À genoux/Veux-tu ? quand nous serons las d’aimer, par un soir

Alphonse Lemerre (p. 83).

V


 
Veux-tu ? quand nous serons las d’aimer, par un soir
Magnifique, nous nous en irons nous asseoir
Près de la mer sur les rochers blancs qui s’étirent
Lentement vers l’amas des flots, que combattirent
En vain les furieux siècles rudes et forts,
Et qui sont encor là quand les siècles sont morts.
Là, sous le ciel immense et sur la mer immense,
Nous songerons avec terreur à la démence
De l’homme, à la folie universelle, à tout
Ce qui disjoint deux cœurs sacrés où le feu bout.
Et la nuit nous prendra lentement dans son aile,
Et le ciel éternel et la mer éternelle
Nous montreront combien c’est peu d’être vivant.
Et nous nous aimerons bien plus qu’auparavant.