À maître Adam, menuisier de Nevers, sur ses « Chevilles »

À maître Adam, menuisier de Nevers, sur ses « Chevilles »
Poésies diverses, Texte établi par Charles Marty-LaveauxHachettetome X (p. 100-101).

XXXI

À Maître Adam[1], menuisier de Nevers,
Sur ses Chevilles
Sonnet.

Cette pièce, signée Corneille, se trouve dans le volume intitulé les Chevilles de Me Adam, menuisier de Nevers, à Paris, chez Toussainct Quinet… M.DC.XLIV. Auec priuilege du Roy, in-4o. Le privilège porte : « donné à Paris, le 16. jour d’Auril l’an de grâce mil six cens quarante quatre, » et est suivi de la mention : « Acheué d’Imprimer pour la première fois le 25 May 1644. » Les vers de Corneille occupent la onzième page d’un recueil qui n’en a pas moins de cent, et qui est intitulé : Approbation du Parnasse sur les Chevilles de Maistre Adam Billaut, menuisier de Neuers.


Le dieu de Pythagore et sa métempsycose
Jetants l’âme d’Orphée en un poëte françois :
« Par quel crime, dit-elle, ai-je offensé vos lois,
Digne du triste sort que leur rigueur m’impose ?

« Les vers font bruit en France ; on les loue, on en cause : 5
Les miens en un moment auront toutes les voix ;
Mais j’y verrai mon homme à toute heure aux abois,
Si pour gagner du pain il ne sait autre chose. »

« Nous savons, dirent-ils, le pourvoir d’un métier :

Il sera fameux poëte et fameux menuisier, 10
Afin qu’un peu de bien suive beaucoup d’estime. »

À ce nouveau parti l’âme les prit au mot,
Et s’assurant bien plus au rabot qu’à la rime,
Elle entra dans le corps de maître Adam Billot.


  1. Le privilège le nomme « Adam Billault, Maistre Menuisier de la ville de Neuers. » Au quatorzième vers Corneille a écrit Billot, afin de rendre la rime plus exacte pour l’œil.