À genoux/Je serai le chanteur éternel de l’amour

Alphonse Lemerre (p. 81).

III


 
Je serai le chanteur éternel de l’amour.
Je le célébrerai comme on chante le jour,
Le ciel, la nuit, le bruit du vent, les bois, les vagues,
En des chants tellement doux et tellement vagues
Et tellement émus et tellement troublés,
Que les plus affligés en seront consolés ;
Que les femmes les plus tristes et les plus vieilles
Y verront circuler des visions pareilles
À celles qu’autrefois elles chantaient, alors
Que leurs premiers amants n’étaient pas encor morts ;
Et que tous les vivants, que tous les morts eux-même
Croiront, en entendant l’orgueilleux et suprême
Épanouissement de ce rhythme vainqueur,
Entendre le dernier sanglot de leur vieux cœur.