À travers les grouins/Ballade pour magnifier le cerveau-chef

P.-V. Stock, éditeur (p. 55-57).


BALLADE
POUR MAGNIFIER LE « CERVEAU-CHEF »




Ernest Lafleur, Labranche ou Lajeunesse,
Et Laverdure, et Poilaunez, et Bec,
Et Jean Rameau vanté pour sa finesse,
Et le cafard, et le snob, et le grec,
Suivent Barrès-psychopompe, leur cheik.
Tous, à l’envi, pour humer la gadoue
Et récolter du pognon dans la boue,
Citent Hegel, avec des mots pédants ;
Mais lui poussif, bientôt cane et s’enroue :
C’est un requin avec de fausses dents.


Il enviait, au temps de sa jeunesse,
Les margotons et ceux qui font avec.
Son estomac, qu’emplit le lait d’ânesse.
Dégobillait cervoise et jérez sec.
Vénus lui fut généreusé en échec.
N’ombra jamais sa lèvre ni sa joue
Le poil follet dont Musette s’engoue.
Mais la Boulange, emmi ses claquedents,
Le vit monter « en esquivant la roue » :
C’est un requin avec de fausses dents.

Les électeurs, de Port-Vendre à Gonesse,
Fidèlement reconduisent son breack.
Lourdauds impurs ! Faut-il qu’on méconnaisse
Goethe et Morny panachés de Gobseck,
Barrès enfin, tribun, dandie ou mec.
Son avaloire, où le chicot se joue,
Laisse filtrer une adorable moue,
Et, comme il fut nanti d’instincts prudents.
Au milieu des Ramollots, il s’ébroue :
C’est un requin avec de fausses dents.


envoi


Napoléon ! Bandit qu’un pleutre loue,
Vois ! Erynnis ton phantasme dévoue
À ce Barrès, frère des Peladans :
Et l’histrion sur ta peau fait la roue !
C’est un requin avec de fausses dents.