Traduction par Alfred Dreyfus.
Vers et Prosetomes 5-8, 1906-1907 (p. 146).


POÈME


Je vois le ciel blanc. Je vois les nuages gris bleu. Je vois le soleil sanglant.
Voilà donc le monde. Voilà donc le domicile des mondes.
Une goutte de pluie !
Je vois les maisons hautes. Je vois les mille fenêtres. Je vois
le clocher lointain.
Voilà donc la terre. Voilà donc le domicile des hommes.
Les nuages gris bleu se condensent. Le soleil a disparu.
Je vois les messieurs bien mis. Je vois les dames souriantes.
Je vois les chevaux courbés.
Comme les nuages gris bleu s’alourdissent !
Je vois, je vois… Certes, je me suis trompé de monde. C’est
si étrange ici…


SIGBJORN OBSTFELDER
Traduit du norvégien par albert dreyfus