Alphonse Lemerre (p. 56-57).

XXV

L’AGONIE


 
Quand on l’eût habillée en costume de bal,
Je la remis encor sur le lit virginal,
La fatigue l’ayant absolument brisée.
Mais alors on la vit si blanche et si glacée
Qu’on la crut morte. Et l’œil des assistants s’emplit
De grosses larmes. Nous étions autour du lit,
Sur qui tombait la mort comme au travers d’un crible.
L’horloge lentement sonna l’heure terrible.
On entendait le vent lointain des bois, auquel
Répondait par moments le cri surnaturel

D’un oiseau qu’on aurait chassé de sa demeure.
Et l’horloge sonnant encore une fois l’heure
Sur cette moribonde en robe de gala,
Je lui dis : « Ne crains rien, mon cher dieu, je suis là.
Tu vois bien que je suis là, n’est-ce pas, chère âme ?  »
Les candélabres clairs et bons versaient leur flamme
Magnifique sur cet enfant qui s’en allait,
De sorte que son front blanc semblait violet.
Mais l’un d’eux s’éteignit. Alors ces hommes, tristes,
S’enfuirent. Et levant ses yeux pleins d’améthystes,
M’entourant de ses bras glacés, elle posa
Ses lèvres sur mon front, et puis agonisa.