Épaves (Prudhomme)/Le seul qui sache

Pour les autres éditions de ce texte, voir Le seul qui sache.

ÉpavesAlphonse Lemerre. (p. 109-110).


LE SEUL QUI SACHE


Triste, triste fierté du front, miroir fragile
Qui ne peut réfléchir nul souffle en son argile
Et change en mille feux, mensonges irisés,
Le peu de rayons blancs que sa masse a brisés.

Un vain semblant de l’être et rien de l’être même,
Voilà toute l’idée. Ah ! le regard suprême
Ne rôde pas autour, il luit en plein milieu,
L’Univers n’est connu que de son âme : Dieu.


Pour Dieu tout est présent, pénétré sans qu’il pense :
La pensée est pour nous un mal né d’une absence :
L’Inconnu sonne aux heurts de nos marteaux : ce bruit
Non plus que les couleurs sur le dedans n’instruit.

Dieu n’apprend pas, il trône au sein même des choses ;
Maître de l’avenir il le lit dans les causes
Et voit tout être éclore et marcher à sa fin !
La recherche est humaine et le savoir divin.