Éloge funèbre de saint Mélèce/Traduction


Traduction par Édouard Sommer.
Librairie de L. Hachette et Cie (p. 4-44).

ÉLOGE FUNÈBRE

DE SAINT MÉLÈCE



I. Un nouvel apôtre vient de nous grossir la phalange des apôtres, qui lui ont ouvert leurs rangs ; les saints ont attiré vers eux le saint, les athlètes l’athlète, les victorieux le victorieux, les cœurs purs l’âme sans tache, les serviteurs du Verbe le héraut du Verbe. Notre père est digne d’envie, lui qui habite avec les apôtres et qui s’est rendu auprès du Christ ; nous, nous sommes bien à plaindre : nous voilà devenus orphelins dans un temps qui ne nous permet guère de nous féliciter d’avoir eu un tel père. Il valait mieux pour lui quitter le monde et demeurer avec le Christ ; il est cruel pour nous d’être privés du père qui nous guidait. Voici le moment de délibérer, et celui qui nous conseillait garde le silence. Une guerre nous enveloppe, guerre soulevée par l’hérésie, et nous n’avons plus de chef. Le grand corps de l’Église est abattu par la maladie, et nous ne trouvons pas de médecin. Vous voyez où nous en sommes. Je voulais essayer de donner quelque vigueur à ma faible parole pour atteindre à la grandeur de notre infortune et faire entendre des accents dignes d’une telle affliction, comme ces nobles évêques qui ont gémi avec tant d’éloquence sur le malheur qui nous ravit notre père. Mais que puis-je ? Comment contraindre au ministère de la parole cette langue qu’enchaînent les lourdes entraves de la douleur ? Comment ouvrir cette bouche impuissante à trouver des sons ? Comment faire retentir cette voix qu’étouffent des plaintes et des gémissements arrachés par les souvenirs de l’amitié ? Comment élever les regards de cette âme voilée des ténèbres du malheur ? Qui, perçant pour moi cet épais et sombre nuage de la douleur, me montrera encore, brillant dans un ciel serein, le rayon de la paix ? Où luira pour nous la lumière, maintenant que le flambeau s’est éclipsé ? Oh ! nuit funeste, qui n’espère plus d’aurore, combien sont différents les discours que nous tenions hier dans ce même lieu et ceux que nous y tenons aujourd’hui ! Nous faisions entendre des chants d’hyménée, et nous gémissons sur un coup terrible ; nous chantions un épithalame, aujourd’hui c’est un hymne funèbre ; car vous vous rappelez comment nous avons célébré au milieu de vous cet hymen spirituel, amenant la vierge au beau fiancé, et apportant à tous deux, selon notre pouvoir, l’offrande de notre parole, charmant les autres et nous laissant charmer par eux à notre tour. Mais maintenant notre allégresse s’est changée en deuil, et nos habits de fête en cilice. Fallait-il peut-être imposer silence à notre douleur et tenir renfermé dans nos cœurs un désespoir muet, afin de ne pas troubler les enfants de la chambre nuptiale, nous qui n’avons pas la belle robe de l’hymen, et dont la parole est couverte d’un vêtement de deuil ? Car, dès que le beau fiancé s’est éloigné de nous, une sombre affliction a fondu sur nous soudain, et nous ne pouvons plus orner notre discours, comme jadis, de couleurs riantes, puisque le démon nous a dépouillés de notre parure. Nous sommes venus vers vous chargés de biens ; nous nous éloignons pauvres et nus : le flambeau était droit au-dessus de nos têtes et brillait d’un riche éclat ; nous le remportons éteint, et sa lumière s’est dissipée en fumée et en cendre. Nous portions le précieux trésor dans un vase de terre ; mais le trésor n’est plus, et le vase est conservé, vide de sa richesse, à ceux qui l’avaient donné. Que dirons-nous, nous qui l’avons envoyé ? Que répondront ceux à qui on le réclame ? Ô fatal naufrage ! Comment notre vaisseau s’est-il brisé au milieu du port de notre espérance ? Comment ce puissant navire, englouti avec les trésors qu’il portait, nous a-t-il laissés dépouillés de tout, nous jadis si riches ? Où est cette voile éclatante de blancheur que conduisit toujours le souffle du Saint-Esprit ? Où est ce fidèle gouvernail de nos âmes, qui nous faisait passer sains et saufs au milieu des tempêtes de l’hérésie ? Où est l’ancre inébranlable de cette sagesse, sur laquelle nous nous reposions en toute sécurité dans nos tourmentes ? Où est l’habile pilote qui dirigeait le navire vers le but céleste ?

II. Est-ce donc un accident ordinaire qui nous surprend, et m’attendrirais-je sans motif ? Ou plutôt n’est-il pas vrai que je ne puis, même en enflant ma voix, déplorer dignement un tel malheur ? Prêtez-nous, mes frères, prêtez-nous les larmes de la compassion. Quand vous étiez dans la joie, nous avons pris part à votre bonheur ; payez-nous aujourd’hui de ce triste retour. Se réjouir avec ceux qui se réjouissent, c’est ce que nous avons fait ; pleurer avec ceux qui pleurent, c’est ce que vous nous devez en échange. Jadis un peuple étranger pleura Jacob, et se crut atteint par le coup qui frappait autrui, quand les fils du patriarche, transportant hors d’Égypte, avec toute une nation, le corps de leur père, déploraient cette perte cruelle sur la terre étrangère, et prolongeaient leurs gémissements durant trente jours et trente nuits. Imitez ces enfants d’une autre race, vous qui êtes frères et ne faites qu’une famille. Alors les étrangers et les indigènes mêlaient leurs larmes ; qu’il en soit de même aujourd’hui dans un malheur commun. Vous voyez ces patriarches ; ils sont tous enfants de notre Jacob. Tous sont nés de la femme libre ; nul n’est bâtard ni supposé : car celui que nous pleurons ne pouvait pas introduire des rejetons d’esclaves parmi les nobles enfants de la foi. Il était donc aussi notre père, puisqu’il était le père de notre père. Vous venez d’entendre Éphraïm et Manassès vous raconter les merveilles de sa vie, dont le nombre et la grandeur sont au-dessus de tous les récits. Souffrez que je vous en entretienne à mon tour. Nous pouvons désormais célébrer sans danger son bonheur ; je ne redoute plus l’envie du démon : quel mal pourrait-elle me faire encore ?

III. Apprenez donc quel était celui que nous regrettons. Noble entre les plus nobles de l’Orient, sans reproche, juste, sincère, pieux, fuyant toute action mauvaise ; car le bienheureux Job ne sera pas jaloux si son émule s’honore des mêmes témoignages qui lui furent rendus. Mais celui qui voit d’un œil d’envie tout ce qui est beau a jeté aussi d’amers regards sur notre trésor ; celui qui parcourt la terre entière a passé aussi parmi nous, et a imprimé au milieu de notre bonheur une large trace d’affliction ; et ce ne sont pas des troupeaux de bœufs et de brebis qu’il a détruits, à moins que l’on n’attache à ce nom de troupeau un sens mystique pour désigner l’Église. Non, ce n’est pas dans des biens de cette nature que le démon nous a frappés ; ce ne sont pas des ânes ou des chameaux qu’il nous a fait perdre, ce n’est pas en blessant notre chair qu’il a affligé nos sens : c’est notre tête même qu’il nous a enlevée, et avec elle ont disparu les plus nobles de nos organes. Il n’est plus, cet œil qui contemplait les choses célestes, ni cette oreille qui écoutait la voix divine, ni cette langue si pure consacrée à la vérité. Qu’est devenue la douce sérénité de ces regards ? et le sourire qui rayonnait sur ces lèvres ? et cette main affable dont les mouvements accompagnaient une parole bienveillante ? Mais je me laisse aller à déplorer notre infortune comme sur un théâtre.

IV. Je gémis sur toi, ô Église ; c’est à toi que je m’adresse, ville d’Antiochus. Je gémis sur ta catastrophe soudaine. Comment a été ravie cette beauté ? Comment a été arraché cet ornement ? Comment s’est détachée tout à coup cette fleur ? Oui, l’herbe s’est séchée et la fleur est tombée. Quel œil jaloux, quelle funeste envie s’est déchaînée contre cette Église ? Quel changement dans sa fortune ! La source est tarie. Le fleuve est mis à sec. L’eau est une seconde fois changée en sang. Oh ! le triste message que celui qui va porter à Antioche la nouvelle de son malheur ! Qui apprendra aux enfants qu’ils sont orphelins ? Qui annoncera à l’épouse qu’elle est veuve ? Fatale destinée ! Qu’ont-ils envoyé ? et que vont-ils recevoir ? Ils ont envoyé une arche, ils reçoivent un cercueil. Oui, mes frères, c’était une arche que cet homme de Dieu qui renfermait en lui les divins mystères : là se trouvait le vase d’or rempli de la manne divine, de la nourriture céleste. Dans cette arche étaient les tables de l’alliance, écrites au dedans de son cœur non avec de l’encre, mais par le souffle du Dieu vivant ; car aucune pensée noire ou ténébreuse ne s’imprimait dans la pureté de ce cœur. Dans cette arche étaient les colonnes, les bases, les chapiteaux, l’encensoir, le chandelier, le propitiatoire, les piscines, les tentures qui voilent les portes ; dans cette arche était la verge du sacerdoce qui avait fleuri dans ses mains ; enfin, tout ce que nous savons avoir été dans l’arche antique se trouvait réuni dans l’âme de cet homme. Que nous reste-t-il en échange ? Que la parole se taise ici. De brillantes étoffes, des tissus de soie, de riches parfums, de riches essences, présent magnifique d’une femme digne et vertueuse ; car il faut redire, pour lui rendre témoignage, ce qu’elle a fait en l’honneur du prêtre, répandant généreusement sur sa tête un vase de parfums. Mais que conservent tous ces apprêts ? Des ossements sans vie et qui avant la mort même s’étaient exercés à mourir, tristes monuments de nos malheurs. Oh ! quels cris on entendra encore dans Rama ! Rachel pleurant non plus ses enfants, mais son époux, et ne voulant point recevoir de consolation. Cessez, cessez, vous qui voulez la consoler. Ne vous mettez point en peine d’adoucir sa douleur. Que la veuve éclate en gémissements. Qu’elle sente toute l’étendue de sa perte. Et pourtant la séparation n’est pas pour elle chose nouvelle ; les luttes de l’athlète l’ont habituée à supporter l’isolement.

V. Vous n’avez assurément pas oublié le récit qu’on vous a fait avant moi des combats de Mélèce ; on vous a dit comment, honorant fidèlement la sainte Trinité, il lui rendit encore hommage par le nombre de ses luttes, puisqu’il eut à résister à trois persécutions. Vous avez entendu la suite de ses travaux, vous savez quel il fut dans chacune de ces occasions. Il serait inutile, je pense, de revenir sur ce qui a été si parfaitement exposé ; mais peut-être n’est-il pas hors de propos d’y ajouter quelques mots. Lorsque cette vertueuse Église vit son pasteur pour la première fois, elle vit un visage véritablement formé à l’image de Dieu, une inépuisable charité, la grâce répandue sur ses lèvres, une humilité si grande qu’il était impossible de rien concevoir au delà, la douceur de David, la sagesse de Salomon, la bonté de Moïse, la justice de Samuel, la vertu de Joseph, la science de Daniel, un zèle pour la foi égal à celui du grand Élie, une pureté de mœurs pareille à celle du sublime Jean-Baptiste, une charité aussi immense que celle de Paul ; elle vit tant de belles qualités réunies dans une seule âme, et elle fut blessée d’un amour divin, et elle aima son époux d’une chaste et vertueuse tendresse. Mais avant qu’elle eût contenté son désir et satisfait son ardeur, toute brûlante encore d’amour, elle se vit abandonnée ; des temps d’épreuve appelaient l’athlète au combat. Tandis qu’il répandait ses sueurs pour la piété, elle restait, comme une sage épouse, gardant la foi de l’hymen. De longs jours s’écoulèrent, et des tentatives adultères menacèrent la chasteté de la chambre nuptiale ; mais l’épouse ne fut point souillée. Un second retour fut suivi d’un second exil, puis d’un troisième encore, jusqu’à ce que le Seigneur, perçant les ténèbres de l’hérésie et faisant luire le rayon de la paix, permit d’espérer quelque repos après ces longues fatigues. Les deux époux se sont revus, ils ont goûté de nouveau les joies pures d’une sainte alliance, leur amour s’est rallumé, et voilà qu’aussitôt cette suprême séparation met fin à leur bonheur. Il était venu pour célébrer votre union, et il a rempli l’objet de ses vœux, sa bénédiction a couronné ce noble hymen, il a imité le Seigneur. Oui, l’imitateur de Jésus-Christ a accompli en ces lieux ce que fit Jésus à Cana, en Galilée ; il a rempli d’un vin pur ces urnes de la Judée, pleines de l’eau de l’hérésie, changeant ainsi la nature des choses par la puissance de la foi. Il a dressé souvent au milieu de vous le cratère de la sobriété, et sa douce voix versait à flots le vin de la grâce ; souvent il vous a fait asseoir au banquet de la sainte parole. D’abord il bénissait le repas, puis ces disciples vertueux distribuaient aux peuples les miettes de la parole. Pour nous, nous étions dans la joie, car la gloire de votre race était aussi la nôtre.

VI. Quelle heureuse matière s’est jusqu’ici offerte à nos récits ! Qu’il serait doux de borner là notre discours ! Quelle en est donc la suite ? Appelez, dit Jérémie, les femmes qui pleurent les morts. Un cœur consumé de douleur et gonflé d’affliction ne peut se soulager que par les gémissements et par les larmes. Avant ce jour, l’espoir du retour adoucissait la séparation ; mais maintenant c’est pour jamais qu’il s’est éloigné de nous. Un abîme immense reste ouvert entre lui et son Église. Il repose dans le sein d’Abraham, et celui qui apportait la goutte d’eau pour rafraîchir la langue des affligés n’existe plus. Sa beauté a disparu, sa voix se tait, ses lèvres sont muettes, sa grâce s’est envolée. Notre félicité n’est plus qu’un souvenir. Le peuple d’Israël s’affligeait jadis lorsqu’Élie, abandonnant la terre, s’envola vers Dieu ; mais Élisée, paré du manteau du maître, le consolait de cette séparation. Pour nous, notre blessure est sans remède, car Élie nous a été ravi et Élisée ne nous reste point. Vous avez entendu les sombres et lamentables paroles dont Jérémie se sert pour gémir sur la Jérusalem déserte ; parmi ces images pleines de tristesse se trouvent ces mots : « Les rues de Sion pleurent. » Et ces paroles, prononcées jadis, se trouvent accomplies aujourd’hui. Lorsque le bruit de ce malheur sera répandu, les rues seront remplies de gens en pleurs ; ceux dont il était le pasteur sortiront en foule des maisons ; ils imiteront les cris de désespoir des habitants de Ninive, ou plutôt leurs gémissements seront plus déchirants encore : car, si les lamentations ont éloigné les malheurs que redoutait Ninive, Antioche ne peut espérer de ses pleurs aucun remède à ses maux. Je sais aussi une autre parole de Jérémie, qui se trouve dans les livres des Psaumes et que lui inspira la captivité d’Israël. « Nous avons, dit-il, suspendu nos instruments aux saules, nous les avons condamnés ainsi que nous au silence. » Je m’empare de ce verset ; car, lorsque je regarde la confusion causée par l’hérésie (or Babylone signifie confusion), lorsque je songe à tant d’épreuves enfantées par cette confusion, je dis que ce sont là ces fleuves de Babylone au bord desquels nous restons assis et nous pleurons, parce que nous n’avons plus de guide pour nous les faire traverser. Si l’on parle des saules et des instruments qui y sont suspendus, cette figure s’applique encore à moi ; car notre vie se passe véritablement au milieu des saules : le saule est un arbre stérile, et le doux fruit de notre vie est tombé. Nous sommes donc devenus des saules stériles, et nous avons suspendu aux branches les instruments oisifs et muets de la charité. « Si je t’oublie, s’écrie-t-il, ô Jérusalem, que ma main droite soit mise en oubli. » Souffrez que je change quelque chose à ces paroles, car ce n’est pas nous qui avons oublié notre droite, c’est notre droite qui nous a oubliés, et cette langue collée au gosier vient de fermer le passage de la voix, afin que nous n’entendions plus jamais ces doux accents. Mais essuyez mes larmes ; car je sens que je me montre trop faible en présence du malheur. L’époux ne nous a point été ravi ; il est au milieu de nous, bien que nous ne puissions le voir. Le prêtre est dans le sanctuaire, derrière le rideau où le Christ est entré le premier pour nous. Il a quitté l’enveloppe de la chair. Il n’adore plus une représentation et une ombre des choses célestes, mais il a les yeux fixés sur leur véritable image ; il ne voit plus Dieu comme dans un miroir et dans une énigme, il le contemple face à face, et il intercède pour nous et pour les fautes de son peuple. Il a dépouillé les habits de peaux ; car ceux qui vivent dans le paradis n’ont besoin de rien de semblable ; mais il se pare des vêtements qu’il a tissés par la pureté de sa vie. C’est une chose précieuse devant le Seigneur que la mort d’un tel homme ; ou plutôt, ce n’est point une mort, ce sont des liens qui se brisent. Vous avez rompu mes liens, dit le Psalmiste. Siméon a été délivré, il a été affranchi des liens du corps. Le filet a été rompu, et l’oiseau s’est envolé. Il a abandonné la terre d’Égypte et ce monde de matière ; il a franchi non pas la mer Rouge, mais la noire et sombre mer de la vie ; il est entré dans la terre de la promesse, il converse avec Dieu sur la montagne, il a dégagé son âme de ses sandales, afin qu’elle pût fouler avec le pied libre de la pensée la sainte terre où l’on voit Dieu.

VII. Puisque vous avez, mes frères, de tels sujets de consolation, vous qui allez porter les ossements de Joseph dans la terre de bénédiction, écoutez le précepte de saint Paul : « Ne vous attristez pas comme font les autres hommes qui n’ont point d’espérance. » Parlez à ce peuple que vous allez voir, racontez-lui tant de merveilles, dites-lui comment, par un incroyable prodige, un peuple innombrable, semblable à une mer, ne faisait qu’un seul corps, tant la foule était pressée, et venait entourer de ses flots la pompe des funérailles ; comment le vertueux David, se partageant entre mille chœurs divers, dansait autour du cercueil au milieu de compatriotes et d’étrangers ; comment des deux côtés deux rivières de feu, sillons immenses formés par des milliers de torches, s’étendaient aussi loin que l’œil pouvait découvrir. Redites-leur l’empressement de tout le peuple, la réunion des apôtres ; comment les fidèles se partageaient, pour les conserver, les linges qui avaient touché son visage. Ajoutez à vos récits l’empereur plongé dans l’affliction et se levant de son trône, la ville entière faisant cortége au saint, et consolez-vous les uns les autres par ces discours. Salomon enseigne un excellent remède contre le chagrin ; car il ordonne de donner du vin à ceux qui sont dans la douleur, et c’est à nous qu’il s’adresse, à nous ouvriers de la vigne. Donnez donc votre vin aux affligés, non pas ce vin qui produit l’ivresse, attaque la raison et nuit au corps, mais celui qui réjouit le cœur, celui que le prophète nous indique quand il dit : « Le vin réjouit le cœur de l’homme. » Offrez-leur un mélange plus pur, présentez-leur plus généreusement les coupes de la parole, afin que notre deuil fasse de nouveau place au contentement et à la joie, par la grâce du Fils unique de Dieu, par qui la gloire appartient à Dieu le Père dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il.