Épilogue du deuxième recueil


Fables choisies, mises en versDenys Thierry et Claude BarbinQuatrième partie : livres ix, x, xi (p. 220-221).

EPILOGUE.


C’eſt ainſi que ma Muſe, aux bords d’une onde pure,
Traduiſoit en langue des Dieux,
Tout ce que diſent ſous les Cieux
Tant d’eſtres empruntans la voix de la nature.
Trucheman de peuples divers
Je les faiſois ſervir d’Acteurs en mon Ouvrage :
Car tout parle dans l’Univers ;
Il n’eſt rien qui n’ait ſon langage.
Plus éloquens chez-eux qu’ils ne ſont dans mes Vers.
Si ceux que j’introduis me trouvent peu fidele,
Si mon œuvre n’eſt pas un aſſez bon modele,

J’ay du moins ouvert le chemin :
D’autres pourront y mettre une derniere main.
Favoris des neuf Sœurs achevez l’entrepriſe :
Donnez mainte leçon que j’ay ſans doute omiſe :
Sous ces inventions il faut l’envelopper :
Mais vous n’avez que trop dequoy vous occuper :
Pendant le doux employ de ma Muſe innocente,
Loüis dompte l’Europe, & d’une main puiſſante
Il conduit à leur fin les plus nobles projets
Qu’ait jamais formez un Monarque.
Favoris des neuf Sœurs, ce ſont-là des ſujets
Vainqueurs du temps & de la Parque.

FIN.