la Société des lettres, sciences et arts de l'Aveyron, tome 11.djvu/204 Page:Mémoires de la Société des lettres, sciences et arts de l'Aveyron, tome 11.djvu/205 Page:Mémoires de la Société des lettres, sciences et arts de l'Aveyron, tome 11.djvu/206 Page:Mémoires de la Société des lettres, sciences et arts de l'Aveyron, tome 11.djvu/207 Page:Mémoires de la Société des lettres, sciences et arts de l'Aveyron, tome 11.djvu/208 Page:Mémoires de la Société des lettres, sciences et arts de l'Aveyron, tome 11.djvu/209 Page:Mémoires de la Société des lettres, sciences et arts de l'Aveyron, tome 11.djvu/210 Page:Mémoires de la Société des lettres, sciences et arts de l'Aveyron, tome 11.djvu/211 Page:Mémoires de la Société des lettres, sciences et arts de l'Aveyron, tome 11.djvu/212 Page:Mémoires de la Société des lettres, sciences et arts de l'Aveyron, tome 11.djvu/213 d’Honneur lui adressa ces flatteuses paroles : « En vous » décorant, je paie les dettes du gouvernemenc déchu. »

Il quitta le service en 1845 après avoir servi honorablement son pays pendant 32 ans. Il se retira à Montpellier pour y jouir de sa retraite et il y mourut vers l’année 1852.

BONAFOUS, CAPITAINE D’INFANTERIE.

Jean-Baptiste Bonafous naquit à Combret dans les dernières années du XVIIIe siècle, d’une famille de la plus basse extraction. A l’âge de 20 ans, dans les années 1812 ou 1813, il partit pour l’armée. Il n’avait aucune instruction, mais sa bonne conduite et son courage le recommandèrent à l’attention de ses chefs. Il parcourut successivement tous les grades sans autre recommandation que son mérite personnel et, en 1845, à la suite de la bataille d’Isly, en Afrique, où il se comporta d’une manière brillante, il fut promu au grade de capitaine et nommé chevalier de la Légion-d’Honneur.

Il prit sa retraite vers 1850 ; et après avoir passé quelques années à Combret, son pays natal, où il avait d’abord résolu de finir ses jours, il se retira à Toulouse , où il mourut en 1859.



  1. Le feu environné.