Aux dépens d’un amateur, pour le profit de quelques autres (imprimé à Paris) (p. 131-139).

CHAPITRE XI

AMOURS FÉMININES


Claire connaissait tous les raffinements de l’amour avec l’homme, il ne lui restait plus guère à connaître que l’amour avec la femme. Les circonstances firent que la jeune fille fut initiée à ce dernier plaisir en dehors de sa propre volonté et à l’insu de Claude.

Les rapports que Claude avait eus avec Germaine, la jolie femme de chambre, cessèrent brusquement le jour où il eut définitivement la possession de Claire. Germaine fut naturellement fort sensible à cet abandon et en rechercha la cause. Pour une jeune femme aussi fine et aussi experte en matière d’amour, il ne fallut pas longtemps pour trouver la bonne piste. Elle connaissait la grande intimité qui existait entre les deux jeunes gens, sans pour cela soupçonner que cela pût aller bien loin à cause de la grande réserve de la jeune fille et de sa chasteté, qu’elle connaissait bien. Pourtant quand Claude devint l’amant de Claire, il y eut chez les jeunes gens une telle transformation, une joie si profonde se peignit sur leur visage, qu’il fut impossible de ne pas le remarquer. Elle se mit aussitôt en campagne pour vérifier ses soupçons, elle épia les amoureux à la maison, dans le parc, à toute heure et partout. À force de fureter et d’espionner, elle finit par apercevoir Claire se rendant dans la chambre de Claude et ne l’en vit ressortir que deux heures après. Dès lors la certitude était acquise : Claire se donnait sans réserve au jeune homme.

La possession de ce secret faisait de Germaine la maîtresse de la situation : un mot d’elle, et Claude était chassé honteusement du château sur l’heure. Elle tenait donc les amoureux à sa discrétion. Que fera-t-elle ? Reprendra-t-elle son amant ? Pour croire cela, il eût fallu ne pas connaître la lascive Germaine et son penchant irrésistible pour la femme. Elle avait toujours été attirée très vivement vers Claire dont mieux que personne, par suite de ses fonctions de femme de chambre, elle connaissait tout le charme et toute la beauté, et ce n’est que par suite de la manière hautaine et décisive dont la jeune fille avait repoussé ses avances timides qu’elle avait battu en retraite en imposant silence à sa passion ; mais maintenant la situation était renversée ; elle la résuma par ces mots : « Maintenant, petite, tu m’appartiens ».

Dès le lendemain elle eut à remplir une des fonctions habituelles de sa charge qui consistait à assister Claire à sa sortie de bain, c’est-à-dire l’essuyer et l’aider à s’habiller. Quand elle eut enlevé la chemise mouillée qui avait servi au bain, elle tarda à mettre le peignoir de la jeune fille qu’elle contempla dans sa splendide nudité, dévorant des yeux ces seins droits et fermes avec leurs pointes vermeilles, ce ventre si pur, ces cuisses potelées et surtout le triangle de poils blonds ne cachant guère les jolies petites lèvres. Claire la regarda avec étonnement. Alors la jeune femme, cédant à un mouvement de passion irrésistible, se jeta sur elle, prit ses seins à pleines mains en murmurant des mots d’amour et glissa même sa main entre les cuisses.

Claire, outrée d’une attitude aussi inconvenante chez sa bonne, se dégagea avec colère et lui montra la porte du doigt ; mais Germaine lui dit alors ce qu’elle savait de ses amours avec Claude et en peu de mots lui prouva qu’elle était entièrement à sa discrétion, qu’elle n’avait d’autre ressource qu’à se soumettre à sa passion et que son silence était à ce prix.

Claire fut atterrée ; son visage exprima une véritable angoisse. La jeune femme en eut pitié, la fit asseoir près d’elle sur un divan et lui prodigua des caresses et des mots d’amour. Elle lui assura qu’elle ne lui avait fait cette menace que pour avoir raison de sa résistance dont elle voulait triompher à tout prix, puisqu’elle la désirait tant, et, tout en l’embrassant, lui jura que personne au monde ne connaîtrait jamais ce secret.

Germaine sut être persuasive, son accent respirait la sincérité ; elle fit renaître le calme dans l’esprit de Claire qui commençait maintenant à être sous l’impression des sens et se sentait étrangement troublée par toute la violence de la passion de la jeune femme. « Je t’aime, disait Germaine, je veux te faire jouir et jouir moi-même par toi. Je veux te faire jouir comme jamais ton Claude ne l’a fait. »

La jeune fille mollissait sous cet ouragan de passion. Germaine la couche toute nue sur le sopha et s’agenouille près d’elle. Elle colle sa bouche sur celle de Claire : l’étreignant avec ardeur et suçant sa langue, elle l’embrasse longuement sur le devant du cou, à cet endroit où la peau est fine et sensible. Puis c’est le tour des seins qu’elle caresse d’une manière infiniment délicate avec les mains, avant de les manger de baisers ; elle suce les tétons dressés avec force, les titillant du bout de la langue et donnant à cette caresse une suavité extraordinaire. Ses doigts de femme, d’une douceur de velours, courent avec une extrême agilité sur le corps ravissant de la jeune fille, effleurant les mollets, caressant la partie interne des cuisses, suivant les contours du ventre, se perdant dans le petit triangle de poils blonds pour aboutir enfin à une caresse exquise sur les jolies lèvres de la vulve. Le clitoris n’est effleuré que pour sentir à quel point il est raidi.

Claire frissonne toute sous ces obsédantes caresses, elle a un désir violent de jouir.

— Fais-moi jouir, Germaine, crie-t-elle, j’en ai tant envie !

Mais Germaine ne l’écoute pas, elle la retourne sur le divan pour la voir le dos en l’air et colle sa bouche sur la nuque qu’elle mordille. Puis les doigts agiles courent sur le dos le long de l’épine dorsale, en une caresse d’une douceur exquise ; alors elle prend à pleines mains la peau satinée des fesses qu’elle manie, qu’elle pétrit avec vigueur, au point de les faire rougir. La caresse libertine continue entre les fesses, appuyant sur le périnée et sur le petit trou plissé dont le doigt explore l’orifice. La langue le remplace bientôt, s’enfonçant dans le trou mignon. Descendant toujours, les doigts de velours explorent la vulve qu’ils sentent toute chaude et toute mouillée et s’arrêtent sur le clitoris vibrant de désir.

— Fais-moi jouir, supplie Claire, je n’y tiens plus !

Alors la jeune femme retourne Claire sur le dos, la dispose en travers sur le divan et restant agenouillée entre ses cuisses colle enfin sa bouche sur la vulve brûlante. Ce fut une caresse délirante. L’experte soubrette prend les petites lèvres à pleine bouche et les suce ; sa langue entre toute dans les profondeurs du vagin, elle prend enfin entre ses lèvres le clitoris, le roulant, suçant, le titillant du bout de la langue. Claire, haletante, pousse des cris d’extase, elle se tord de jouissance ; un spasme délirant la prend toute, sa vulve est pleine de son éjaculation, la chaude liqueur coule sur ses cuisses et mouille toute la figure de Germaine.

Elle veut se retirer, mais Germaine la maintient énergiquement.

— Je veux que tu jouisses encore, que tu jouisses à en crier, dit-elle.

La jeune femme enfonce un doigt dans l’anus et en met deux dans le vagin, dont les parois vibrantes se resserrent pour les comprimer ; elle les pousse au plus profond et les retire alternativement, imitant le mouvement de la verge, en même temps elle se jette avec frénésie sur la vulve, où elle continue longtemps sa caresse délirante.

Claire pousse de véritables cris, elle a joui deux fois, trois fois, mais d’une jouissance inouïe. Germaine ne l’avait pas trompée lorsqu’elle avait dit qu’elle lui procurerait une jouissance extraordinaire.

Dès qu’elle a repris ses sens, la jeune fille témoigne à Germaine une vive reconnaissance du plaisir intense qu’elle vient de lui donner. Elle la prend dans ses bras et l’embrasse sur la bouche en lui murmurant des mots d’amour. Germaine, excitée au plus haut degré, a une envie folle de jouir ; elle regarde la jeune fille dans les yeux, d’un air adorable, lui disant tout bas :

— J’ai tant envie de jouir, tu n’as pas pitié de moi !

Claire rougit beaucoup, toute hésitante ; prise au dépourvu par cette idée de faire jouir une femme, elle ne répond pas.

— Je t’en supplie, ma petite Claire, répéta la jeune femme, j’ai tant envie de jouir ! Donne-moi seulement ta main.

Alors Claire, toute confuse, prenant brusquement son parti :

— Ce n’est pas ma main que tu auras, mais ma bouche.

Aussitôt, elle couche sa bonne sur le dos, lui relève robe et jupon, écarte largement la fente du pantalon et fourre gentiment sa petite bouche dans le fouillis de poils noirs de la jeune femme. Elle suce, lèche, mordille, s’escrime de son mieux, s’emploie de tout son cœur à cet exercice nouveau pour elle, et fait tant et si bien qu’elle ne tarde pas à recevoir en pleine bouche la copieuse éjaculation de la jeune femme pâmée entre ses bras.

Claire, mise en goût par la vue des charmes intimes de Germaine, de la jolie vulve, ombragée d’une belle toison noire et des fesses potelées, veut la voir toute nue. Elle la déshabille elle-même en un tour de main, jetant au hasard robe, jupon, pantalon, corset, chemise. Quand elle est nue, elle la contemple avec admiration, prenant les seins superbes à pleines mains, pelotant les fesses ; la caressant toute et la prenant dans ses bras pour se coller sur elle, bouche sur bouche, seins sur seins, poils sur poils. Les deux femmes s’excitent mutuellement au point de désirer jouir encore, malgré tout le plaisir qu’elles se sont donné réciproquement.

Une idée traverse l’esprit lascif de Germaine :

— Faisons-nous jouir en même temps, en nous faisant doublement minette.

— Oh ! oui, je veux bien ! dit Claire.

— Tu sais donc ce que c’est ? Ton Claude me paraît t’avoir appris bien des choses.

Claire ne peut s’empêcher de rougir, mais Germaine la tire de son embarras en la poussant au divan où elle la couche sur le dos ; elle-même s’étend au-dessus d’elle, en sens contraire, et chacune des deux jeunes femmes colle alors sa bouche sur le sexe gourmand de l’autre.

Ce que fut cette jouissance, on eût pu s’en rendre compte en entendant les cris d’extase, en voyant les soubresauts des deux corps charmants qui s’étreignaient avec furie, qui se tordaient de plaisir.

Elles ne s’arrêtèrent que lorsqu’elles furent littéralement à bout de forces, après avoir connu la jouissance dans tout son paroxysme, la volupté dans sa plus délirante intensité.