À Marie Beamish (Leconte de Lisle, Premières poésies)

Premières Poésies et Lettres intimes, Texte établi par Préface de B. Guinaudeau, Bibliothèque-Charpentier ; Eugène Fasquelle, éditeur (p. 92-93).


À MARIE BEAMISH


Cher ange, il est, un nom qui fait battre mon cœur
Enivré de sa grâce,
Un nom mélodieux qui murmure : bonheur !
Quand sur ma lèvre il passe ;

Un nom dont le prestige est ineffable et doux,
Car, je sens, en mon âme,
Qu’il s’exhale en parfum et rafraîchit la flamme
De mon amour jaloux.

Sans lui, sans ce mot plein d’une tendresse humaine,
Étoile de mes jours,
Oh ! je sais que l’ivresse, et l’espoir, et la vie
Me fuiraient pour toujours !

Il faut sa note chère à mon âme inquiète,
Comme à l’oiseau le mil,
Comme au printemps il faut et les roses d’avril
Et les chants du poète.


Et ce charme secret, cette fleur dont en vain
On chercherait la sève,
Cher ange, de l’amour, oh ! ce n’est point un rêve,
Car, ce nom, c’est le tien !