À propos de l’Assommoir/Roman et Drame


V

ROMAN ET DRAME


Un drame tiré d’un roman a rarement la valeur littéraire de son modèle. Il s’agit de découper en quelques tableaux une œuvre traitée sans considérations d’espace ; d’amener, dans un même acte, des personnages qui semblent n’avoir aucune raison de se trouver dans les mêmes lieux ; de condenser en quelques heures une action qui met souvent des années à se développer ; de faire ressortir, par l’action seulement, une foule de faits, de détails que le romancier peut mettre en relief par la description. Bien des circonstances échappent à l’analyse, bien des situations arrivent à l’imprévu, sans être amenées, et, par conséquent, sans produire beaucoup d’effet. Les spectateurs qui ont quelque souci de la logique ont mille raisons d’être surpris, et, par conséquent, mécontents.

Pour le roman de M. Zola, la question se compliquait de considérations particulières : son œuvre est construite par tableaux ; or, le théâtre peut bien admettre des tableaux, mais dans un nombre limité ; — l’action met vingt ans à se dérouler ; bien des morceaux ne peuvent être transportés sur la scène : car les naturalistes les plus intransigeants sont pourtant forcés de reconnaître qu’il y a au théâtre certaines impossibilités, que l’art ne peut pas tout vaincre. Aussi, est-ce en vain que messieurs Busnach et Gastineau se mirent à l’œuvre avec un respect sincère de l’œuvre : ils furent forcés de la sacrifier ; quoique leur pièce ait, dans quelques-unes de ses parties, une incontestable valeur, elle n’en est pas moins restée bien inférieure au roman dont elle est tirée, et dont elle ne peut donner qu’une faible idée.

Les auteurs ont cherché le drame dans la rivalité de Gervaise et de Virginie. Selon nous, ils ont eu tort : la chute lente de Coupeau, l’action destructive de Lantier, la lutte de Gervaise auraient largement suffi à rendre l’intrigue intéressante. Grâce à leur combinaison, tout le mal vient de Virginie, qui guette sans cesse sa proie, qui ne manque aucune occasion de la pousser à sa perte. Dans le roman, au contraire, les faits s’engendrent les uns les autres, avec une logique inévitable et terrible ; le mal amène le mal ; du premier verre, résulte le second ; de l’ivrognerie qui engloutit tous les bons instincts, résulte l’abrutissement complet du buveur. Cette suite est si rigoureuse, qu’elle semble fatale ; malgré cela, Coupeau et Gervaise restent d’un bout à l’autre responsables de leurs actions ; le point auquel ils pourraient s’arrêter et ne s’arrêtent pas, par lâcheté, est soigneusement marqué ; et là est toute la morale de l’œuvre. Ce procédé est propre à M. Émile Zola, et se retrouve dans tous ses romans. Il est intéressant de le comparer à celui d’autres romanciers, de G. Sand, par exemple. Quand l’auteur de Valentine, dans ses plaidoyers contre le mariage, veut perdre une héroïne, elle la fait descendre jusqu’à la faute en la poussant, par toutes sortes de circonstances indépendantes de sa volonté, sur une pente si douce, si insensible, qu’on ne s’en aperçoit pas ; de sorte que lorsque la femme honnête est devenue adultère, elle garde tout son charme et toute sa vertu aux yeux du lecteur ; chacun la plaint, la trouve malheureuse, et se dit : « À sa place, j’aurais fait comme elle ! » Les héros de M. Zola, au contraire, ne perdent jamais leur responsabilité. Quelque sympathiques qu’ils aient été au commencement, ils deviennent odieux quand ils sont parvenus au vice. C’est ce qu’on ne peut pas lui pardonner : « Montrer les côtés sales de la bête humaine, peindre le vice tel qu’il est, dégoûter le lecteur des actions laides et des mauvais penchants, fi donc ! c’est l’œuvre d’un écrivain sans foi ! Il ne faut pas toucher à l’ordure du mal ; laissons-la entassée, augmentant sans cesse ! Ne nous détournons pas pour lutter contre cet envahissement ! Bouchons-nous, seulement le nez quand nous
passons ! Pourvu que l’odeur n’en vienne pas jusqu’à nous, qu’importe que le fumier s’élève et pourrisse à nos pieds ? Nous ne le sentons pas, c’est tout ce qu’il nous faut ! »

Eh bien ! de ce procédé si large et si puissant, il n’en reste rien dans la pièce, grâce au rôle de Virginie, qui est la seule coupable et qui est vulgairement coupable, comme dans les mélodrames.

Cela n’est pas à dire que les auteurs aient reculé devant toutes les hardiesses : ils ont été, quelquefois, aussi vrais que le roman. Voici quelques scènes du neuvième tableau que l’on peut comparer aux pages les plus saisissantes du livre[1].


Scène IX.

Coupeau seul. (Mme Boche vient de lui apporter la bouteille que lui envoie Virginie.)

Il y a encore de braves gens !… Nous allons fêter mon retour… Ça n’empêche pas, j’ai joliment faim… Et Gervaise qui ne revient plus. Si je buvais deux doigts de vin pour me soutenir ? — Le vin, le bon vin, ce n’est pas défendu, au contraire… (Il va prendre la bouteille). Fichtre ! une bouteille à Bordeaux, ça doit être du fameux… Et une odeur !… (Il flaire la bouteille qu’il a débouchée.) Tiens ! c’est drôle ! On se sera trompé. Qu’est-ce que c’est que ça ?… Mais, tonnerre ! c’est du poison, c’est de l’eau-de-vie !… Je n’en veux pas !… (Il pose la bouteille sur la table et s’enfuit à l’autre bout de la scène.) Pourquoi m’a-t-on mis ça dans la main ? Ça brûle. Le médecin l’a bien dit : un seul petit verre, et je suis mort. Jamais ! jamais ! (Se rapprochant.) Voyons, je suis un homme ! C’est bête de trembler devant une bouteille ! Je n’y toucherai pas, voilà tout. Gervaise va la faire reporter et dire qu’on s’est trompé. (Un silence). Ces médecins vous racontent un tas de machines pour vous effrayer… Comme si un petit verre pouvait tuer un homme !… En voilà une farce !… (Il reprend la bouteille.) Parbleu ! quand on ne veut pas boire, on ne boit pas !… Si je me trompais !… Ce n’est pas de l’eau-de-vie, peut-être !… (Il goûte et repose la bouteille en tremblant.) Mon Dieu ! et on me laisse seul !… et cette bouteille qui est là !… Je ne puis pas, il faut que je boive !… Ce sont des menteries, ça ne tue pas, ça fait vivre !… Je veux vivre, je veux vivre !… (Il boit une gorgée, puis il entend les pas de Gervaise, et se précipite avec la bouteille dans la pièce voisine.)


Scène X.

Gervaise, entrant au moment où Coupeau sort de la chambre avec sa bouteille d’eau-de-vie.

Eh bien ! qu’a-t-il donc à fermer les portes si fort ?… Il saura toujours assez tôt la mauvaise nouvelle : son patron refuse de le reprendre… Les bons ouvriers ne manquent pas, dit-il ; inutile de faire travailler les mauvais !… (Tristement) Allons ! ce ne sera pas commode d’en sortir !… Pas de pain, ce soir, pour commencer.

Nana, entrant.

Ah ! la belle journée !… Il y a un monde sur les boulevards !… J’ai gagné une belle faim !… Est-ce qu’on ne mange pas ?

Gervaise.

Non.

Nana.

Comment ! pas même du pain ?

Gervaise.

Non.

Nana.

Hier, au moins, il y avait du pain… C’est bien !… Tu sais, maman, bonsoir, j’en ai assez !

Gervaise.

Malheureuse, où vas-tu ?

Nana.

Je vais dîner ailleurs, pardi ! Une amie m’a invitée.

Gervaise.

Tu mens ! tu ne sortiras pas.

Nana.

Oh ! je t’en prie, ne fais pas de scène !

Gervaise.

Je sais tout, je sais sur quelle pente tu es !

Nana.

Ne causons pas de ça, veux-tu ? J’en aurais trop long à dire… Tu as fait ce que tu as voulu, dans ton temps ; aujourd’hui, je fais ce que je veux… Et si ça ne te plaît pas, tant pis ! Il fallait m’élever autrement et me donner de meilleurs exemples.

Gervaise écrasée, à demi-voix.

Mon Dieu ! quel châtiment !

Nana.

Laisse-moi sortir !

Gervaise.

Tu ne sortiras pas ! Ton père est revenu, il saura bien te faire rester, lui !

Nana.

Ah ! papa est ici !… Voilà qui me décide tout à fait : la maison va redevenir un enfer. Je n’ai pas envie d’être massacrée, moi ! Bonsoir !

Gervaise appelant.

Coupeau ! Coupeau ! Ta fille s’en va !… Coupeau !


Scène XI.

Coupeau entrant en chancelant, la bouteille à la main.

Hein ! quoi ? Qui est-ce qui m’appelle ?

Nana.

Eh bien ! il est joli ! je file !

Gervaise.

C’est ta fille qui s’en va, ta fille qui nous quitte… Empêche-la donc de partir !


Coupeau riant d’un air idiot.

Pourquoi que je l’empêcherais ? (Jetant la bouteille dans un coin). Celle-là est vide : j’en veux une autre !


Gervaise reculant.

Grand Dieu ! Il est ivre ! Nous sommes perdus !

Nana.

Bonsoir ! (Elle s’en va en laissant la porte ouverte.)


Scène XII.

Gervaise, Coupeau halluciné, puis Mme  Boche, les Lorilleux, puis Mes-Bottes.
Coupeau.

C’est gentil, ici !… Il y a des chalets… une vraie foire !… et de la musique un peu chouette … V’là que ça illumine, des lanternes dans les arbres, des ballons rouges en l’air, et ça saute, et ça file… des fontaines partout, des cascades, de l’eau qui chante, oh ! d’une voix d’enfant de chœur !

Gervaise.

Seigneur ! il devient fou !

Coupeau devenant tout d’un coup très sombre.

Encore des traîtrises, tout ça ! Je me méfiais… Silence ! Tas de gredins !… Oui, c’était pour me vexer… Je vas vous démolir, moi, dans votre chalet… Oh ! je brûle ! je brûle !…

Gervaise à la porte, appelant.

Au secours !

Mme  Boche arrivant.

Qu’y a-t-il ?

Gervaise.

Coupeau !… Regardez !…

Lorilleux arrivant à son tour.

C’est encore un accès qui le prend.


Mme  Boche.

C’est effrayant ! Il faudrait un médecin.

Lorilleux.

Si vous croyez qu’un médecin y ferait quelque chose.

Coupeau.

Bon, les rats ! V’la les rats, à cette heure !

Mme  Boche.

Où voit-il des rats ?

Coupeau.

Voulez-vous bien me laisser, vilaines bêtes !… Ils me mangent les pieds ! Les voilà qui grimpent après mes jambes, maintenant ! Allez-vous-en ! allez-vous-en !… Tiens ! ce gros qui me dévore la main… Ils sautent sur mes épaules !… Les rats ! les rats !… délivrez-moi !

Mes-Bottes arrivant.

Qu’y a-t-il ?… Ah ! le malheureux !

Coupeau saluant une personne invisible.

Ah ! te voilà !… bonjour !

Mes-Bottes à Coupeau.

Que vois-tu donc ?

Coupeau.

Ma femme pardi ! Elle est là !… (il montre le vide).

Gervaise se cachant la figure.

J’ai peur ! j’ai peur !

Coupeau.

Fichtre, tu es belle, ma femme ; t’as de la toilette !… Dis-moi donc quel est le particulier qui se cache derrière toi ?… Tonnerre ! c’est encore lui !

Mes-Bottes.

Qui donc ?


Coupeau.

Le chapelier ! (écumant) À nous deux, mon cadet ! Faut que je te nettoie, à la fin !… Empoche ça !… Et atout ! atout ! atout !… Ah ! le gredin ; il m’a tué ! c’est plein de sang… Ah ! (Il tombe comme une masse sur le matelas où il meurt).

Gervaise à genoux.

Il est mort ! (Elle pleure).

Tous.

Mort !

Lorilleux à sa femme.

Un ivrogne de moins !

À l’argot près, c’est la scène du roman, très condensée, seulement, et transportée de l’hospice dans la mansarde.

Une fois, même, MM.  Busnach et Gastineau ont inventé une scène très puissante, qui manque en quelque sorte au roman. C’est celle de la dernière bouteille, que nous avons citée.

Ces passages vigoureux ne suffisent cependant pas à excuser les changements fâcheux que l’intrigue a subis en passant du roman à la scène, et qui lui ont fait perdre, en grande partie, sa haute moralité.

Les caractères ont aussi subi de semblables métamorphoses.

Pas celui de Coupeau, il est vrai, et c’est là le grand mérite de la pièce ; les auteurs l’ont aussi bien suivi dans les lentes péripéties de sa chute qu’il était matériellement possible de le faire. Sans doute, bien des détails restent inexpliqués ; l’on n’assiste pas au drame, à son abrutissement dans tous ses actes et dans toutes ses scènes, comme dans le chef-d’œuvre de M. Zola. Mais ce qu’on voit suffit pourtant à expliquer le personnage, et c’est déjà beaucoup que les auteurs soient arrivés si loin.

En revanche, Gervaise est méconnaissable. — Il fallait absolument, à ce qu’il paraît, un caractère sympathique, un personnage sur lequel pût se reporter l’affection des spectateurs. Gervaise a été choisie pour ce rôle de victime expiatoire. Hélas ! comme l’a fort bien dit M. Fouquier, « en devenant possible, elle devenait banale[2] ». Elle reste pure dans le milieu empesté où elle vit. Son mari n’est plus qu’une brute dégoûtante, et elle demeure fidèle au devoir. Elle résiste à son cœur qui la donnerait à Goujet ; elle résiste aux circonstances qui semblent conjurées pour la jeter dans les bras de Lantier. C’est à tort qu’on l’accuse d’être la maîtresse du chapelier : elle est innocente… Au lieu de cela, la voici dans le roman[3] :

« Au milieu de cette indignation publique, Gervaise vivait tranquille, lasse et un peu endormie. Dans les commencements, elle s’était trouvée bien coupable, bien sale et elle avait eu un dégoût d’elle-même. Quand elle sortait de la chambre de Lantier, elle se lavait les mains, elle mouillait un torchon et se frottait les épaules à les écorcher, comme pour enlever son ordure. Si Coupeau cherchait alors à plaisanter, elle se fâchait, courait en grelottant s’habiller au fond de la boutique ; et elle ne tolérait pas davantage que le chapelier la touchât, quand son mari venait de l’embrasser. Elle aurait voulu changer de peau en changeant d’homme. Mais, lentement, elle s’accoutumait. C’était trop fatigant de se débarbouiller chaque fois. Les paresses l’amolissaient, son besoin d’être heureuse lui faisait tirer tout le bonheur possible de ses embêtements. Elle était complaisante pour elle et pour les autres, tâchait uniquement d’arranger les choses de façon à ce que personne n’eût trop d’ennui. N’est-ce pas ? pourvu que son mari et son amant fussent contents, que la maison marchât son petit traintrain régulier, qu’on rigolât du matin au soir, tous gras, tous satisfaits de la vie et se la coulant douce, il n’y avait vraiment pas de quoi se plaindre. Puis, après tout, elle ne devait pas tant faire de mal, puisque çà s’arrangeait si bien, à la satisfaction d’un chacun ; on est puni d’ordinaire, quand on fait le mal. Alors son dévergondage avait tourné à l’habitude. Maintenant, c’était réglé comme de boire et de manger ; chaque fois que Coupeau rentrait soûl, elle passait chez Lantier, ce qui arrivait au moins le lundi, le mardi et le mercredi de la semaine. Elle partageait ses nuits. Même, elle avait fini, lorsque le zingueur simplement ronflait trop fort, par le lâcher au beau milieu du sommeil, et allait continuer son dodo tranquille sur l’oreiller du voisin. Ce n’était pas qu’elle éprouvât plus d’amitié pour le chapelier. Non, elle le trouvait seulement plus propre, elle se reposait mieux dans sa chambre, où elle croyait prendre un bain. Enfin, elle ressemblait aux chattes qui aiment à se coucher en rond sur le linge blanc. »

Il y a loin de cette femme qui s’abandonne au courant, à la vaillante lutteuse que nous montrent MM. Busnach et Gastineau. Celle-ci, rien ne la décourage, elle reste honnête malgré tout ; une fois, nous la voyons bien prendre un verre d’eau-de-vie à l’assommoir du père Colombe. Son mari lui a dit : « Tu as faim ?… Eh bien ! bois ! » — Mais nous savons qu’elle ne s’enivrera jamais ; une brave femme comme elle, qui sait se vaincre elle-même, ne succombe pas aux tentations du vitriol ou du petit bleu. — Aussi la conclusion, rigoureuse dans le roman, est-elle parfaitement illogique dans le drame : on ne meurt pas de faim, quand on a encore le courage de travailler. Et Gervaise n’a pas perdu courage, elle en a eu jusqu’au dernier moment. Après la mort de Coupeau, l’on se dit : « Maintenant qu’elle n’a plus son mari pour lui dévorer le fruit de son travail, pour emprisonner sa vie, elle va se remettre bravement à l’ouvrage, retrouver peut-être le bonheur, en tout cas la tranquillité et le bien-être. Elle peut se débarrasser de ses tyrans : des Lorilleux qui la haïssent, de Virginie qui lui a tué son mari, de Lantier qui la persécutait. Mes-Bottes se range, devient bon ouvrier ; il ne refusera pas de lui venir en aide ; il ira, s’il le faut, avertir Goujet ; Goujet, qui a toujours des économies, arrivera à la rescousse, et tout finira à la satisfaction commune… » Et, au lieu de cela, de cette conclusion peu dramatique, mais indiquée par la marche des faits, la scène représente tout à coup le boulevard Rochechouart, près de l’Élysée-Montmartre. Goujet se marie ; Mes-Bottes vient se promener en gilet blanc dans la rue, pour prendre l’air sans doute ; Virginie, en toilette fort élégante, passe au bras de Lantier ; Poisson épie son épouse infidèle et se prépare à la punir d’un coup de poignard… Une pauvre femme, en cheveux blancs, se traîne contre les murs et implore la pitié de tous nos héros qui passent l’un après l’autre. Goujet la reconnaît, et l’on apprend avec stupéfaction que cette malheureuse est Gervaise ! Elle tombe d’inanition, littéralement morte de faim. Alors Bazouge, dit Bibi-la-Gaîté, qui rôde dans le quartier dans son uniforme de croque-mort, arrive, se penche sur elle et lui dit mélancoliquement : « Fais dodo, ma belle ! tu l’as bien mérité. »

Ce dernier tableau est désespérant et nous rejette dans les plus vieux mélodrames. À la première, il a risqué de compromettre le succès de la pièce. À ce qu’il nous semble, il n’a pas même l’excuse d’être nécessaire : la mort de Coupeau serait une conclusion suffisante.

Nous ne nous arrêterons pas aux nombreuses différences de détails : les différences de fond que nous venons d’indiquer suffisent à montrer que l’œuvre a beaucoup perdu de sa valeur en pénétrant sur la scène ; les qualités de vigueur et les scènes hardies qui s’y trouvent ne permettent pourtant pas de la confondre avec un mélodrame vulgaire ; elle a certainement mérité, en partie du moins, le bruit qui s’est fait autour d’elle.

  1. Les passages soulignés ont été supprimés dans le travail des répétitions.
  2. XIXe Siècle, 21 janvier.
  3. Pages 352-53.