À M. Sonning. De Fontenay, le 20 juillet 1707

À M. Sonning. De Fontenay, le 20 juillet 1707
Œuvres de ChaulieuPissotTome 1 (p. 163-165).


RLETTRE À M. SONNING,
servant de Réponse à la Lettre de ces Messieurs,
le 20 Juillet 1707.

Avez-vous oublié que vous m’avez promis à souper le soir que j’arriverois ? Si vous l’avez oublié, pour moi, je n’en ai pas fait de même. Messer Gaster, en langage de bons Pantagruélistes, ou, si mieux aimez, en celui de Rome, ingenii largitor Venter, ne me laisse pas sortir de la mémoire chose si agréable : je serai donc Dimanche au soir, vingt-quatrieme de ce mois, à Neuilli, si vous y êtes; à Paris, si vous y soupez. Je ne vous dis rien de la Compagnie ; mais si vous voulez m’en croire sur l’ordre de ce repas ;

La Fare y conduira, sous le nom de Comus,
La bonne chere & l’allégresse ;
La divine Bouillon, sous celui de Vénus,
L’esprit, les enjouements, & ce que la Déesse
Qui fait aimer, traîne sans cesse
Après elle de jeux, de ris & d’agrémens.
Si tu veux à nos passe-temps
Donner l’air de fête complette,
Rousseau les Muses menera ;
Notre Abbé les cajolera :
Très-bien savez que la fleurette
Volontiers il débitera ;
Et quoique ces neuf belles Fées
Soient peut-être un peu surannées,
Notre ami leur en contera ;
Car notre ami très-cher aura
Toujours vol pour la migeorée,
Collet très bien tiré, perruque bien poudrée ;
Et toujours il coquetera.
Regnier aux Vins présidera,

Cet Élève altéré d’Orphée
Avec les Graces chantera.
Alors grand’merveille sera
De voir flûter vin de Champagne.
Déjà de cent Chansons tout Neuilly retentit :
Pour moi, rouillé de ma Campagne,
Je n’apporterai rien qu’un fort grand appétit.