Tableau du royaume de Caboul et de ses dépendances dans la Perse, la Tartarie et l’Inde/Tome 1/Hospitalité


HOSPITALITÉ.

Les Afghans exercent constamment envers les étrangers les devoirs de l’hospitalité la plus touchante : si quelqu’un d’eux veut se fixer dans une tribu, on lui donne des terres. Quand plusieurs étrangers se trouvent ainsi incorporés, ils élisent un chef qui a voix délibérative dans le jirga principal, et ils règlent eux-mêmes leur gouvernement intérieur, comme s’ils appartenoient originairement à l’oulouss. Ils sont soumis aux mêmes lois, jouissent des mêmes privilèges, prennent part aux guerres ou aux alliances de la tribu ; et quoiqu’ils conservent le nom de la tribu dont ils sont sortis, ils interrompent toutes relations avec elle. Cependant ils ont le droit de retourner dans leur oulouss primitif : ce qui arrive particulièrement chez les Afghans occidentaux en cas de guerre entre les deux tribus. Il n’en est pas ainsi chez les Afghans orientaux : les étrangers sont obligés de prendre part contre leur tribu originaire en faveur de celle qui les a adoptés.

Ceux qui sortent d’une tribu par simple amour pour le changement, en conservant leur fortune, sont reçus avec cordialité, et on leur donne des terres ; mais ceux qui ont vendu leur patrimoine et émigrent par pauvreté, sont confondus dans la caste des humsauyahs. Ce mot signifie voisins. Ils jouissent d’un mode de naturalisation qui ressemble beaucoup à l’état des denizens en Angleterre. Privés du droit de suffrage au jirga, ils profitent seulement de la protection commune à tous, et de celle des personnes à qui ils se sont attachés. C’est un point d’honneur pour un Afghan de protéger ses humsauyalhs.