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du fer dans son état de métal, car elle est attirable à l’aimant et se dissout comme le fer dans tous les acides : ainsi, ni l’eau, ni l’air seuls n’ôtent au fer sa qualité magnétique, il faut le concours de ces deux éléments, ou plutôt l’action de l’acide pour le réduire en rouille, qui n’est plus attirable à l’aimant.

L’acide nitreux dévore le fer autant qu’il le dissout : il le saisit d’abord avec la plus grande violence ; et, lors même que cet acide en est pleinement saturé, son activité ne se ralentit pas, il dissout le nouveau fer qu’on lui présente en laissant précipiter le premier.

L’acide vitriolique, même affaibli, dissout aussi le fer avec effervescence et chaleur, et les vapeurs qui s’élèvent de cette dissolution sont très inflammables. En la faisant évaporer et la laissant refroidir, on obtient des cristaux vitrioliques verts, qui sont connus sous le nom de couperose[1].

L’acide marin dissout très bien le fer, et l’eau régale encore mieux : ces acides nitreux et marins, soit séparément, soit conjointement, forment avec le fer des sels qui, quoique métalliques, sont déliquescents ; mais, dans quelque acide que le fer soit dissous, on peut toujours l’en séparer par le moyen des alcalis ou des terres calcaires ; on peut aussi le précipiter par le zinc, etc.

Le soufre qui fait fondre le fer rouge en un instant est plutôt le destructeur que le dissolvant de ce métal, il en change la nature et le réduit en pyrite : la force d’affinité entre le soufre et le fer est si grande qu’ils agissent violemment l’un sur l’autre, même sans le secours du feu, car dans cet état de pyrite ils produisent eux-mêmes de la chaleur et du feu, à l’aide seulement d’un peu d’humidité.

De quelque manière que le fer soit dissous ou décomposé, il paraît que ses précipités et ses chaux en safran, en ocre, en rouille, etc., sont tous colorés de jaune, de rougeâtre ou de brun ; aussi emploie-t-on ces chaux de fer pour la peinture à l’huile et pour les émaux.

Enfin le fer peut s’allier avec tous les autres métaux, à l’exception du plomb et du mercure ; suivant M. Geller, les affinités du fer sont dans l’ordre suivant : l’or, l’argent, le cuivre ; et, suivant M. Geoffroy : le régule d’antimoine, l’argent, le cuivre et le plomb ; mais ce dernier chimiste devait exclure le plomb et ne pas oublier l’or, avec lequel le fer a plus d’affinité qu’avec aucun autre métal. Nous verrons même que ces deux métaux, le fer et l’or, se trouvent quelquefois si intimement unis par des accidents de nature, que notre art ne peut les séparer l’un de l’autre[2].


  1. Voyez ci-devant l’article du Vitriol.
  2. Voyez l’article de la Platine, dans le IIe volume.