Épitres
Traduction par Collectif dont C.-L.-F. Panckoucke.
Texte établi par Charles-Louis-Fleury PanckouckeC.L.F. Panckoucke (2p. 249).

ÉPITRE VIII. À CELSUS ALBINOVANUS.

A Celsus Albinovanus, joie et prospérité : Muse va, de ma part, lui transmettre ce vœu : c'est l'ami, le secrétaire de Néron. S'il s'informe de ce que je fais, dis-lui que chaque jour j'annonce les projets les plus beaux, et que je n'en suis ni plus sage ni plus content ; non que la grêle ait abîmé mes vignes, ou les chaleurs desséché mes oliviers, ou que mon troupeau languisse en de lointains pâturages ; mais, moins sain d'esprit que de corps, je ne veux rien écouter, rien apprendre de ce qui pourrait soulager ma tête malade : je m'irrite contre les plus sûrs médecins, contre mes amis, de leur empressement à me guérir de cette funeste langueur: je cours après ce qui m'a nui, et fuis ce que je sais devoir m'être salutaire; enfin, tournant à tout vent, à Rome, je voudrais être à Tibur ; à Tibur, je voudrais être à Rome.

Après cela, informe-toi comment il se porte, comment il gouverne ses affaires, et se gouverne lui-même pour plaire au jeune prince et à son cortège. S'il te répond : « Très bien » d'abord réjouis-toi ; puis ne manque pas de lui glisser tout doucement cet avis à l'oreille : « Comme tu te conduiras avec la fortune, ô Celsus, nous nous conduirons avec toi ! »