Traité populaire d’agriculture/Assimilation

ARTICLE TROISIÈME.

Assimilation.

L’assimilation est cette fonction par laquelle le végétal prend dans les matières en rapport avec lui les principes propres tant à entretenir et fortifier ses parties déjà formées qu’à former des parties nouvelles, tant à le conserver qu’à l’accroître.

En d’autres termes, le végétal choisit dans la sève les aliments qui lui conviennent.

Nous connaissons la composition de la plante, ses composés organiques comme ses composés inorganiques.

Nous savons que ses principes immédiats ne renferment que trois ou quatre éléments simples, le carbone, l’oxygène, l’hydrogène et l’azote.

Voyons comment tous ces principes élémentaires sont fournis à la plante.

1oLes racines, les feuilles mêmes absorbent de l’eau, mais l’eau est un composé d’hydrogène et d’oxygène. Sa décomposition dans le végétal lui fournit donc ces deux principes. L’hydrogène des plantes n’a pas d’autre origine. C’est donc l’hydrogène de l’eau qui sert à former les huiles volatiles, la cire, les résines et autres corps gras, si fréquents dans certains organes et si riches en ce principe élémentaire.

2oLe carbone ne pénètre jamais dans les plantes à l’état solide ou de simple dissolution dans l’eau, puisque c’est une substance complètement insoluble dans l’eau.

C’est par la décomposition de l’acide carbonique fourni par l’air et par l’eau que le carbone est introduit dans le tissu végétal ; il y est encore porté par la partie soluble de l’humus, très riche en matières organiques.

L’air emprisonné dans la terre végétale est riche en acide carbonique. Or, les racines qui vivent dans cette atmosphère souterraine absorbent, avec l’eau qu’elles pompent, une grande quantité d’acide carbonique qui vient s’ajouter dans les feuilles à celui que ces derniers inspirent de l’atmosphère.

Le carbone fixé dans le tissu végétal se combine avec l’eau ou ses éléments, en proportions variables, et donne naissance à des matières de la plus haute importance. C’est ainsi que la nature végétale produit ces matières ligneuses, gommeuses, sucrées, qui jouent un si grand rôle dans la vie des plantes.

3oL’oxygène contenu dans les plantes provient de l’eau et de l’air. Au moyen de cet oxygène, il s’établit dans le tissu cellulaire des phénomènes chimiques par suite desquels la sève acquiert des propriétés nouvelles et se transforme en suc nourricier.

L’oxygène de l’air est absorbé, mais seulement pendant la nuit, puisque, pendant le jour, les feuilles en rejettent constamment.

Cette propriété d’inspirer ou aspirer de l’oxygène pendant la nuit, et d’expirer ou rejeter ce gaz pendant le jour, de même que celle de décomposer l’acide carbonique, n’appartient qu’aux parties vertes. Ni la racine, ni le bois, ni l’aubier, ni l’écorce, ni la fleur ne la possèdent.

4oL’azote se trouve dans les plantes sous la forme de certains composés quaternaires. Tous les tissus, à l’état naissant, sont abondamment pourvus d’azote ; les graines des céréales en contiennent aussi de fortes proportions.

L’azote des plantes provient, disent les chimistes, des engrais azotés contenus dans le sol. Mais ces engrais, qui contiennent de l’azote, sont eux-mêmes des débris végétaux ou animaux. L’azote qu’ils fournissent aux plantes doit donc provenir d’une autre source, car en effet si c’est la plante qui fournit l’azote à la plante, il est tout naturel de conclure que la plante fournissante, pour contenir ainsi de l’azote, a dû le prendre quelque part.

D’un autre côté, on sait que l’air atmosphérique contient 79 pour 100 de son volume d’azote. Mais cet azote qui est mélangé avec l’oxygène de l’air, n’est pas assimilable, paraît-il, ne concourt pas directement à la nutrition du végétal.

Il faut qu’il éprouve un changement, une transformation.

L’étincelle électrique, en ozonisant l’oxygène, lui permet de se combiner avec l’azote ; il se forme de l’acide azotique.

La décomposition de l’eau, dans la putréfaction des matières animales, donne de l’hydrogène naissant qui, dans des conditions et sous des circonstances favorables, se combine avec l’azote : il se forme de l’ammoniaque.

Or, l’acide azotique et l’ammoniaque peuvent se combiner ensemble ou avec d’autres substances : on a alors des sels azotés, dont quelques-uns sont entraînés et introduits dans le végétal.

C’est ainsi que l’azote parvient aux plantes.

L’animal, qui se nourrit de végétaux divers, trouve dans leur substance tous les éléments nécessaires à la sienne, il se les assimile ; le surplus est excrété et forme les déjections, qui contiennent encore et en plus ou moins grande quantité, les éléments constituants de la nourriture végétale.

C’est ainsi que les engrais minéraux et végétaux contiennent l’azote qui leur donne, suivant qu’il y est plus ou moins abondant, une action plus ou moins grande sur la végétation.

5oLes plantes contiennent des matières inorganiques. Le sol dans lequel vit le végétal doit contenir ces substances minérales ; c’est le sol, en effet, qui les fournit à la plante.

C’est donc surtout par les substances minérales qu’il renferme, ou qui lui sont ajoutées, que le sol exerce une action marquée, incontestable, sur la végétation. Ces substances, nécessaires à la vie, à la constitution de la plante, sont absorbées par les racines, charriées dans les vaisseaux et déposées dans les différents organes.

Ces substances sont choisies par les végétaux conformément à leur organisation et à leurs besoins ; ce qui le prouve, c’est l’inégalité même de leur répartition dans les différentes parties d’un même végétal. Ainsi, les tiges des céréales contiennent beaucoup de silicate de potasse, tandis que les graines de ces mêmes plantes ne contiennent presque que des phosphates terreux ; la chaux est surtout abondante dans la paille ou le bois ; la magnésie, dans la graine.