Je vous laisse juge, madame ; je ne conclus pas, j’ai exposé
une situation. À vous de prononcer !
ANTOINETTE.
Des questions pareilles ne se résolvent pas à l’instant. Votre
plaidoirie ne manque pas d’éloquence. Mais puisque vous me
faites juge, pour avoir tout le temps d’être consciencieusement
impartiale, je remets la décision à quinzaine.
OCTAVE.
Quoi ! vous partez, madame ?
ANTOINETTE.
Oui, la saison s’annonce mal. Il y a ici une bise que je redoute
très-fort. Dans quinze jours, je serai à Rochebois ;
libre à vous de venir reprendre la conversation ; nous sommes
tous de pauvres plantes et nous subissons moralement l’influence
des climats. Je verrai si vos idées n’ont pas varié sous
un autre ciel. La Méditerranée ne passe pas à ma porte, et le
phosphore ne jouera aucun rôle.
OCTAVE.
Quoi ! madame, vous permettez ?
ANTOINETTE, lui présentant la main sur laquelle Octave pose les lèvres.