École de gymnastique pour l’instruction militaire de la jeunesse suisse/Introduction

Imprimerie R.-F. Haller-Goldschach (p. 1-5).

INTRODUCTION.


1. Lorsque la présente école de gymnastique a été élaborée, on a dû en limiter les prescriptions, parce que l’on devait s’y conformer dans chaque école, et surtout dans celles où l’introduction de cette nouvelle branche d’instruction rencontrerait le plus de difficultés. C’est pourquoi ce règlement ne renferme qu’un minimum d’exigences, mais ce minimum est exécutable partout, en sorte qu’il doit être exigé de chaque école en particulier.

Cela ne veut point dire, toutefois, que lorsqu’il a été parcouru, il ne reste plus rien à faire, et qu’on ne doive pas aller au delà de ce qu’il prescrit. Il faut, au contraire, dépasser ce minimum partout où cela peut avoir lieu ; il faut augmenter le nombre et le genre des exercices d’ordre et des exercices libres et recourir à l’emploi d’autres engins que ceux prévus dans la présente école de gymnastique. Il faut se procurer en premier lieu un appareil pour les exercices de flexion des bras, de suspension, etc. Pour les degrés inférieurs, nous recommandons surtout l’échelle horizontale, mais il vaudrait mieux en posséder deux qu’une seule. Pour les degrés supérieurs, une échelle inclinée rendrait des services importants. Enfin, nous indiquons encore les barres parallèles pour les exercices d’appui, d’équilibre, de résistance ; le chevalet pour le saut dans les degrés inférieurs, et la caisse à sauter pour les degrés supérieurs.

2. Les exercices gymnastiques sont des exercices d’ensemble, c’est-à-dire que chaque exercice doit être exécuté simultanément par plusieurs élèves. L’uniformité nécessaire dans les mouvements s’obtient au moyen de commandements.

3. Il y a deux espèces de commandements : le commandement préparatoire ou d’avertissement, qui doit indiquer aussi brièvement, mais aussi exactement que possible, l’exercice à exécuter, et le commandement d’exécution, après lequel le mouvement doit être commencé immédiatement. Ce dernier commandement doit être bref et donné d’une voix forte. Il faut laisser entre les deux commandements une pause suffisante pour que les élèves les distinguent bien l’un de l’autre, pour qu’ils ne soient pas surpris par le commandement d’exécution et pour qu’ils se préparent à l’exécuter. Cette pause est indiquée par un trait dans la présente école. Les commandements doivent être donnés distinctement et d’une voix proportionnée à la force de la classe. Dans nombre de cas, ils peuvent être remplacés par des signes, soit en frappant dans les mains ou en faisant un autre mouvement avec la main.

4. Le commandement pour se mettre en rangs comprend aussi celui de prendre la position normale ; on peut aussi la faire prendre au commandement de :

Garde à vous !
(Achtung !)

Au commandement de :

Repos !
(Rüht !)

les élèves prennent une position aisée.

5. Lorsqu’un mouvement n’a pas été exécuté correctement, on commande :

Remettez-vous !
(Erstellt Euch !)

et les élèves reprennent la position qu’ils avaient auparavant.

6. Si l’on marque le pas en frappant du pied pendant la marche, il en résulte cet inconvénient que le premier pas est plus court que les autres, en sorte que la marche s’exécute avec des pas d’une longueur différente. On a donc renoncé à faire marquer le pas en frappant du pied pendant les exercices de marche, sauf dans le cas où il s’agit d’apprendre aux élèves à se familiariser avec le rythme. Dans tous les autres cas, on s’abstiendra de le faire marquer.

7. Les exercices libres doivent être exécutés dans l’ordre des commandements ci-après, et cela sans interruption jusqu’au commandement de :

Halte !
(Halt !)

à moins que, suivant le genre de l’exercice, il ne doive être exécuté qu’une seule fois ; s’il devait en être de même des autres exercices, il faut le dire dans le commandement. Sont exceptés de cette règle, les exercices du sautillement et du saut.

Toutefois, dans certains exercices, il est plus avantageux d’insister sur les positions qu’ils comportent, que de faire répéter plusieurs fois de suite le même mouvement.

8. Dans un certain nombre d’exercices libres, les mouvements se font successivement dans différentes directions. Pour éviter les répétitions, l’exemple ci-après démontre de quelle manière ces exercices doivent être exécutés, ainsi que la variété de mouvements qui en résulte.

Espèces de pas :

en avant
de côté
en arrière
en avant et de côté
en avant et en arrière
de côté et en arrière
en avant, de côté et en arrière
en avant, en arrière et de côté
en arrière, de côté et en avant
à gauche, à droite, alternativement à gauche et à droite.

Il va sans dire qu’on peut encore varier les mouvements dans l’ordre successif des directions.

9. En général, on ne doit pas suivre pour l’instruction l’ordre dans lequel les exercices sont mentionnés dans la présente école ; il faut, au contraire, les choisir de telle sorte que le corps soit exercé aussi complètement que possible pendant la leçon de gymnastique et alterner surtout fréquemment d’exercices pendant la leçon même.

10. On ne doit pas faire répéter le même exercice, dans la même leçon, jusqu’à ce que chaque élève l’exécute d’une manière satisfaisante ; pour entretenir l’intérêt des élèves, il vaut donc mieux y revenir dans les leçons suivantes, jusqu’à ce que l’exécution ne laisse plus rien à désirer. Agir autrement, serait affaiblir et même détruire chez les élèves le goût et le plaisir que les exercices corporels peuvent et doivent leur procurer.