Aux dépens d’un amateur, pour le profit de quelques autres (imprimé à Paris) (p. 107-115).

CHAPITRE IX

L’AMOUR VAINQUEUR


La révélation soudaine du plaisir sexuel avait été un véritable événement pour la charmante amie de Claude. Une nature chaude et vibrante comme celle de Claire, pleine de toutes les ardeurs de la jeunesse comme de toutes les curiosités de la femme, ne pouvait point ne pas garder une vive impression de cette découverte si troublante.

La pauvre jeune fille en était toute désorientée ; elle ne pouvait arriver à se reprendre et s’en affligeait, car elle savait bien que dans cet état de désarroi moral si complet, elle était à la merci du jeune homme s’il se livrait sur elle à quelque nouvelle tentative. Son grand instinct de chasteté, toute sa vertu qui l’avait protégée jusque-là, se trouvaient impuissants contre le souvenir lancinant de la jouissance si vive éprouvée déjà à plusieurs reprises, car la jeune fille, dans l’amollissement de la volonté produit par le demi-sommeil, et même à d’autres moments de propos délibéré, n’avait pu s’empêcher de porter plus d’une fois la main à l’endroit si vivement excité par Claude. Ces caresses lui avaient chaque fois procuré une sensation de plaisir plus intense, développant de plus en plus l’instinct de la jouissance sexuelle qui se trouve, pour ainsi dire, à l’état latent dans les organes de la femme. La charmante jeune fille était dans un tel état de surexcitation sensuelle et morale qu’elle, si chaste et si pure, en était arrivée à désirer une nouvelle tentative de Claude. La main de l’homme, elle le sentait bien, et surtout celle de l’homme qu’elle aimait ardemment, devait lui donner une émotion et une volupté bien autrement intenses que les caresses inexpérimentées qu’elle pouvait se faire elle-même. Mais Claude se tenait maintenant sur la réserve, n’osant compromettre un premier succès en brusquant les choses ; et, quelle que fût l’intensité de son désir, elle serait morte de honte plutôt que d’exciter elle-même son ami à quelque nouvelle tentative.

Claude aussi se rendait bien compte de l’émotion croissante de la jeune fille, et, de son propre côté, la passion avait atteint un tel degré d’exaspération qu’il sentait bien que le dénouement ne pouvait plus être retardé et que la moindre circonstance devait le précipiter.

Ce fut le hasard, en effet, qui amena ce dénouement si ardemment désiré par les deux enfants et qu’aucun d’eux n’osait provoquer.

Un après-midi que Claire s’était retirée dans un petit pavillon bâti dans le parc pour fuir la chaleur du jour, s’abandonnant aux pensées qui l’obsédaient, elle s’était étendue nonchalamment sur un large sofa qui en constituait tout le mobilier ; elle allait certainement se livrer sur elle à quelques caresses solitaires, lorsqu’il arriva fortuitement à Claude d’y entrer de son côté pour s’y reposer. À cette apparition soudaine, tout le sang de la jeune fille lui reflua au cœur, elle comprit que le moment tant désiré et tant redouté à la fois était arrivé. Sa première pensée fut de fuir, mais à ce moment suprême, la passion se révéla si intense en elle que non seulement elle demeura, mais que, fermant les yeux, elle résolut de feindre de dormir, pour donner au jeune homme toute facilité de faire ce qu’elle désirait tant et qu’elle n’osait lui demander.

Une émotion intense faisait battre son cœur et rendait sa respiration haletante et entrecoupée ; étendue sur le dos, les paupières closes et le visage empourpré, elle simulait de son mieux le sommeil. En proie à la fois à une véritable angoisse et à un désir fou, elle sentit le jeune homme s’approcher d’elle avec ménagement et lui relever la robe et le jupon jusqu’à la taille… puis ses doigts caressants remonter lentement le long de ses cuisses… et atteindre la mystérieuse forêt. Mais elle avait sans doute les jambes trop serrées pour que Claude pût satisfaire son ardente curiosité, car elle sentit qu’il les écartait avec une douceur infinie pour ne pas la réveiller, lui ouvrait largement la fente du pantalon et remontait la chemise bien haut…

Et ce fut une sensation inexprimable pour elle que de sentir ses parties les plus secrètes mises en pleine lumière devant le jeune homme et être ainsi livrée à son entière discrétion.

Pendant un moment, qui lui parut un siècle, il lui sembla qu’il l’examinait, puis bientôt elle frémit au contact de sa main qui frôlait doucement la petite fente aux lèvres humides, allant de haut en bas et s’attachant surtout au petit monticule de la partie supérieure. Mais bientôt son émotion augmenta ; Claude, qui s’était glissé entre ses cuisses, dardait avec ardeur sa langue et ses lèvres sur ses parties intimes ; il léchait la mignonne vulve dans tous ses replis, suçait les jolies lèvres qu’il prenait à pleine bouche et s’acharnait surtout sur le petit bouton d’amour, très développé chez Claire, et qu’il mordillait avec une sorte de rage amoureuse de bête en rut, longtemps comprimée dans son ardent désir et enfin lâchée, qui se saoule de jouissance.

Claude, en effet, semblait avoir perdu toute prudence, toute crainte de réveiller la jeune fille. Fou de passion, il avait saisi ses cuisses à pleines mains, rabattant complètement et enlevant le pantalon qui le gênait et de sa langue brûlante lui léchait toute la vulve avec une véritable furie ; ses mains maniaient avec volupté les fesses de la jolie fille, qui s’agitait nerveusement sous cette luxurieuse étreinte et sous ces caresses de la langue inconnues d’elle. Une délirante sensation de plaisir lui secoua tout le corps ; elle arrivait à la jouissance suprême et était en proie à un spasme voluptueux qui lui fit perdre tout sentiment de la réalité et lui arracha de véritables cris de jouissance.

Claude releva la tête, leurs yeux se rencontrèrent… il y lut l’abandon suprême de toute résistance… La délicieuse jeune fille, transportée d’amour et ivre de volupté, se donnait toute à son amant ; les yeux pleins de reconnaissance et d’une ineffable tendresse, elle attira Claude sur elle et lui donna sur la bouche un long baiser d’amour. Alors, dans un moment de désir sauvage, il fit sauter le bouton qui emprisonnait son sceptre d’amour, rigide, et le présenta à l’entrée de la conque virginale de la jeune fille, en même temps qu’il enlaçait sa taille et couvrait de baisers passionnés son gracieux visage, Claire, excitée elle-même au dernier point, se livra tout heureuse à lui, écartant d’elle-même les cuisses, sans bien comprendre pourtant ce qu’allait faire son ami. Claude appuyait toujours sa verge à l’entrée de la petite grotte d’amour, toute mouillée par la précédente jouissance, ce qui en favorisa un peu l’entrée ; alors, sentant le gland pénétrer dans l’étroite ouverture, enserrant son amie de ses deux bras et collant ses lèvres sur sa bouche brûlante, il appuya fortement, brisa d’un coup de reins la frêle barrière de la virginité et pénétra jusqu’au fond du temple de l’amour. Claire, surprise de ressentir tout à coup une vive douleur, poussa un cri à peine étouffé par les lèvres de son amant, et des larmes jaillirent de ses yeux malgré elle ; elle sentait une cuisson intense à l’endroit où tantôt elle éprouvait une si grande volupté et se croyait blessée. Mais, tout à coup, elle sentit Claude précipiter ses mouvements, l’étreindre plus fortement, ses lèvres étroitement unies aux siennes, et un spasme, d’une jouissance extraordinaire, le secoua tout entier, tandis que son membre lançait dans les profondeurs intimes de son être une liqueur chaude qui vint calmer un peu sa douleur.

L’œuvre de possession entreprise depuis si longtemps et si longtemps attendue était enfin consommée.

Et Claude, maintenant, lui parlait d’amour doucement, la consolait, l’embrassait tendrement, la rassurait en lui expliquant l’acte d’amour et la douleur inévitable, et la remerciait de l’immense bonheur qu’elle venait de lui donner.

Claire, rassurée et confiante, sécha vite ses larmes et tous deux se firent d’enivrantes promesses d’un amour éternel.

Claude se releva et essuya délicatement les gouttelettes de sang qui perlaient autour de la mignonne grotte, maintenant ouverte aux plaisirs de l’amour ; il baisa de nouveau tendrement ces chairs délicates, encore toutes frémissantes et regarda avidement les secrètes beautés de son amie. Claire, gentiment, se laissa faire et, à son tour, voulut connaître son amant ; elle prit en main l’instrument qui venait de la rendre femme et le regarda curieusement, elle caressa les boules rondelettes qu’elle roulait entre ses doigts. Le membre viril surtout l’intéressa. Elle admira la finesse des petites veines qui le sillonnaient, la souplesse de la peau qu’elle fit glisser, découvrant le gland et la fente qui le termine. Sous ces attouchements, l’instrument d’amour s’était bientôt raidi à nouveau et dressait fièrement sa tête rubiconde prête à l’amoureux combat. Ravie et excitée, la jeune fille voulut, à nouveau, se sentir pénétrer par ce joli bijou, et malgré la cuisson légère qu’elle ressentait encore, elle attira Claude dans ses bras, lui disant :

— Oh ! recommençons, veux-tu ?

Pour toute réponse, Claude la serra sur son cœur et la baisa éperdument sur la bouche, puis, changeant de position, il attira Claire sur lui après lui avoir enlevé robe et jupon qui le gênaient.

En docile élève, Claire se prêta à sa fantaisie. Sur ses indications, elle se mit à cheval au-dessus de lui, les jambes repliées de chaque côté ; doucement, Claude introduisit son membre en l’étroite ouverture encore tout endolorie et, attirant la jeune fille, il la pencha sur lui, les lèvres sur les siennes, tandis que sa main, glissée entre eux, allait caresser le clitoris durci. Claire, dominée par le plaisir et oubliant la douleur précédente, s’agitait sur lui, faisant ainsi involontairement remuer le trait qui la pénétrait ; bientôt, elle se sentit défaillir de plaisir au moment où son vagin était inondé par une éjaculation copieuse et chaude.

Pour la première fois, les deux amoureux éprouvèrent, dans les bras l’un de l’autre, les plus ineffables jouissances, ressentant simultanément, en un spasme final, les délicieuses sensations de l’amour.

La prudence pourtant exigeait que ces enivrants ébats eussent une fin ; aussi, revenus un peu à eux-mêmes, ils se rhabillèrent, et Claude, qui comprenait le danger pouvant résulter, pour son amie, de l’acte d’amour dont une grossesse malheureuse pouvait être le résultat, lui expliqua les précautions qu’elle avait à prendre.

Radieux d’amour et de bonheur, tels Daphnis et Chloé après l’initiation, les deux enfants s’embrassèrent longuement, se promettant tous deux une éternelle félicité, et reprirent lentement le chemin du château.