Joseph Beffort, éditeur (p. 57-77).


IV

LA FAMILLE H…

MONTEVIDEO. — LA DILIGENCE. — LE CAMPO. — LE MATE.

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C omme je l’ai déjà dit, les parents de mon ami Charles H… habitaient Montevideo ; j’avais une lettre de recommandation pour eux et de plus ils avaient été avertis de mon arrivée.

Le premier décembre, le steamer entra dans les eaux troubles du Rio de la Plata, et l’ancre fut jetée à un kilomètre de la plage. Le port de Montevideo, ou San Felipe, est assez vaste mais peu profond ; à gauche le fameux Cerro, couronné de fortifications, à droite la ville bâtie sur une colline qui s’abaisse et s’avance jusque dans le fleuve.

Un canot monté par deux hommes s’approchait à force de rames. Arrivé aux flancs du steamer, l’un des rameurs demanda el señor Gras ? C’était une attention de M. H… Mes bagages furent descendus dans l’esquif, les deux Paraguayens témoignèrent le désir de m’accompagner, ce que je leur octroyai de tout cœur. Enfin je pus tremper mes doigts dans les eaux du fleuve tant désiré, que les Espagnols ont baptisé du nom pompeux de rivière d’argent.

En approchant de terre, je remarquai sur la plage un monsieur d’une cinquantaine d’années, tenant des jumelles braquées dans ma direction ; d’après la description que m’avait faite Charles H… fils, je reconnus le père. Encore quelques coups de rames et nous touchons à l’escalier de la douane.

Monsieur H… s’avance vers moi : C’est sans doute Monsieur Albert ?

Oui Monsieur et vous Monsieur H… répondis-je tout en me découvrant courtoisement. Un serrement de main amical coupa court aux questions réciproques sur notre personnalité. H… est originaire des frontières du Grand-Duché de Luxembourg ; aussi quel ne fut pas mon plaisir de pouvoir parler avec lui, à trois mille lieues de la patrie, le pittoresque jargon du pays natal. Dix minutes s’étaient à peine écoulées, que nous étions deux amis ; mon compatriote était à cette époque directeur du club des étrangers, situé calle del Cerrito ; c’est là que furent déposés mes bagages, et que me fut destinée une chambre au fond de la cour. Ensuite nous nous dirigeâmes vers son habitation particulière située à deux ou trois cuadras — carré de maisons d’environ 100 mètres de côté — plus loin et même rue. Je fus présenté à Madame, aux deux demoiselles et aux deux fils, qui me reçurent avec la gracieuseté et l’affabilité particulières aux habitants de l’Amérique du Sud. À Montevideo cet air guindé ou gêné, très commun en Europe entre personnes qui se voient pour la première fois, n’existe pas ; un sourire avenant de part et d’autre, la poignée de mains traditionnelle, sont les préliminaires d’une amitié bientôt acquise. Je ne puis qu’adresser des louanges et des remerciements à cette honorable et digne famille, au sein de laquelle je passai une quinzaine de jours.

Montevideo est une jolie ville, bâtie en damier comme presque toutes les villes américaines ; avec ses rues assez larges et ses constructions distinguées, elle peut rivaliser avec beaucoup de grandes villes européennes. La presque totalité des maisons sont de style espagnol ou italien ; les familles se réunissent sur la toiture plate, appelée azotea, pour prendre le frais ; un simple mur tout bas sépare les habitations contiguës, aussi les voisins correspondent-ils avec la plus grande facilité. La Plaza de la Constitución est carrée et plantée d’arbres, et le soir, les jolies Montevidéennes, aux regards langoureux, en grande toilette, accourent y étaler leurs grâces, en écoutant les mélodies d’une musique militaire. Le café Gault, à côté de la Cathédrale, est le rendez-vous de la bonne société, et on peut y admirer la finesse des petites mains des Américaines qui viennent y prendre des glaces, pour calmer le feu qui les dévore. De somptueux hôtels et de riches maisons de banque ne le cèdent en rien à nos constructions les plus aristocratiques. Toutes les nations ici se coudoient, mais trois peuples ont le haut du pavé, les Français, les Espagnols et les Italiens ; on peut même dire que Montevideo est une ville tout aussi française qu’espagnole. Sans cesse bouleversée par des révolutions, elle souffre et ne peut atteindre l’état florissant auquel elle a droit ; cependant, malgré les blocus les plus désastreux, malgré les luttes les plus fratricides, elle s’agrandit, s’embellit, se peuple de plus en plus, et le jour où les hordes de l’intérieur, conduites par un cabecilla chef de parti ambitieux, ne viendront plus la fouler aux pieds de leurs chevaux sauvages, Montevideo s’élancera hardie et fière dans la voie du bien-être, du progrès, de la civilisation et de la richesse. Grand entrepôt de la République, grand centre de l’exportation et de l’importation, elle doit indubitablement s’enrichir, prospérer ; mais quelques Gauchos détruisent en une semaine le produit de plusieurs années de paix et de travail. Aux malheurs des guerres civiles vient encore s’ajouter un élément étranger, tout aussi désastreux : cet élément, c’est l’immigration italienne. En 1869 arrivèrent à Montevideo vingt mille quatre cent trente cinq émigrants étrangers, en grande partie italiens, non pas de la bonne et brave Italie, mais napolitains ; on dit que les gouvernements de Buenos-Ayres et de Montevideo ont déjà pensé mettre un frein au torrent envahisseur. Paresseux, spéculateurs de bas étage, ennemis de l’agriculture et du travail, toute cette cohorte de mangeurs de macaroni ne pense qu’à vivre du produit de son industrie de brocanteurs. Fourbes et pervers, ils sont toujours prêts à se mêler aux bouleversements sociaux et gouvernementaux, et à vendre leurs bras homicides au plus offrant. Aussi sont-ils honnis, surtout des populations de l’intérieur ; plus d’un Gaucho a rougi son facon, long couteau, en coupant le cou, degollando à un Napolitano mercachifle, Napolitain colporteur. La famille H… fit tout son possible pour me rendre agréable le séjour que je fis dans son sein. Promenades au Paso del Molino — établissement public, présentant quelqu’analogie avec le Kincampois des Liégeois — soirées intimes, rien ne fut négligé pour me faire oublier ma patrie et trouver Montevideo enchanteur.

Ce ne devait durer longtemps, mon seul désir étant d’aller dans l’intérieur. Ne voulant abuser de l’hospitalité de M. H. je lui manifestai l’intention d’aller dans le campo, il insista pour me faire rester en ville, mais vaincu par mes sollicitations, il me présenta à un négociant français Arthur J… propriétaire de la Capilla de Farrucco, au centre même de la République. J… accepta ma proposition et je lui assurai que je ferai tout mon possible pour lui être utile ; une invitation à souper me fit faire plus ample connaissance avec mon patron. J’étais content, mes projets allaient être réalisés.

Quelques jours après, la dame de J…, brave parisienne, d’un embonpoint très prononcé, figure Louis XV, un noble cœur, spirituelle et d’une éducation supérieure, accompagnée de Marica sa bonne et moi, nous prenions place dans la diligence qui faisait le service entre Montevideo et le Cerro Largo ; tandis que J… restait encore plusieurs semaines en ville pour régler ses affaires, et veiller à l’expédition des marchandises.

Six caballeros s’y trouvaient déjà installés, caballeros qui, en Europe, eussent été pris pour de fameux brigands, car à leurs ceintures brillaient des poignards à lame longue et tranchante, des revolvers montraient leurs gueules béantes ; ils avaient des pantalons larges appelés bombachas, un poncho aux vives couleurs, des bottes armées d’éperons énormes en argent, retenus par des courroies enrichies de plaques du même métal, un chapeau à larges bords, et leurs figures basanées, où dominait le sang indien, pommettes prononcées, angle extérieur des yeux relevé, avaient une expression toute nouvelle pour moi. Je me promis bien au prochain relais de ceindre mon petit sabre, de mettre au jour mes armes, et cela pour faire comme les autres : partout où j’ai voyagé, j’ai toujours cherché à prendre les habitudes des habitants de la contrée que je parcourais.

J’avais à ma droite un estanciero, et à ma gauche la brune Marica. Nous suivons l’interminable rue du dix huit juillet ; aux magasins où regorgent les marchandises destinées aux campagnards, succèdent les villas les plus somptueuses, les parcs les plus ombragés ; quintas, huertas, chacras étaient à nos yeux leurs fruits savoureux, et leurs infranchissables clôtures d’agaves, pita, donnent au paysage un aspect tropical. Les saules, les eucalyptus, les peupliers se montrent à de rares intervalles, et notre coche, traîné par de vigoureux coursiers, s’élance dans la campagne.

Marica était ce que l’on appelle une china, au sang indien se mêlait le sang africain : jeune, jolie, elle n’avait que quatorze ans, de grands yeux noirs à sclérotique bleuâtre, particulière à sa race, une chevelure crépue et pourtant longue, des lèvres voluptueuses, et les plus jolies dents du monde ; elle osait à peine me regarder.

Fatiguée par les préparatifs du départ, le cahot monotone de la diligence, la température y aidant, ses paupières s’appesantirent, et de petits coups de tête en avant annoncèrent chez elle une disposition à se livrer au sommeil. Dormant à demi, ne pouvant plus sans doute tenir la tête dans sa position naturelle, elle la pencha de mon côté et chercha sur mon épaule un support tout à propos. Sa respiration paisible et mesurée soulevait régulièrement son sein naissant, mais déjà arrondi par les grâces de la puberté, ma joue effleurait quelquefois son exubérante chevelure, et la moite chaleur de sa charmante tête me produisait une douce sensation.

Le véhicule s’arrête, ma dormeuse se réveille ; le premier trouble du sommeil interrompu ex abrupto passé, ses yeux voilés se fixent sur moi, et je crois voir sur sa figure un léger sourire de remerciement. Le capataz fait entendre le clique claque de son fouet et nous roulons de nouveau. Nous avons dépassé les terres cultivées, et un horizon de mer s’étend devant nous ; c’est le campo, les habitations deviennent rares, le bétail innombrable, et le camino real a disparu sous l’herbe. À droite et à gauche, des masses noires et brunes se mettent en mouvement ; ce sont des troupeaux qui prennent la fuite ; les taureaux beuglent, les chevaux hennissent en secouant leurs longues crinières, les vanneaux, toujours deux par deux, jettent dans l’air leur cri si connu teru-teru, et planent de leur vol indécis ; de longues bandes sinueuses de moutons s’allongent sur les collines, des chevreuils peu farouches dressent hors de l’herbe leur tête couronnée comme celle de nos cerfs, et suivent avec curiosité le passage de la diligence ; des autruches au pied rapide, comme dirait Homère, fendent la plaine, et cherchent une retraite loin de nos regards.

Je suis chasseur, aussi au premier relais, le fusil à la main, fusil à âme lisse il est vrai, je me mets en campagne. L’autruche américaine ne fuit pas l’homme à pied, ce qui revient à dire qu’on peut l’approcher à une cinquantaine de mètres : me voilà tirant, courant, tirant encore et tiraillant toujours, mais l’émotion, la chaleur et mon fusil me font rentrer bredouille. J’étais pourtant content, j’avais fait feu sur des autruches.

Au coucher du soleil nous arrivâmes au relais de nuit, un triste rancho construit en terre, adobe, et couvert en chaume. Le corps de logis se composait de trois salles, une pour les propriétaires, l’autre pour les étrangers, et la dernière servant de salle à manger. Le cuisinier, certes, n’était pas élève de Véfour, mais le voyage nous avait mis en appétit, et nous fîmes honneur au rôti asado, au ragoût, guisado, de viande séchée charque, pilée et bouillie avec du maïs avec force piment aji ; un verre de vin espagnol vino carlon, couleur extrait de mûres, clôtura notre repas. La chambre à coucher était commune, et avait l’aspect d’un hangard ; une dizaine de lits de camp, une simple toile tendue sur un châssis en bois, un grand plat en terre avec de l’eau, une unique serviette et vous aurez une idée de notre boudoir. À la guerre comme à la guerre, je m’étendis tout habillé sur le lit, car je n’avais pas comme mes compagnons l’indispensable poncho, qui sert de manteau et de couverture à tous les voyageurs de l’Amérique du Sud. Fermons les yeux. Le lendemain je fus réveillé de bonne heure par ces gauchos de bonne famille ; tour à tour, ils venaient puiser au plat, dans le creux de leur main, un peu d’eau ; et se frottaient la figure à la façon des chats, un coup du solitaire essuie-mains et tout était dit ; je fis de même.

Quiere usted un cigarillo, me dit mon voisin en me tendant un porte-cigarettes. J’acceptai, muchas gracias señor caballero, j’étais fier de mes quelques mots d’Espagnol. Boun diou, dirait un provençal, quelle cigarette, du papier Joseph au lieu de notre fin Job ! et quel tabac, du marc de café, noir, humide et fort à faire évanouir une hirondelle de cheminée !

Madame et Marica avaient passé la nuit, en compagnie des maîtres du rancho.

Les diligences américaines ressemblent à nos diligences, l’attelage seul diffère : au lieu de nos bons gros chevaux dociles, imaginez-vous six ou huit gaillards à moitié sauvages, redomones, queue coupée, crinière rasée, vifs, farouches, rebelles au moindre attouchement, les oreilles courbées en avant, l’œil en feu, les naseaux ouverts ; leurs conducteurs aussi sauvages qu’eux, ne parviennent à les atteler qu’avec beaucoup de peine ; enfin après mille sauts et ruades ils sont en place. Un cavalier, appelé delantero, prend les devants. À sa selle est attaché un lazo de dix à quinze mètres de long, fixé lui même au limon du lourd véhicule ; comme il n’y aura bientôt plus de chemin tracé, c’est lui qui guidera la course effrénée à laquelle nous allons nous livrer, il évitera les pierres, les fondrières, cherchera le chemin le plus praticable. Notre écot réglé, tout le monde est en place, le capataz s’installe sur le siège, Go head ! Sybarites européens, qui vous vous plaignez de la légère trépidation dans vos moelleux compartiments de chemin de fer, allez faire un voyage dans les plaines du Rio de la Plata, et vous reviendrez avec de meilleurs sentiments ! Les cahots, les secousses brusques, en avant, en arrière, de côté, étaient si violents que souvent j’étais obligé de me tenir à deux mains à la banquette, pour ne pas me briser le crâne contre le plafond de la diligence.

Après deux jours de voyage d’un parcours de soixante lieues, nous arrivâmes à l’estancia du général Muños, un blanco, c’est-à-dire conservateur. La diligence continua sa route vers Cerro Largo, laissant Farrucco à sa gauche, à une distance de six lieues que je devais franchir à cheval : question très grave pour moi qui n’avais pas la moindre notion d’équitation.

Nous entrâmes sur l’invitation de Madame la générale, car son mari était exilé à Buenos-Ayres : ici pas de luxe, une simple habitation, bâtie en pierres il est vrai, blanchie à la chaux, un mobilier très inférieur. Après les salutations d’usage, como esta ? Muy bien, y usted ! para servirla ; Madame J… Marica et moi, nous prenons place sur des sièges. Bientôt arriva le mate traditionnel : dans toute l’Amérique du sud, chez le riche comme chez le pauvre, le mate fait les frais de toute réception. Madame J… me présenta comme nouveau débarqué. Après avoir subi un rude assaut de questions sur le vieux continent, questions auxquelles je dus répondre d’une façon comique, je n’étais encore guère ferré sur la langue de Cervantes, car mes interlocutrices riaient à qui mieux mieux ; mon tour arriva de sucer le fameux mate. Mais avant de continuer, disons ce que c’est que le mate. Le mate, ilex paraguayensis, jerba mate, jerba del Paraguay, est un arbre, d’une taille moyenne, qui croit dans cette région ; la feuille légèrement torréfiée sert de thé, elle est livrée au commerce sous forme de poudre verdâtre renfermée dans des sacs en peau de vache, tercio.

Pour prendre ce thé on en remplit à moitié une noix de coco trouée d’un côté, sculptée et enrichie d’ornements en argent, ou tout autre récipient ayant à peu près la même forme ; on verse par dessus de l’eau chaude, et on se sert d’un tube en argent, bombilla, terminé par une petite pomme d’arrosoir, pour sucer cette infusion ; la pomme d’arrosoir plonge dans le récipient, et empêche les petites parties de jerba de s’introduire dans le tuyau. La domestique, indienne ou négresse, prépare le mate, le présente d’abord à la maîtresse de la maison, qui en suce le contenu à petites gorgées, car ce liquide est brûlant ; elle ajoute de nouveau de l’eau bouillante et le présente à la personne suivante qui le suce également, et ainsi de suite en faisant le tour de la société. J’ai vu cette opération se répéter quelquefois deux, trois et quatre fois ; un vrai gaucho ne se lasse pas de boire du mate, il en prend le matin, à midi, le soir, à toute heure de la journée, tantôt suçant une gorgée de mate, tantôt humant une bouffée de sa cigarette. Pour l’Européen bien élevé, ce manège a quelque chose qui, de prime abord, lui inspire une certaine répugnance d’être obligé de sucer au tube où tout le monde a sucé ; car essuyer la bombilla serait une grande inconvenance, une insulte. Mais le mate est un liquide qui plaît et auquel on se fait aussi facilement qu’au thé de Chine. Pris tel quel, on l’appelle mate amargo ou cimarron, et, avec addition de sucre, mate dulce ; ce dernier est préféré par les femmes et les personnes aisées.

Mon tour donc arriva, et voulant opérer comme tout le monde, je portai la bombilla à mes lèvres et suçai ; mais une grimace horrible fit rire tous les assistants, les larmes me vinrent aux yeux ; et après un nouvel essai, je passai le mate à ma voisine. J’avais aspiré trop fort et m’étais brûlé les lèvres et la langue. Comme je l’ai déjà dit, ce breuvage doit se prendre à petites gorgées, et le grand talent consiste à le prendre aussi bouillant que possible ; un mate froid est dédaigné par un Américain.

Le moment du départ arrivé, je remercie Madame la générale avec force poignées de mains ; Madame J., grâce à son embonpoint devait faire le trajet en carriole et prendre soin des bagages.

On me présente un cheval, probablement le plus doux et le plus vieux mancaron de l’estancia ; je ramène les rênes et monte ; Marica, aussi à cheval, devait être ma protectrice.

Vamos, me dit la China, et elle part au galop. Mon cheval la suit. Quant à moi, d’une main tenant les brides, et de l’autre le pommeau de la selle, je cherche à maintenir l’équilibre autant que possible ; je crie à la jeune fille d’aller moins vite ; elle s’arrête, en me regardant de cet air moqueur avec lequel tous les Américains du Sud regardent l’étranger, gringo, qui ne sait pas monter à cheval.

Nous nous plaçons de front, et elle me donne, dans son langage coloré, les premières notions de l’art du célèbre Franconi. Peu à peu je me fais au mouvement du bucéphale, et, excité par ma jeune compagne, je risque un galop sans me tenir avec la main.

Mira usted alla lejos es la Capilla, regardez là-bas, c’est la Capilla, s’écria-t-elle. En effet, dans le lointain je distinguai une habitation et de nombreux arbres ; nous eûmes quelques pasos de rivière à franchir, car les ponts sont inconnus dans ces régions, et chevauchant plus gaillardement, nous arrivâmes à Farrucco.