À genoux/Musique morte

Alphonse Lemerre (p. 193).

XVII

MUSIQUE MORTE


 
Un air qu’elle chantait au temps de nos amours,
Quand je l’entends encor me fait verser des larmes ;
Un autre air, sombre et lent, est pour moi plein de charmes,
Parce qu’il me rappelle un peu ses cheveux lourds.

J’en sais qu’elle a chantés en robe de velours,
Couverte de joyaux bruyants comme des armes ;
Je songe alors aux jours anciens remplis d’alarmes,
Qui resteront les plus savoureux de mes jours.

Il est des airs d’église et des marches funèbres
Qui me font tressaillir encor dans les ténèbres,
Étant restés en moi comme elle les chantait.

Une phrase de valse infiniment divine
Évoque dans mon cœur triste, quand tout se tait,
La respiration faible de sa poitrine.