À genoux/Avant que d’être un morne adorateur du rêve

Alphonse Lemerre (p. 82).

IV


 
Avant que d’être un morne adorateur du rêve,
Je fus Guerrier jadis et je portai le glaive.
C’était aux jours où tout Israël soulevait
Sa large main contre un Empereur qui rêvait.
Je luttais dans la nuit contre un millier de hordes,
Et les Musiciens sur la lyre à trois cordes
Célébraient au plus fort des combats ma valeur.
Et maintenant je suis accablé de douleur !
Mais quand du fond de ma tristesse inexprimée
Je regarde tes yeux si noirs, ô Bien Aimée,
Il me semble toujours y retrouver, parmi
Les visions de ton grand amour endormi,
L’effroyable bataille ancienne aux mille teintes,
Dernier ressouvenir des victoires éteintes !